Un défi étymologique des langues anciennes : Pourquoi ? Pour quoi ?

Comme vous l’avez appris par les messages adressés d’une part aux établissements par l’intermédiaire du PIAL, d’autre part par la liste de diffusion des professeurs de lettres classiques, j’ai décidé de proposer, cette année, aux établissements et professeurs volontaires, un « Défi étymologique des langues anciennes ».
Pour présenter ce projet, interrogeons donc les mots.

L’étymologie est l’étude de l’origine et de la filiation des mots : le latin et le grec tiennent dans l’histoire et l’évolution de notre langue une place essentielle pour l’un (80% des mots français sont d’origine latine), très importante pour le second. L’étude et la mémorisation du vocabulaire en langues anciennes ont donc un rôle à jouer dans l’acquisition de la compétence 1 du socle commun. « En étudiant une langue ancienne l’élève comprend et apprend sa propre langue mais aussi la plupart des langues européennes » (Programme du collège Préambule). Il nous faut mettre le projecteur sur cet apport irremplaçable, lorsque l’enseignement du vocabulaire, en latin ou en grec, est bien conduit.
Un défi est à la fois une « compétition », une « déclaration provocatrice par laquelle on signifie à quelqu’un qu’on le tient pour incapable de faire quelque chose », et un « refus de s’incliner ». Le défi, compétition, s’appuie sur l’émulation entre les élèves, dont nous savons qu’elle est, si l’on en use sagement, un puissant levier pour les apprentissages. Il n’est que de considérer les « Olympiades » de tant d’autres disciplines scolaires. Une déclaration provocatrice pour se mesurer : osons nous poser la question et la poser à nos élèves ! Quelle compétence particulière l’étude du latin, du grec, leur a-t-elle permis de développer dans la connaissance de notre langue ?

Le lancement de ce « Défi étymologique » est aussi l’occasion pour nous, ensemble des professeurs de lettres classiques et corps d’inspection, d’engager une réflexion sur notre identité professionnelle et nos objets d’enseignement. Nos langues sont des langues de culture, et ne peuvent donc exactement être enseignées comme des langues de communication. L’étude des civilisations grecque et latine, l’histoire des idées peuvent aussi, et fort bien, être enseignées par des professeurs d’histoire, de philosophie, de lettres modernes… Quelle est donc la caractéristique particulière d’un professeur de lettres classiques ? Il est un professeur de langues anciennes, il enseigne des langues !

A nous de prouver, rendre visible, l’apport irremplaçable de l’étude des langues anciennes dans la maîtrise de notre langue ! A nous de relever le défi !

Dominique Pierrel IPR de Lettres
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