LES ASPECTS ÉCOLOGIQUES ET HISTORIQUES DE L'EXISTENCE ET DE L'EXPLOITATION DU SEL GEMME DANS LA HAUTE VALLÉE DE LA SEILLE.
La haute vallée de la Seille est un site remarquable en Lorraine pour l'étude :
- d'une flore halophile localisée autour de mares salées à plusieurs centaines de kilomètres des rivages marins les plus proches;
- de l'Histoire de l'exploitation du sel gemme dans cette région depuis l'Antiquité.
C'est l'existence de sources salées qui est à l'origine de cet environnement caractéristique.
A- Les mécanismes géologiques à l'origine des sources salées.
La salinité anormalement élevée des eaux de certaines rivières comme la Seille et le Sânon est connue depuis fort longtemps. C'est la dissolution par les eaux de surface du faisceau formant le toit du gisement, puis leur percolation qui explique la salinité des eaux courantes et de certaines sources.
Les explications concernant les mécanismes à l'origine des résurgences sont encore l'objet de discussions. Le "phénomène de siphon" proposé par Maubeuge (1982), fondé sur une circulation d'eaux salées dans l'encaissant argileux imperméable, tend à être remplacé par une explication plus synthétique et prenant en compte l'ensemble des facteurs texturaux et structuraux du gisement.
Dans ce cas, il y aurait circulation latérale d'eaux salées à partir d'un front de dissolution généralement compris entre 50 et 100m de profondeur.
B- Les marques d'une exploitation protohistorique du sel : le briquetage.
Si des localités comme Rosières aux Salines et Château-Salins évoquent par leur qualificatif les activités extractrices du sel depuis les périodes médiévales, d'autres noms ont une éthymologie encore plus directement liée à l'existence du sel gemme dans leur sol: Seille, Marsal, Salival, Salonnes.
Des vestiges d'une exploitation protohistorique ont été reconnus dans la région de Marsal : ce sont des îlots de forme circulaire, formés d'un amoncellement de débris d'argile cuite, d'un volume de plusieurs dizaine de milliers de m3 appelés briquetages. Des fragments charbonneux et des couches de cendres accompagnant ces débris témoignent de la méthode employée pour extraire le sel dans une région dont le climat ne favorise pas l'extraction du sel d'une saumure par évaporation naturelle.
La saumure recueillie dans les sources salées était versée dans des godets en terre ou moules à sel; puis ceux-ci étaient placés sur un foyer pour procéder à l'extraction du sel sous la forme d'un "pain de sel" après bris du moule. Les débris des moules étaient donc rejetés en un vaste dépotoir constituant ainsi le témoin d'un ancien atelier d'exploitation à proximité des sources salées.
Ces dépôts, véritables îlots au milieu de la plaine marécageuse (telle l'île de Marsal de près de 2 millions de m3), constituent vraissemblablement le berceau de l'industrie du sel en Lorraine.
C-La flore et la protection des marais et prés salés.
Les marais et prés salés de la vallée de la Seille constituent des écosystèmes exceptionnels en région continentale, considérés dans la "Directive Habitat" (n°92/94) de la CEE comme des habitats prioritaires à préserver.
Ces milieux salés, hébergent une flore halophile typique, quoique appauvrie par rapport aux marais littoraux, comprenant :
- des espèces halophiles strictes : Salicornia ramosissima, Triglochin maritimum, Juncus gerardii, Aster maritimum, Alopecurus bulbosus, etc..
- des espèces halophiles dites préférantes qui semblent trouver des conditions favorables à leur développement dans les zones salées : Althea officinalis, Scirpus maritimus, etc..
- ces espèces halophiles sont associées à des espèces qui s'accommodent de la présence du sel : Phragmites communis, etc..
Ces milieux ont fait l'objet d'études phytosociologiques et écologiques détaillées il y a 25 ans (mémoire de J. DUVIGNEAUD en 1967, thèse de J.C HAYON en 1968), qui ont mis en évidence la structuration des groupements végétaux de ces milieux en fonction de gradients de salinité, de niveau hydrique et de niveau trophique. Ceux-ci résultent de la géomorphologie et de la lithologie locales, ainsi que des pratiques agricoles dans ce secteur.
Afin d'assurer la préservation de ces écosystèmes, différentes actions ont été engagées récemment par le Conservatoire des Sites Lorrains et le Parc Naturel Régional de la Lorraine, en collaboration avec la Chambre d'Agriculture de la Moselle. UNE "ACNAT" (Action communautaire pour la Nature) de la CEE permettra l'acquisition des zones de sources et de marais salés les plus remarquables, pour une superficie d'environ 230ha. En complément, un programme "article 19" (mesure agro-environnementale d'accompagnement de la P.A.C.) va démarrer en 1994 sur les prairies halophiles et proposera, sur une superficie éligible d'environ 2500ha, des contrats aux agriculteurs, leur assurant une indemnisation financière en échange de l'engagement à respecter un cahier des charges environnemental (maintien en prairie, fauche tardive, pâturage extensif, limitation ou absence de fertilisation).
Ces mesures doivent permettre d'assurer la conservation de ce patrimoine naturel exceptionnel en Lorraine.
La haute vallée de la Seille est un site remarquable en Lorraine pour l'étude :
- d'une flore halophile localisée autour de mares salées à plusieurs centaines de kilomètres des rivages marins les plus proches;
- de l'Histoire de l'exploitation du sel gemme dans cette région depuis l'Antiquité.
C'est l'existence de sources salées qui est à l'origine de cet environnement caractéristique.
A- Les mécanismes géologiques à l'origine des sources salées.
La salinité anormalement élevée des eaux de certaines rivières comme la Seille et le Sânon est connue depuis fort longtemps. C'est la dissolution par les eaux de surface du faisceau formant le toit du gisement, puis leur percolation qui explique la salinité des eaux courantes et de certaines sources.
Les explications concernant les mécanismes à l'origine des résurgences sont encore l'objet de discussions. Le "phénomène de siphon" proposé par Maubeuge (1982), fondé sur une circulation d'eaux salées dans l'encaissant argileux imperméable, tend à être remplacé par une explication plus synthétique et prenant en compte l'ensemble des facteurs texturaux et structuraux du gisement.
Dans ce cas, il y aurait circulation latérale d'eaux salées à partir d'un front de dissolution généralement compris entre 50 et 100m de profondeur.
B- Les marques d'une exploitation protohistorique du sel : le briquetage.
Si des localités comme Rosières aux Salines et Château-Salins évoquent par leur qualificatif les activités extractrices du sel depuis les périodes médiévales, d'autres noms ont une éthymologie encore plus directement liée à l'existence du sel gemme dans leur sol: Seille, Marsal, Salival, Salonnes.
Des vestiges d'une exploitation protohistorique ont été reconnus dans la région de Marsal : ce sont des îlots de forme circulaire, formés d'un amoncellement de débris d'argile cuite, d'un volume de plusieurs dizaine de milliers de m3 appelés briquetages. Des fragments charbonneux et des couches de cendres accompagnant ces débris témoignent de la méthode employée pour extraire le sel dans une région dont le climat ne favorise pas l'extraction du sel d'une saumure par évaporation naturelle.
La saumure recueillie dans les sources salées était versée dans des godets en terre ou moules à sel; puis ceux-ci étaient placés sur un foyer pour procéder à l'extraction du sel sous la forme d'un "pain de sel" après bris du moule. Les débris des moules étaient donc rejetés en un vaste dépotoir constituant ainsi le témoin d'un ancien atelier d'exploitation à proximité des sources salées.
Ces dépôts, véritables îlots au milieu de la plaine marécageuse (telle l'île de Marsal de près de 2 millions de m3), constituent vraissemblablement le berceau de l'industrie du sel en Lorraine.
C-La flore et la protection des marais et prés salés.
Les marais et prés salés de la vallée de la Seille constituent des écosystèmes exceptionnels en région continentale, considérés dans la "Directive Habitat" (n°92/94) de la CEE comme des habitats prioritaires à préserver.
- des espèces halophiles strictes : Salicornia ramosissima, Triglochin maritimum, Juncus gerardii, Aster maritimum, Alopecurus bulbosus, etc..
- des espèces halophiles dites préférantes qui semblent trouver des conditions favorables à leur développement dans les zones salées : Althea officinalis, Scirpus maritimus, etc..
- ces espèces halophiles sont associées à des espèces qui s'accommodent de la présence du sel : Phragmites communis, etc..
Ces milieux ont fait l'objet d'études phytosociologiques et écologiques détaillées il y a 25 ans (mémoire de J. DUVIGNEAUD en 1967, thèse de J.C HAYON en 1968), qui ont mis en évidence la structuration des groupements végétaux de ces milieux en fonction de gradients de salinité, de niveau hydrique et de niveau trophique. Ceux-ci résultent de la géomorphologie et de la lithologie locales, ainsi que des pratiques agricoles dans ce secteur.
Afin d'assurer la préservation de ces écosystèmes, différentes actions ont été engagées récemment par le Conservatoire des Sites Lorrains et le Parc Naturel Régional de la Lorraine, en collaboration avec la Chambre d'Agriculture de la Moselle. UNE "ACNAT" (Action communautaire pour la Nature) de la CEE permettra l'acquisition des zones de sources et de marais salés les plus remarquables, pour une superficie d'environ 230ha. En complément, un programme "article 19" (mesure agro-environnementale d'accompagnement de la P.A.C.) va démarrer en 1994 sur les prairies halophiles et proposera, sur une superficie éligible d'environ 2500ha, des contrats aux agriculteurs, leur assurant une indemnisation financière en échange de l'engagement à respecter un cahier des charges environnemental (maintien en prairie, fauche tardive, pâturage extensif, limitation ou absence de fertilisation).
Ces mesures doivent permettre d'assurer la conservation de ce patrimoine naturel exceptionnel en Lorraine.