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Glissement They-sous-Vaudémont : 3. Description

La commune de They-sous-Vaudémont est localisée sur le flanc d’une butte témoin (colline de Sion, 3 km de long sur 1,8 km de large - voir la fiche de Saxon-Sion) de la côte de Moselle (Jurassique moyen). Les calcaires bajociens sont responsables du ressaut topographique de cette cuesta. Sous les calcaires bajociens se trouvent les calcaires aaléniens qui ont été exploités pour le fer contenu dans la minette. En dessous, affleurent les marnes toarciennes (composées de la base au sommet par les Schistes cartons, les Marnes micacées à nodules calcaires et le Grés supraliasique), puis les calcaires gréseux du Domérien supérieur qui reposent eux-mêmes sur les argiles et marnes à Amalthées du Domérien inférieur.

La visite de terrain permettra de mettre en évidence la présence de formations éboulées qui recouvrent l’ensemble du substratum. Ces éboulis n’ont pas été cartographiés sur la carte géologique de Châtenois n°303 (figure 1). Enfin, un paquet calcaire glissé (Aalénien et/ou Bajocien) repose en discordance sur les éboulis (figure 2) ou les marnes toarciennes (non cartographié sur la carte géologique). Ce paléo-glissement, considéré comme stable, est indépendant du mouvement de terrain.

 

 

Figure 1 : Carte géologique, le rond rouge marque l'emplacement du glissement.

 

Figure 2 : Coupe géologique du glissement de terrain (vert foncé).

 

Sur le terrain il est possible d’observer toutes les différentes parties du mouvement de terrain depuis la base jusqu’au sommet :

Le pied (photographie 1) est formé par un bourrelet frontal qui forme un bombement dans le paysage. Sa hauteur est de plus de 3 mètres et le front a une pente de 20° soit 37%. Des surfaces de suintements d’eau apparaissent au droit du pied. Le matériel qui constitue le bourrelet est composé par des blocs calcaires de toutes tailles (1 cm à 50 cm environ) emballés dans une matrice argileuse le plus souvent humide. Ce matériel est rattaché à des colluvions (éboulis de bas de pente).

 

Photographie 1 : Pied du glissement où l'on peut voir le bourrelet formé dans le pré.

 

Le corps du mouvement de terrain (photographie 2) montre un relief chaotique avec du pied à la tête une pente globale de 10° soit 18%. Le matériel qui compose ce corps est du même type que celui du pied, c’est-à-dire des éboulis non consolidés et humides, à matrice argileuse. Des surfaces de suintement (d’eau) sont présentes du fait de la contre-pente due au relief chaotique. Des niches d’arrachements secondaires, dues à l’affaissement des différents compartiments avec parfois rotation de l’ancienne surface vers l’amont (contre-pente), provoquent également la stagnation de l’eau. Des ravines, généralement sèches et qui affectent l’ensemble du corps du mouvement de terrain, ont certainement été créées lors d’intempéries pluvieuses.

Photographie 2 : Corps du mouvement de terrain avec zone humide.

 

La tête du mouvement de terrain (photographie 3) montre un relief accidenté avec des niches d’arrachement principales et secondaires. Ces niches d’arrachement révélées par des petits cirques circulaires dans la topographie ne présentent pas de cicatrices mises à nue par un mouvement récent et l’herbe recouvre entièrement les anciennes cicatrices. Ainsi, aucune strie ne peut être mesurée. Des surfaces de suintements sont également présentes. Les arbres semblent peu affectés par le mouvement de terrain ; seul un arbre paraît avoir un pied en tête de pipe, ce qui confirmerait le fait que le mouvement de terrain ne soit pas stabilisé.

 

Photographie 3 : Tête du mouvement de terrain avec niches d'arrachement

 

D’après ces observations, il est possible d’argumenter la présence d’un glissement de terrain (figure 2) dont la longueur serait de 300 m avec une largeur de 200 m en tête et de 50 m en pied. Ce qui confère une emprise géographique en forme d’éventail. Ce glissement de terrain est probablement formé par plusieurs glissements rotationnels (plusieurs niches d’arrachements sont visibles) qui constituent à plus grande échelle un glissement plan (figure 2). La profondeur de la surface de cisaillement est inconnue. Il est probable que cette surface de cisaillement se situe à l’interface des colluvions (éboulis) et du substratum sous-jacent principalement formé par les marnes toarciennes (cf. coupe).


Auteurs : Charles CARTANNAZ (BRGM) - Priscilla GUY (BRGM) - Date de création : 17/04/2009 - Dernière modification : 06/08/2023

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Contact : Roger CHALOT (Géologie) - Christophe MARCINIAK (Réalisation)