Calcaires du Barrois : 3. Description
L'affleurement présente un front de taille d'une dizaine de mètres de longueur sur une hauteur de 5 à 6 mètres environ (fig.2). Il s'agit de l'unique vestige d'une ancienne carrière qui s'étalait autrefois sur une distance de plus de 300 mètres, mais aujourd'hui enfouie sous la végétation forestière.
Fig.2 : Ancien front de taille de la carrière de Montblainville
Les roches consistent en une série homogène caractérisée par une alternance de bancs calcaires et marneux, sous forme de strates horizontales, de 20 à 30 cm d'épaisseur chacune (fig.3).
Fig.3 : Alternances marno-calcaires (épaisseur des bancs calcaires 15 à 20 cm)
Les niveaux calcaires sont constitués de calcaire beige, fin, micritique (= lithographique) à patine noire et à cassure conchoïdale (fig.4). Les fossiles sont absents ou très rares.
Fig.4 : Echantillon de calcaire lithographique
Les interlits marneux contiennent par contre de nombreuses coquilles d'huîtres de petite taille (1-2 cm) appartenant au genre Nanogyra (= Exogyra) (fig.5).
Fig.5 : Nanogyra sp.
Ces roches font partie de la formation des Calcaires lithographiques du Barrois, longtemps considérés âgés de la base du Portlandien (= Tithonien) inférieur, localement désignée sous le nom de Bononien inférieur (Leroux 1978, Hilly et Haguenauer 1979). Aujourd'hui, cette formation est rattachée au Kimméridgien terminal (fig.6 ; Lathuilière in McCann 2008).
Fig.6 : Position stratigraphique des terrains affleurant à Montblainville
(échelle: 1,7 cm = 100 m; colonne lithostratigraphique d'après Lathuilière in McCann 2008)
Les Calcaires du Barrois se sont déposés sur le fond d'une mer épicontinentale qui, à l'époque, recouvrait l'ensemble du Bassin Parisien. Ils caractérisent également un milieu de sédimentation calme et peu profond.
Cette sédimentation succède à l'intense production carbonatée de la plate-forme récifale de l'Oxfordien. Au Kimméridgien, le milieu marin devient plus ouvert (Marnes à ammonites et exogyres du Kimméridgien inférieur) mais la subsidence s'estompe. Progressivement au cours du temps (fin du Kimméridgien et Tithonien), la profondeur du milieu décroît et son confinement s'accentue, annonçant ainsi la régression marine qui marquera la fin du Jurassique dans le Bassin Parisien. En effet, la limite Jurassique-Crétacé correspond à une période d'émersion de la région, au cours de laquelle se mettent en place les dépôts côtiers ou continentaux qui définissent respectivement les faciès du Purbeckien et du Wealdien.
L'alternance marnes - calcaires des Calcaires du Barrois observée à Montblainville traduit vraisemblablement des oscillations entre un milieu plus profond et plus ouvert lors du dépôt des marnes à exogyres et un milieu plus confiné moins profond, lors de la sédimentation des calcaires. La conjonction de plusieurs phénomènes peut expliquer de telles alternances (Dupraz 1999, Hanzo et al. 2000) : des changements climatiques influant sur les apports en éléments terrigènes, des variations eustatiques ou des événements d'origine tectonique (subsidence) influant sur la bathymétrie.
La formation des Calcaires lithographiques, épaisse d'une cinquantaine de mètres au total, a été ou continue d'être exploitée sur différents sites en Argonne (cf. carrière d'Aubréville), mais aussi plus au sud dans la région de Bar-le-Duc ou de Ligny-en-Barrois (ex.: carrières de Tannois et de Givrauval).
Les calcaires lithographiques, suffisamment durs, ont servi à la construction de maisons par le passé. En raison de la finesse de leur grain, les calcaires lithographiques doivent leur nom à leur utilisation pour la gravure. Vers 1630, le graveur Jacques Callot, a d'ailleurs choisi les Calcaires du Barrois pour réaliser certaines de ses oeuvres.
Actuellement, en raison de la diminution de la ressource alluvionnaire, leur exploitation est motivée par la production de granulats calcaires de substitution, utilisés dans le domaine des travaux publics.
Bibliographie
Fig.2 : Ancien front de taille de la carrière de Montblainville
Les roches consistent en une série homogène caractérisée par une alternance de bancs calcaires et marneux, sous forme de strates horizontales, de 20 à 30 cm d'épaisseur chacune (fig.3).
Fig.3 : Alternances marno-calcaires (épaisseur des bancs calcaires 15 à 20 cm)
Les niveaux calcaires sont constitués de calcaire beige, fin, micritique (= lithographique) à patine noire et à cassure conchoïdale (fig.4). Les fossiles sont absents ou très rares.
Fig.4 : Echantillon de calcaire lithographique
Les interlits marneux contiennent par contre de nombreuses coquilles d'huîtres de petite taille (1-2 cm) appartenant au genre Nanogyra (= Exogyra) (fig.5).
Fig.5 : Nanogyra sp.
Ces roches font partie de la formation des Calcaires lithographiques du Barrois, longtemps considérés âgés de la base du Portlandien (= Tithonien) inférieur, localement désignée sous le nom de Bononien inférieur (Leroux 1978, Hilly et Haguenauer 1979). Aujourd'hui, cette formation est rattachée au Kimméridgien terminal (fig.6 ; Lathuilière in McCann 2008).
Fig.6 : Position stratigraphique des terrains affleurant à Montblainville
(échelle: 1,7 cm = 100 m; colonne lithostratigraphique d'après Lathuilière in McCann 2008)
Les Calcaires du Barrois se sont déposés sur le fond d'une mer épicontinentale qui, à l'époque, recouvrait l'ensemble du Bassin Parisien. Ils caractérisent également un milieu de sédimentation calme et peu profond.
Cette sédimentation succède à l'intense production carbonatée de la plate-forme récifale de l'Oxfordien. Au Kimméridgien, le milieu marin devient plus ouvert (Marnes à ammonites et exogyres du Kimméridgien inférieur) mais la subsidence s'estompe. Progressivement au cours du temps (fin du Kimméridgien et Tithonien), la profondeur du milieu décroît et son confinement s'accentue, annonçant ainsi la régression marine qui marquera la fin du Jurassique dans le Bassin Parisien. En effet, la limite Jurassique-Crétacé correspond à une période d'émersion de la région, au cours de laquelle se mettent en place les dépôts côtiers ou continentaux qui définissent respectivement les faciès du Purbeckien et du Wealdien.
L'alternance marnes - calcaires des Calcaires du Barrois observée à Montblainville traduit vraisemblablement des oscillations entre un milieu plus profond et plus ouvert lors du dépôt des marnes à exogyres et un milieu plus confiné moins profond, lors de la sédimentation des calcaires. La conjonction de plusieurs phénomènes peut expliquer de telles alternances (Dupraz 1999, Hanzo et al. 2000) : des changements climatiques influant sur les apports en éléments terrigènes, des variations eustatiques ou des événements d'origine tectonique (subsidence) influant sur la bathymétrie.
La formation des Calcaires lithographiques, épaisse d'une cinquantaine de mètres au total, a été ou continue d'être exploitée sur différents sites en Argonne (cf. carrière d'Aubréville), mais aussi plus au sud dans la région de Bar-le-Duc ou de Ligny-en-Barrois (ex.: carrières de Tannois et de Givrauval).
Les calcaires lithographiques, suffisamment durs, ont servi à la construction de maisons par le passé. En raison de la finesse de leur grain, les calcaires lithographiques doivent leur nom à leur utilisation pour la gravure. Vers 1630, le graveur Jacques Callot, a d'ailleurs choisi les Calcaires du Barrois pour réaliser certaines de ses oeuvres.
Actuellement, en raison de la diminution de la ressource alluvionnaire, leur exploitation est motivée par la production de granulats calcaires de substitution, utilisés dans le domaine des travaux publics.
Bibliographie
Dupraz C. (1999) - Paléontologie, paléoécologie et évolution des faciès récifaux de l'Oxfordien moyen-supérieur (Jura suisse et français). Thèse n°1257, Fac. Sci. Univ. Fribourg.
Hanzo M., Lathuilière B., Alméras Y., Dagallier G., Guérin-Franiatte S., Guillocheau F., Huaut V., Nori L. et Rauscher R. (2000) - Paléoenvironnements dans le Calcaire à gryphées du Lias de Lorraine, de la carrière de Xeuilley au Bassin Parisien. Eclogae géol. Helv., 93, p.183-206.
Hilly J. et Haguenauer B. (1979) - Guides Géologiques Régionaux - Lorraine Champagne - Masson éd.
Lathuilière B. et al. (2003) - Paléoenvironnements du Kimméridgien de Bure - GdR FORPRO Colloque 2003 "Bilan et prospective" La Grande Motte 22-23-24 septembre.
Lathuilière B. (2008) - Jurassic in McCann T. "The Geology of Central Europe - vol.2: Mesozoic and Cenozoic." The Geological Society London.
Leroux J. et Harmand D. (2003) - Origin of the hydrographic network in the Eastern Paris Basin and its border massifs. Hypothesis of morphologic and structural consequences. Géologie de la France, vol.1, p.105-110.
Leroux O. (1978) - Dossiers Documentaires Meusiens - n°11 Géologie - OCCE Bar-le-Duc éd.
Lexa-Chomard A. et Pautrot C. (2006) - Géologie et géographie de la Lorraine ; Serpenoise éd.
Hanzo M., Lathuilière B., Alméras Y., Dagallier G., Guérin-Franiatte S., Guillocheau F., Huaut V., Nori L. et Rauscher R. (2000) - Paléoenvironnements dans le Calcaire à gryphées du Lias de Lorraine, de la carrière de Xeuilley au Bassin Parisien. Eclogae géol. Helv., 93, p.183-206.
Hilly J. et Haguenauer B. (1979) - Guides Géologiques Régionaux - Lorraine Champagne - Masson éd.
Lathuilière B. et al. (2003) - Paléoenvironnements du Kimméridgien de Bure - GdR FORPRO Colloque 2003 "Bilan et prospective" La Grande Motte 22-23-24 septembre.
Lathuilière B. (2008) - Jurassic in McCann T. "The Geology of Central Europe - vol.2: Mesozoic and Cenozoic." The Geological Society London.
Leroux J. et Harmand D. (2003) - Origin of the hydrographic network in the Eastern Paris Basin and its border massifs. Hypothesis of morphologic and structural consequences. Géologie de la France, vol.1, p.105-110.
Leroux O. (1978) - Dossiers Documentaires Meusiens - n°11 Géologie - OCCE Bar-le-Duc éd.
Lexa-Chomard A. et Pautrot C. (2006) - Géologie et géographie de la Lorraine ; Serpenoise éd.