Dolomie de Mandray : 3. Description
La dolomie de Mandray (C sur l'extrait de carte ci-dessous) se situe dans un contexte métamorphique semblable à celui du cipolin du Chipal : nous sommes dans les gneiss à lithologie variée du groupe des gneiss de La-Croix-aux-Mines.
Deux carrières sont à observer.
La première, la plus à l'est, permet de découvrir un réseau karstique, unique dans le domaine des Vosges moyennes, mais qu'il est fortement déconseillé d'explorer du fait de l'exiguïté des passages et de l'instabilité des roches constitutives.
La seconde carrière, plus à l'ouest (on y accède en passant par un petit bois, ou hagis), permet d'observer la dolomie.
Il s'agit d'une lentille puissante, perpendiculaire à la vallée, qui a été largement exploitée. Divisé en assises régulières peu puissantes qui plongent vers le sud-ouest, dont les strates viennent affleurer sur la pointe extrême de la crête, et le long de la pente qui descend au ruisseau. Les surfaces sont souvent recouvertes d'oxydes métalliques (limonites, oxydes de fer, voire dendrites de pyrolusite MnO). De nombreuses fissures sont apparentes. La couleur de la roche est gris-jaunâtre, plus claire où elle est bien cristallisée, parfois blanc-rosé. Dans le faciès banal, les grains de dolomite (composition chimique (Ca,Mg)(CO3)2), de taille variable, sont cimentés par un peu de calcite, parfois secondairement dissoute. Des filonnets de quartz sont visibles au microscope. La roche ne montre guère de stratification et il n'apparait pas de minéraux de métamorphisme. Cependant, certains échantillons montrent des traces de silicates qui, par leur forme et leur répartition, rappellent le diopside et le phlogopite de la carrière Saint-Philippe de Sainte-Marie-aux-Mines.
Les anciennes analyses font apparaître : "acide carbonique 45,60%, chaux 30,15%, magnésie 19,75%, silice 4,60%, oxydes de fer 0,40%". Et dans la variété gris-rougeâtre : "acide carbonique 39,00%, chaux 19,50%, magnésie 16%, argiles, silice et oxydes de fer 25,50%".
Au centre de la carrière, une protubérance d'une roche tenant de la pegmatite et de la granulite rappelle la roche granitoïde qui traverse le cipolin du Chipal. Il s'agit d'un filon de microgranite altéré par séricitisation. Là où la dolomie est brisée et recimentée par du quartz, il y a eu rubéfaction intense. Le pigment de fer rouge s'est introduit partout, on trouve alors de la goethite manganifère.
Bien que la dolomie soit une roche massive d'un bout à l'autre de la masse lenticulaire et qu'elle ne montre pas une alternance de strates plus ou moins magnésiennes aussi nettes que les calcaires de Saint-Philippe ou du Chipal, les traces de minéraux (quartz, diopside, phlogopite) ne sont pas également réparties. Elles se trouvent groupées dans certaines zones de la dolomie, tandis que d'autres en sont dépourvues. J. Jung conclut que la dolomie de Mandray aurait une origine identique au cipolin en strates du Chipal, dédolomitisé par métamorphisme et redolomitisé ensuite par voie hydrothermale.
Photographie en microscopie photonique polarisante (LPA)
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Sources :
Carte géologique au 1/50 000 n° 341 GERARDMER (BRGM)
Carte topographique au 1/25 000 numérisée "Vosges Ouest" (IGN) ou Carte topographique au 1/25 000 "3617ET, Top25" (IGN)
Ouvrages, publications et notes de : J.-P. von ELLER, J. JUNG, P. CARRIERE, P. FLUCK, J. HAMEURT, F. MENILLET, C. DELANGLE, C. GAGNY, A. DELESSE, E. de BEAUMONT.