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Paléo-Sarre et paléo-Blies : 3. Description

A) Le pépin de méandre ou Umlaufberg de Blies-Ebersing

 

 

A proximité de l'ancienne gare de Blies-Ebersing (ronds rouges), le remblai de la ligne de chemin de fer "Blies-Glan", convertie en piste cyclable, barre une large vallée et domine le village, côté aval, de près de 30 mètres. Côté amont, coule un modeste ruisseau : le Cobach. Se pose alors la question de savoir comment le Cobach a pu façonner cette vallée quasi surdimensionnée.

Une observation analogue peut être faite au début de la piste cyclable, à la sortie sud de Folpersviller (point rouge). A cet endroit, le franchissement du vallon du Waldbach aura de la même manière nécessité l'édification d'une digue. Toutefois, ce secteur se situe sous couvert forestier, ce qui limite les possibilités d'analyse du paysage.

L'observation d'une carte topographique du même secteur révèle l'existence au sud de Blies-Ebersing, d'une colline aux formes presque parfaites, située en bordure du val de Blies actuel. Les courbes de niveau s'ordonnent régulièrement comme à l'intérieur d'une cible et isolent une île au milieu des terres.

Des arguments d'ordre topographique et géologique permettent de reconstituer l'origine de cette géomorphologie singulière.

 

 

 

 

 

Cliché A1. Au-dessus de l'ancienne gare de Blies Ebersing, un replat (premier plan) permet d'observer le vallon du Cobach, dont le tracé est souligné par une rangée d'arbres. Ce dernier s'écoule ici vers la droite en direction du remblai de chemin de fer et de la Blies proche. A droite, au niveau du Cobachwald, le profil accuse une pente à peine décelable qui aboutit à un V évasé au centre du document. Le fond de cette vallée haute se raccorde au replat du premier plan. Le sol de ce dernier est sableux par endroits. Le haut du Cobachwald comporte des sols limoneux roux. Dans le ruisseau, on peut trouver des galets blancs typiques des formations gréseuses du Buntsandstein, dont les premiers affleurements significatifs se trouvent à une quinzaine de kilomètres en amont.

 

 

 

Cliché A2. Prise depuis le haut de Habkirchen (rive droite de la Blies), cette image montre la vallée haute très évasée située entre la forêt du Kappellenwald (au-dessus de Blies-Ebersing) et Folpersviller (sur le plateau, à droite). Cette vallée est occupée actuellement par le Waldbach. Elle se situe à 1,5 km en aval de la vallée du Cobach.

 

 

Cliché A3. Le creusement d'une tranchée dans la partie haute de la rue des lilas (Affleurement temporaire au sommet du lotissement / sur le document précédent), révèle une couche de sédiments sableux, épaisse d'une quarantaine de centimètres. Elle repose, par l'intermédiaire d'une base riche en galets, sur les marnes du Muschelkalk (Couches à Cératites) qui forment le soubassement du secteur. Il s'agit là, des restes d'une terrasse alluviale déposée au niveau de la rive convexe d'un méandre.

 

 

En résumé, deux amorces de vallée haute isolant une butte boisée centrale, des terrains sableux "rapportés"en plusieurs sites : ce secteur correspond à une colline au coeur d'un méandre abandonné. Il est désigné également sous le nom de pépin de méandre ou Umlaufberg.

 

 

 

Cliché A4. Le document composé propose une interprétation du paysage actuellement observable depuis la rive opposée. Grand format par clic sur la première photo.

 

 

 

Cliché A5. Paysage hivernal de l'extrémité du lobe de méandre depuis les abords de la RN 62. On repère aisément le bras amont du méandre occupé par le Cobach (tirets rouges) et le bras aval occupé par le Waldbach (tirets jaunes). La ligne de partage des eaux entre les deux ruisseaux correspond à une zone humide et porte le nom de "Thal" : la vallée. Le sommet de l'Umlaufberg est occupé par la forêt (limons argileux). Au fond de la vallée du Cobach, partie droite, on aperçoit la vallée de la Blies actuelle. L'érosion régressive opérée par les deux ruisseaux, en accord avec l'encaissement de la Blies, a conduit à l'incision de la paléovallée et au ravinement d'une partie des alluvions anciennes.

Remarque : un schéma explicatif de l'évolution du méandre est donné en Annexe I.

 

B) Le paléoméandre de Siltzheim.

La route communale entre Wittring et Siltzheim, suit un parcours fait d'une succession de vallons, de croupes et de replats. Le chemin montre de part et d'autre des terrains sablonneux où les pierres calcaires habituelles dans le secteur font défaut. Il suit le bras amont d'un paléoméandre de la Sarre.

Cliché B1 réalisé depuis le chemin communal reliant Siltzheim à Zetting (lisière sud du Zettingerwald). Sur la photo composée, les terrains concernés se situent dans la bande horizontale au centre du document. Le bras amont est souligné par des points mauves, le bras aval par des points jaunes. L'altitude moyenne du paléoméandre se situe autour de 235 mètres, celle de la Sarre actuelle (visible à gauche) est de l'ordre de 200 mètres. La couleur rouge-rose des terres labourées témoigne de la présence de sables en provenance des Vosges. Grand format par clic sur la photo.

Cliché B2. Lorsque les conditions sont favorables, il est possible d'apercevoir se détachant à l'horizon, les silhouettes du Grand Donon et du Petit Donon. Le massif du Donon comporte une couverture gréseuse où le Conglomérat pricipal du Buntsandstein figure en bonne place. C'est dans ce massif éloigné de près de 6O km que la Sarre prend sa source (sources de la Sarre Rouge et de la Sarre Blanche).

 

 

Si la Sarre actuelle coule à un kilomètre et demi du centre de Siltzheim, il n'en a pas toujours été ainsi. L'analyse des terrains proches en fournit des preuves.

 

 

 

Cliché B5. En 1979, les travaux occasionnés par le passage du gazoduc ont mis à jour dans le vallon du Rohrbach (en face de l'actuelle rue du Moulin) d'importants niveaux de sables et de graviers. Ils coiffent les marnes du Muschelkalk. Dans le même secteur, existent des vestiges d'anciennes sablières, rue de Zetting.

Cliché B4. A la hauteur du complexe sportif, le talus bordant un terrain récemment aménagé offre pour quelque temps encore un aperçu sur une ancienne terrasse alluviale fortement altérée (présence de sables argileux et de lits de galets).

 

Cliché B3. La photo est prise à l'est de Siltzheim dans le vallon du Krallbach. Les matériaux rejetés autour des terriers de blaireau sont des sables jaunes et roux provenant du démantèlement du Grès vosgien, comme l'atteste par ailleurs la présence de galets fréquents dans le Conglomérat principal.

 

Une fois encore, on retrouve un ensemble de dépôts de provenance lointaine, situés au sein des terres, le tout dans un environnement paysager de vallée évasée que confirment les altitudes relevées sur les cartes. Il en résulte que la Sarre faisait à une époque reculée un crochet par Siltzheim. Les traces de ce paléoméandre se lisent encore dans le paysage.

 

 

Cliché B6. Vue sur la sortie aval du paléoméandre, depuis le terrain de sport à proximité de Dieding. La paléovallée évasée (en vert) s'inscrit dans un contexte d'encaissement progressif. Sur la droite, elle entaille un tracé de pente plus ancien à partir de l'altitude 250 mètres. Le fond de vallée (en bleu) a été surcreusé par le ruisseau du Rohrbach. On remarquera, dans la partie droite, le versant abrupt et boisé qui correspond au bord externe du méandre récent de la Sarre (voir coupe ci-dessous).

 

 

Le profil illustre deux stades d'encaissement de la vallée de la Sarre. Un premier système sous forme d'un méandre installé à l'altitude 235 mètres a "balayé" le secteur d'est en ouest (flèche marron). Après recoupement de la base du méandre, une autre phase de creusement-alluvionnement a abouti à la formation de la basse vallée actuelle (flèche bleue). La rive concave actuelle présente un abrupt d'une quarantaine de mètres.

 

 

C) Les terrasses alluvionnaires du Zettingerwald.

La forêt de Zetting (Zettingerwald).

Les affleurements de sables et d'alluvions de rivière ont une durée éphémère. La page qui suit en présente quelques-uns, partiellement préservés. Leur observation peut être entreprise à partir d'un petit circuit pédestre circulaire débutant aux abords du cimetière de Zetting. Tout le long du chemin forestier, on pourra relever des indices à la faveur des travaux d'aménagement de la voie.

Cliché C1. Le chemin communal reliant Siltzheim à Zetting présente sur les hauteurs et en lisière du bois une portion de talus où affleurent des sables vosgiens riches en galets. Ils sont accompagnés d'une flore acidiphile typique : Callune, Genêt. L'altitude du lieu (275m) permet d'attribuer ces terrains à une terrasse ancienne de la Sarre.

Le ruisseau du Goldbach.

Drainant la partie centrale de la forêt de Zetting, ce ruisseau recoupe à plusieurs reprises d'anciennes terrasses alluviales de la Sarre.

Cliché C2. Situé sur la branche est du Goldbach supérieur, cet affleurement sous couvert forestier, montre sur un fond jonché de blocs calcaires, un mur de sables roux débutant par un niveau à galets. La hauteur de la formation à cet endroit atteint environ un mètre et demi mais l'érosion superficielle du versant laisse supposer un dépôt bien plus épais à l'origine. La terrasse ainsi conservée se situe à une altitude de 35 mètres au-dessus du lit actuel de la Sarre.

 

 

Cliché C3. Autre phénomène à l'origine d'un affleurement temporaire : la tempête Xynthia dont on voit ici les effets sur la colline 261 en rive gauche du Goldbach. L'observation de plusieurs souches montre par endroits des sables roux à galets et localement des poches de graviers. L'ensemble a subi au fil du temps, une pédogenèse avec évolution vers un sol de type lessivé.

 

 

Cliché C4. Une branche du chemin forestier franchit le ruisseau du Goldbach à un endroit où affleurent les Couches à Cératites. A une trentaine de mètres en aval du pont, elles sont recouvertes de sables argileux beiges contenant des galets et des blocs de calcaire. Malgré la présence d'une terrasse alluviale de la Sarre à cette altitude (225 mètres), ce petit affleurement (photo) sur le tracé en S d'un double méandre du ruisseau incite à la prudence : il s'agit dans ce cas précis, d'alluvions remaniées localement par le Goldbach. Au-dessus du fond qui recoupe les marnes grises, la berge montre plusieurs passées de matériel détritique plus ou moins grossier comprenant des galets de quartz et des cailloux calcaires anguleux ou usés. Les limites de bancs présentent une inclinaison conforme à la pente du ruisseau et les dalles calcaires ont une disposition oblique typique. La présence de galets sur tout le tracé du lit actuel du Goldbach témoigne de l'érosion des terrasses anciennes de la Sarre situées en amont.

 

 

D) Les méandres encaissés de Wittring à Sarreinsming.

A 3 kilomètres en amont de Wittring, la Sarre reçoit la confluence de l'Eichel dont la source se situe dans les Vosges du Nord (autre provenance possible de matériel alluvionnaire issu du grès). Alors qu'elle avait circulé dans les terrains tendres des marnes du Keuper, elle va s'encaisser progressivement dans les marnes et calcaires plus résistants du Muschelkalk supérieur. Le tracé épouse des méandres aux flancs dissymétriques : versant peu pentu sur le lobe convexe avec présence de terrasses, versant plus abrupt sur le bord externe et concave livré à l'érosion. La rivière franchit la barre du Calcaire à Entroques (épaisseur de 6 à 8 mètres), ce qui accentue encore les reliefs et la confine dans un sillon assez étroit.

 

Panorama du méandre encaissé de Wittring depuis la chapelle d'Achen (accès pédestre). Accès à la vue par clic sur l'icône. La voie d'eau visible est le Canal des Houillères de la Sarre qui longe la Sarre située en contrebas. Au premier plan, le versant concave plonge sur une hauteur de 50 mètres environ, phénomène accentué par l'exploitation de carrières de calcaire, au siècle dernier. La partie ancienne du village est installée à l'extrémité du lobe de méandre. L'accès aux quartiers plus récents (arrière-plan) nécessite le franchissement d'un palier (Calcaire à entroques) que longe la ligne de chemin de fer. Ce palier est encore plus marqué dans le village voisin de Zetting à proximité de l'église (site remarquable).

 

Vue de la vallée de la Sarre à l'aval de Wittring. Situation classique, où l'espace restreint oblige une juxtaposition des voies de communication. A l'arrière plan, se devine dans l'axe du canal, le paléoméandre de Siltzheim.

 

 

E) Les méandres de plaine alluviale entre Keskastel et Herbitzheim.

A l'aval de Sarre-Union, la Sarre aborde les terrains marneux et tendres du Keuper. Au cours du temps, le cours général dans ce secteur, a migré d'est en ouest, comme l'attestent les dépôts d'alluvions anciennes visibles à l'est de l'autoroute, dans le Bois de Lorraine. Dans la plaine actuelle, la rivière a adopté un tracé très sinueux où tous les styles de figures liés à ce type de circulation sont représentés : méandres, recoupements, bras-morts. Leur observation sur le terrain n'est cependant pas facile à cause de l'absence de relief. L'image sattellitaire se révèle fort utile dans ce cas.

 

Rive droite de la Sarre en aval de Sarralbe-Saltzbronn, à la hauteur des anciens bassins de décantation des soudières (arrière-plan boisé formant relief) : un méandre en voie de recoupement. La Sarre aborde le méandre par la gauche puis contourne le lobe souligné vers l'arrière par des bouquets d'arbres installés sur les rives. Elle le quitte sur la droite. Le creusement des rives sur le côté externe des courbures amoindrit la largeur du pédoncule et se traduit par l'affaissement de pans entiers de terrains dans la rivière. Lors des crues, les eaux rejoignent la partie aval en ligne droite et entament ainsi par érosion régressive le bord droit du pédoncule. Des pieux plantés pour contenir cette action en témoignent. Un kilomètre plus bas, un tel recoupement s'est réalisé.

 

Remarque : Une page intitulée "terrasse de Harskirchen" aborde le secteur E par le sud, depuis Sarre-Union. Les alluvions des terrasses récentes y sont décrites.

 

 

 


Auteur : Etienne FEUCHTER - Date de création : 03/11/2009

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Contact : Roger CHALOT (Géologie) - Christophe MARCINIAK (Réalisation)