Sont décrits ci-dessous deux sites du sentier des grottes qui présentent un intérêt géologique particulier :

1) Le fond de vallée (Zinsel du Nord) / parcours 1.

Le premier arrêt se situe sur la rive droite de la Zinsel du Nord que la Départementale 36 franchit à cet endroit.

Au départ d'un chemin forestier, des travaux d'élargissement ont créé cet affleurement temporaire (altitude 256 m). La roche est un grès relativement fin et peu cimenté disposé majoritairement en lits horizontaux. Des niveaux décolorés sont présents. Il s'agit de Grès vosgien supérieur sous son faciès Karlstal. Il s'est formé dans un contexte de plaine d'épandage avec de fréquents débordements de chenaux et remaniement des dépôts sableux par le vent. Ce type de formation est très répandu dans les Vosges du Nord et dans le proche Palatinat.

Prendre ensuite le chemin forestier qui remonte le vallon en rive gauche, en face de ce premier arrêt. Au niveau d'une bifurcation, laisser à gauche le chemin qui suit le fond de vallée humide et s'engager dans celui qui remonte doucement le fond d'un vallon où domine une sapinière. Bientôt apparaissent en hauteur, sur la droite, des amas rocheux qui forment une corniche. Elle rejoint progressivement le chemin. A cet endroit, un panneau indique le départ d'un sentier vers la gauche, en direction du "Hasslinger Felsen".

Photo de gauche : la corniche rocheuse telle qu'elle apparait à droite du chemin. Photo de droite : grotte principale du Hasslinger Felsen (altitude 280 m). La continuité de la formation rocheuse est soulignée par la présence dans les deux affleurements, de bancs lenticulaires à litage oblique. On notera par ailleurs les diaclases qui morcellent les grès. Ce niveau formé de grès plus résistants, comprenant quelques passées de galets, appartient à la Karlstalfelszone des auteurs allemands. Il correspond à un épisode de dépôts occasionnés par un régime de chenaux en tresse. Au-dessus, suivent les Couches de Karlstal supérieures.

Le site du Hasslinger Felsen où deux cavités de dimensions respectables se succèdent, donne par ailleurs l'occasion de voir la base de la corniche et d'illustrer les modalités d'érosion de cette dernière.

Photo de gauche : un pilier constitué d'un grès fin, disposé en lamines horizontales, est plus sensible à l'action du gel à cause de sa perméabilité moindre : il est le témoin résiduel d'un banc dégagé par ce type d'érosion. Le pilier soutient une voûte en grès à grain plus grossier, donc plus filtrant qu'on reconnait à son litage oblique. Les bancs inférieurs humides en permanence appartiennent aux Couches inférieures de Karlstal (premier arrêt) sur lesquels repose la corniche de la zone rocheuse de Karlstal. La présence de diaclases (photo de droite prise sur le toit de la grotte) entraine à terme, lorsqu'un pilier cède, l'effondrement de larges portions de voûte, comme en témoignent les panneaux et blocs jonchant le sentier.

Du site précédent, le sentier remonte sur un replat occupé par une ancienne lande à callune et genêt, à présent colonisée par les pins et les bouleaux, puis gagne sur la droite en direction du Chorfelsen. On atteindra ce dernier au prix d'une modeste ascension (dénivelé environ 60 mètres) et après avoir recoupé deux laies forestières.

Chorfelsen. Une nouvelle corniche gréseuse offre une série de cavités qui jalonnent tout le flanc est du Krippenberg. La couleur noire de l'affleurement est due aux nombreuses parties de "Speckfest*" dont le site a pu faire l'objet. Cet abri sous roche a également servi de refuge temporaire aux villageois à certaines époques. On remarquera les formes d'érosion semblables à celles rencontrées précédemment.

*Speckfest : repas pris en commun autour d'un feu de bois. On consomme des tranches de lard grillé au bout d'un bâton et servies sur une tranche de pain.

Détail de la formation à l'origine du surplomb au Chorfelsen : des lentilles décimétriques gréseuses et conglomératiques alternent. Elles prennent une teinte sombre, brun à rose violacé. Les galets de taille inférieure à 5 cm sont souvent recouverts d'une patine brune à noire, formée d'oxydes de fer et présentent parfois une forme anguleuse. Cet ensemble s'apparente au "Conglomérat de Grossbliederstroff" désigné précédemment sous le nom de Conglomérat de Bitche.

Au-dessus de ce site, le sentier gagne à travers un taillis de pins et de bourdaine, un chemin forestier horizontal installé dans des grès des Couches intermédiaires. Il permet de rejoindre le Krippenfelsen. Cette dernière cavité moins profonde, présente des caractéristiques semblables à celles rencontrées au Chorfelsen. 

2) Le rebord du plateau de Lemberg / parcours 2.

Cette partie de circuit s'attache à décrire des affleurements proches les uns des autres et à faible distance du village.

La Cascade des ondines (altitude 362 m). Le site très pittoresque comporte une succession de deux chutes d'eau alimentées par une source. Cette dernière se situe au dessus de la passerelle en partie visible dans la partie supérieure du document. Aménagée en lavoir (Wasserfelsen, altitude 370 m), elle est à l'origine de la Zinsel du Nord. L'eau tombe par-dessus un premier palier formé de bancs plus ou moins conglomératiques, puis un second constitué de grès lenticulaires particulièrement résistants.

A la même altitude et à quelques dizaines de mètres plus au sud, se trouve un autre affleurement comportant des rochers de conglomérat avec une cavité naturelle : le Katzenfelsen. On peut le rejoindre par le chemin forestier ou par un sentier à mi-pente. Les grès y ont une couleur rouge sombre à violacée et contiennent des grains de quartz de diverses tailles, des feldspaths et quelques paillettes de muscovite. En continuant en direction du sud, un sentier en contrebas du chemin forestier permet d'atteindre un second lavoir associé à une source : le "Helloch".

Site du Helloch (altitude 340 m) : l'endroit a été aménagé. L'eau sort du rocher à la base de l'anfractuosité, à gauche. Les bancs de grès de couleur lie de vin ont été taillés à la verticale. Leur épaisseur est relativement uniforme à l'échelle de l'affleurement et le litage oblique. Des passées de petits galets sont visibles vers la base. Les grains de quartz peu usés sont pris dans une matrice fine comportant quelques micas blancs. Le banc à la base de l'affleurement présente des lamines horizontales, certaines étant décolorées. Les grains usés sont dominants, la fraction fine est peu abondante.

On trouvera en annexe une mise au point concernant les niveaux stratigraphiques propres à ce secteur.