La carrière du site n°1 (Bois de la Verpillère) (fig.1 et 2) est depuis longtemps abandonnée et en partie occupée par quelques tas de bois et de détritus !

Une partie du front de taille est encore visible à deux endroits au fond de la carrière.

Fig. 2 : Carrière abandonnée dans le bois de la Verpillère

On peut observer de la base vers le sommet:

1°. des calcaires à oolithes et à "fausses-oolithes" appelées oncolithes ou oncoïdes (env. 1,50 m d'épaisseur)(fig.4 et 5) ;

2°. des calcaires fins micritiques contenant quelques empreintes ou débris de coquilles de bivalves (env. 1,50 m d'épaisseur).

Aucune surface d'arrêt de sédimentation n'a été repérée entre les deux ensembles.

La différence entre les "vrais" ooïdes ou oolithes à cortex régulier et de taille inférieure à 2 mm et les faux "ooïdes" (ou fausses oolithes) appelés oncoïdes (fig. 5) à cortex irrégulier et de taille souvent supérieure à 2 mm est bien observable.

Les premiers (ooïdes / oolithes) se forment par précipitation (bio)chimique en milieu marin très peu profond (1 à 10 m) fortement agité (eau à la limite de la saturation en carbonates dissous) alors que les oncoïdes (ou pseudo-oolithes) résultent de l'action encroûtante combinée d'algues (ou cyanobactéries) et de foraminifères (nubéculaires) en milieu marin moins agité un peu plus profond (subtidal) mais toujours soumis à l'action des vagues. (Les ooïdes indiquent des milieux agités apparentés aux passes des lagons actuels).

Fig. 3 : Place des affleurements dans la colonne startigraphique (données chiffrées = âges en millions d'années - © BRGM).

Dans cette carrière, les deux ensembles appartiennent à la formation de l'Oolithe Miliaire Supérieure datée du Bajocien Supérieur (fig.3). Dans la région de Neufchâteau, comme ailleurs plus au nord autour de Toul (= Polypiers de Husson- cf. fiche Aingeray), les variations de faciès qui affectent cette formation sont courantes et soulignées par différents auteurs (Flageollet et al. 1985, Maubeuge 1974, Minoux 1967). Le Bajocien Supérieur se termine habituellement avec des calcaires sub-lithographiques (= Calcaires Compacts de Neufchâteau) qui ne semblent pas affleurer ici.

Fig. 4 : Calcarénite à oncoïdes du Bois de la Verpillère

Fig. 5 : Faciès à oncoïdes de la carrière du bois de la Verpillère

Le site n°2 (Bois de Boinville) (fig.6) correspond à une autre ancienne carrière qui est visible en bord de route, 1 km au nord de celle du premier site. On y observe des calcaires jaunâtres, fins, à pellets, scintillants. Ce faciès s'apparente à celui de la formation des Calcaires cristallins bien représentée dans le secteur de Neufchâteau (voir fiche correspondante). Malgré l'absence de fossiles biostratigraphiques dans cette formation, les Calcaires cristallins sont actuellement considérés comme équivalents stratigraphiques de la Caillasse à Anabacia et des Marnes à Rhynchonelles, que l'on rencontre plus au nord en Lorraine centrale, et datées du Bathonien inférieur (Lathuillière 2008, Mangold et al. 1994).

Le sommet de cette ancienne carrière correspond à une surface structurale.

La transition entre les calcaires du Bajocien supérieur et ceux du Bathonien n'est pas visible à l'affleurement entre les deux sites étudiés. Dans la région, cette limite est toujours soulignée par une surface taraudée rubanée marquant un arrêt de sédimentation (cf. fiche de Neufchâteau).

Fig. 6 : Carrière du bois de Boinville

Si la sédimentation de plate-forme carbonatée semble homogène (calcaire à entroques, calcaires construits à polypiers...) sur l'ensemble de la Lorraine au cours du Bajocien inférieur, les environnements sédimentaires évoluent localement et se différencient progressivement au cours du Bajocien supérieur.

Un complexe de dunes oolithiques (= Oolithe Miliaire Supérieure) se met en place dans un secteur allant du nord de la Lorraine jusqu'à la région de Colombey-les-Belles au sud. Cette barrière isole le centre du Bassin Parisien (Bourgogne) et le sud-ouest de la Lorraine (région de Neufchâteau) de la mer ouverte située vers l'est et le sud-est (domaine téthysien). Cet environnement protégé est propice à une sédimentation de type lagon en eaux calmes, à l'origine de calcaires fins micritiques (= Calcaires compacts de Neufchâteau et Calcaires cristallins).

Bibliographie:

FLAGEOLLET J.-C., LE ROUX J. et VINCENT P.-L. (1985) - Notice explicative de la feuille de Toul à 1/50000. Carte géologique de la France à 1/50000 - BRGM éd., 55 pages.

LATHUILIÈRE B. (2008) - Eastern Paris Basin in Mc CANN T.: "The geology of central Europe". Vol.2, Mesozoic and Cenozoic. Geological Society, London .

MANGOLD C., POIROT E., LATHUILIÈRE B. & LE ROUX J. (1994) - Biochronologie du Bajoicien supérieur et du Bathonien de Lorraine. Géobios Mém. sp. 17, pp. 343-349.

MAUBEUGE P.-L. (1974) - Notice explicative de la feuille de Neufchâteau à 1/50000. Carte géologique de la France à 1/50000 - BRGM éd., 18 pages.

MINOUX G. (1967) - Notice explicative de la feuille de Châtenois à 1/50000. Carte géologique de la France à 1/50000 - BRGM éd., 17 pages.