Perte de Domèvre-sur-Durbion : 3. Description
Doc. 2: Localisation des pertes sur le plateau calcaire en lisière du Bois des épinettes
Les ruisseaux ont entaillé les formations tendres marno-calcaires et dolomitiques de la Lettenkohle jusqu'à atteindre les niveaux calcaires du Muschelkalk supérieur (calcaires à térébratules)(doc.3), fortement diaclasés selon une direction principale N 325° E, dans lesquels ils ont creusé un karst complexe (1)(2).
Doc. 3: Position du calcaire à térébratules dans la colonne stratigraphique (données chiffrées = âges en millions d'années - © BRGM).
Doc. 4: Réseau complexe de dolines du bois des épinettes
Doc. 5: La perte de Pétard après la crue de décembre 2011
Ce réseau est inaccessible aussi bien par les dolines d'entrée que par les exutoires terminaux.
Par contre, le réseau souterrain de ce karst actif est en partie accessible aux spéléologues par un puits qui sert d'exutoire temporaire (résurgence de Bénafosse à l'altitude 325 m) en cas de crue.
L'accès à ce puits n'est possible qu'après un pompage de plusieurs heures avec une puissante motopompe, ce qui permet de désamorcer le siphon de la résurgence. Une petite partie du réseau (260 m de galeries environ, habituellement noyées) a ainsi pu être visitée par des spéléologues du CDS 88 (Comité Départemental de Spéléologie des Vosges) (Doc.6)(1)(2).
Doc. 6: Galeries du réseau de Bénafosse après pompage (Photos CDS 88)
Les galeries de cette partie inférieure du réseau peuvent être assez vastes (2 à 3 m de hauteur pour 5 à 6 m de largeur), la plupart sont actives (boueuses, creusées de cupules ...), certaines sont abandonnées et concrétionnées (draperies et stalactites).
Les galeries suivent les plans de stratification et des diaclases de direction N 325° E.
Cette résurgence (Doc.7 et 8) sert d'exutoire de trop-plein lorsque le réseau est mis en pression pendant les épisodes de crue (2 fois par an en moyenne).
Doc. 7: Résurgence à l'étiage
Doc. 8: Résurgence après la crue de 2011
Doc. 9: Lit du ruisseau temporaire qui draine le site de la résurgence
L'eau s'évacue alors par le lit d'un ruissseau temporaire vers le ruisseau d'Onzaines qui lui est perpendiculaire.
Le reste du temps, les autres exutoires suffisent à la vidange du réseau dans le ruisseau d'Onzaines à l'altitude de 317 m.
Le réseau a ainsi un développement de 1 km environ pour 18 m de dénivelé avec un siphon de vidange intermédiaire en cas de trop plein.
Différents travaux de coloration à la fluorésceine ont permis de vérifier l'existence de ces communications souterraines.
La rivière Aroffe posséde également un système identique de perte + résurgence + exutoire de trop-plein, mais à beaucoup plus grande échelle (Voir les fiches "pertes de l'Aroffe" à Gémonville (54), "Inversac de la deuille de Crézilles" à Crézilles (54), "Inversac du Trou Des Glanes" à Moutrot (54), "Tertres d'Autreville" à Autreville (88) et "Paléokarst sous alluvial" à Pierre La Treiche (54).
Les fiches "Réseau karstique de Débain" à Sans-Vallois(88) et "Tertres de Baslieux" à Baslieux (54) décrivent d'autres phénomènes karstiques comparables.
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Bibliographie:
(1) Les documents décrivant les différents travaux de recherche entrepris par le CDS 88 (Comité Départemental de Spéléologie des Vosges), prospections, pompages, relevés de la topographie, colorations,... existent dans les archives du Groupe Spéléo-Préhistorique Vosgien GSPV.
GSPV : Correspondant : fabian.oriel@wanadoo.fr
(2) Lispel (1988) Spéléo L n°14, inventaire des phénomènes karstiques du bassin de la Moselle entre Charmes et Epinal, pp. 19-26. http://lispel.free.fr/