Une grouine ou grèze litée, aussi localement appelée "gruine", "groise", "graveluche", etc. désigne une formation superficielle colluvionnaire constituée de dépôts sablo-graveleux faiblement cimentés, à aspect bréchique, contenant des éléments calcaires anguleux à émoussés, disposés en lits alternativement fins ou grossiers (fig.2, 3 et 5). La matrice est formée d'argile ferrugineuse issue d'un remaniement de limons des plateaux ou de la dissolution des éléments calcaires.

 
Dans la région, ces dépôts épars, parfois épais de plusieurs dizaines de mètres, se situent principalement sur les versants de la vallée de la Meuse ou le long des pentes des côtes des Hauts de Meuse (St-Mihiel, Vigneulles-les-Hattonchâtel, Haudiomont, Commercy, Vaucouleurs, Blénod-les-Toul...). Quelques unes de ces formations se rencontrent également sur les calcaires bajociens de la Côte de Moselle (Sexey-aux-Forges, Vallon de Vaux à Pierre-la-Treiche). Ces dépôts de versants présentent une stratification parallèle à la pente sur laquelle ils reposent (fig.4 et 5).
  Leur mise en place résulte du démantèlement des massifs calcaires par altération sous climat périglaciaire au cours de périodes froides du Quaternaire. Ainsi les éléments calcaires de la grouine correspondent à des gélifracts transportés (glissés) au pied des reliefs par solifluxion lors des alternances de gel et de dégel de l'épisode würmien (-80 000 à -20 000 ans). Le caractère microgélif des calcaires de l'Oxfordien semble avoir favorisé la formation de grouine sur les versants de la Côte de Meuse.

La grouine constitue un matériau utilisé depuis longtemps et toujours exploité en génie civil.
Autrefois, celui-ci servait à la réalisation d'aires de battage des céréales ou dans la construction pour la fabrication de torchis, de mortier ou de crépis (fig.6).
 
Actuellement, on emploie la grouine pour la réalisation de remblais, de chemins agricoles ou pour le renforcement des chaussées moyennement circulées.

La grouine de Marbotte est visible dans une ancienne carrière aujourd'hui un peu envahie par la végétation (fig.7). La grouine, épaisse d'une dizaine de mètres, est indurée par endroits et on peut observer des croûtes calcaires ainsi que des blocs de calcaire crayeux oxfordiens dispersés ça et là dans la carrière. Les stratifications de pente de la grouine sont bien visibles à plusieurs endroits (fig.3).
 
L'entrée de la carrière forme une zone aplanie sur laquelle s'est installée une pelouse abritant, entre autre, une flore d'orchidées : Gymnadenia conopsea, Platanthera bifolia, Anacamptis pyramidalis, Epipactis atrorubens (fig.8) sont quelques espèces observées en juin 2011.
 
Au bas de certains fronts de taille, plusieurs entrées de gros terriers et des traces laissées dans la grouine indiquent la présence de blaireaux.

Le site de Marbotte présente aussi un intérêt historique puisqu'il est situé sur une zone de combats de la Première Guerre Mondiale (Saillant de St-Mihiel), non loin du mémorial américain de la butte de Montsec (vue panoramique sur la Côte de Meuse et la plaine de la Woëvre - cf. fiche Montsec. La mairie de Marbotte abrite un musée et un centre de documentation en rapport avec ces combats de la Première  Guerre Mondiale.


Bibliographie

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HARMAND D. et LE ROUX J. (2006) - L'évolution géologique depuis la fin du Mésozoïque in LEXA-CHOMARD A. et PAUTROT C. "Géologie et Géographie de la Lorraine", éd. Serpenoise, p. 153-166.

MAUBEUGE P.-L. (1969) – Notice explicative de la carte géologique de Vigneulles-Lès-Hattonchâtel à 1/50 000. éd. BRGM.