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La Blanche Côte, éboulis : 3. Description

Contexte géographique

La colline de la Blanche Côte culmine à 350 m d’altitude, au dessus de la vallée de la Meuse et du village de Pagny-La-Blanche-Côte au bord de la convexité d’un méandre de la rivière de Chêtre, un bras de la Meuse. Au même titre que la Tête des Rousseaux située en face, elle appartient aux côtes de Meuse taillées dans les calcaires récifaux de l’Oxfordien.
 
La Blanche Côte vue depuis l'aire d'envol des parapentes et deltaplanes vers l'Est.
En fond de vallée, Pagny-la-Blanche-Côte.
À l'horizon, à droite du parapente de gauche, la Tête des Rousseaux

 

Calcaire oxfordien situé à l'Ouest de l'aire de décollage
 
Son modelé péri-glaciaire et ses éboulis mobiles en font un paysage caractéristique abritant des espèces animales protégées et des plantes originales endémiques.

Ainsi ce site est classé non seulement par le Conservatoire d'espaces naturels de Lorraine mais aussi par Natura 2000 en tant que site d’intérêt communautaire, notamment par la faune et la flore particulières qu’il héberge.


Contexte paléogéographique et histoire de la Blanche Côte

À l’Oxfordien (150 Ma), la phase de transgression marine permet l’implantation de récifs et le développement de récifs associés en Lorraine, située alors entre 30 et 35° de latitude Nord.

Carte paléogéographique à l’Oxfordien : voir page 11 du cahier pédagogique "Le temps géologique des falaises des Vaches noires" de Villers-sur-Mer (télécharger le document pdf, 2.6 Mo).

Lors de la régression finale du Jurassique, la région émerge, livrée à l’altération et à la sédimentation continentale.

À l’issue des phases tectoniques compressives du Crétacé inférieur et du Tertiaire, les séries oxfordiennes forment alors un relief de côte, structure homoclinale avec un pendage d’environ 2% en direction du centre du bassin de Paris (vers l’Ouest).

La Meuse creusant son lit vers le Nord entaille parallèlement à la ligne de crête cette cuesta sur le revers de côte (et non le front) donnant une morphologie de côte dédoublée.

 

 

 
Formation des éboulis mobiles

 

Vers la fin des dernières glaciations, un méandre de la Meuse alors plus tumultueux qu’aujourd’hui (dynamisme dû aux eaux de fonte issues des glaciers vosgiens), a creusé un vaste talus en forme de faux dans les côtes calcaires oxfordiens au niveau de la Blanche Côte située rive droite.

Les matériaux calcaires de la Blanche Côte ont subi les effets des alternances gel-dégel (cryoclastie), l’eau de ruissellement s’infiltrait dans les joints de stratification et lorsqu’elle gelait fragmentait en plaquettes de petite taille le calcaire oxfordien. Ces plaquettes (ou gélifracts) se sont accumulées sous forme d’un manteau plus ou moins instable dont la pente pouvait atteindre environ 45°.

 

 

 

Vue vers l'Ouest de la Blanche Côte. Au premier plan, pente rectiligne d'éboulis.
Au fond à gauche, le méandre du Chêtre ainsi que la route D145
marquent la forme en faux de la colline.

 

Ces éboulis ont tendance à tomber par gravité vers le bas de pente, mais puisqu’ils sont composés de petites plaquettes de taille assez homogène, et que la base du talus était érodée par la Meuse alors tumultueuse, depuis le dernier interglaciaire (Riss/Würm), ils sont mobiles certes, mais permettent à la colline de conserver une pente relativement forte avec un profil presque rectiligne (et non concave comme le serait un versant où les éboulis accumulés en bas seraient granoclassés). Cette forte pente qui induit aussi une mobilité des gélifracts donne la couleur caractéristique à la Blanche Côte.

Cette dernière doit donc sa forte pente et sa forme en faux a un phénomène d’érosion post-glaciaire hérité d’une période cataglaciaire avec remontée des températures.

 

 

Banc de calcaire dégagé par gélifraction et éboulis en plaquettes homogènes.
Bord de route avant l'épingle à cheveux en direction de Champougny

 

Cependant cette côte tend à verdir de nos jours. Voir infra les causes possibles.
L’exposition Sud de la colline et ses éboulis mobiles de forte pente en font un terrain sec et ensoleillé (micro-climat) abritant une flore et une faune particulières.


Flore
La répartition des associations végétales est déterminée par l'instabilité du substratum, la raideur de la pente et l'exposition Sud du coteau. Plusieurs formations peuvent être observées.
Voir l'annexe I

Faune

Voir l'annexe II

Devenir de la Blanche Côte

De nos jours, la Blanche Côte tend à verdir mettant en danger les espèces endémiques. Plusieurs hypothèses expliquent ce phénomène :


1. L’absence actuellement d’une rivière active en bas de côte qui régénérerait les éboulis.

2. La plantation de pins aux alentours : les semences de ces pins arrivent pour partie à germer dans la côte et les conditions micro-climatiques sous les jeunes pins favorisent la pousse d’herbes de la famille des Poacées (comme les brachiopodes pennés).

3. Des précipitations plus abondantes ces dernières années.

4. L’abandon du pâturage et des brûlis.

 

 

 

La route qui borde la colline ne permet pas l'évacuation des éboulis qui s'entassent au bord

 


Auteur : Anne THERNIER - Date de création : 03/03/2011

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Contact : Roger CHALOT (Géologie) - Christophe MARCINIAK (Réalisation)