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Verrou tectonique de Removille : 3. Description

La vallée du Vair en aval de Removille présente deux structures géologiques superposées.

La première et la plus ancienne, résulte d'un accident tectonique délimité par deux failles parallèles d'orientation NE-SO : le fossé d'effondrement de Removille que la rivière, le Vair, recoupe perpendiculairement (fig.2).
 

Fig.2 : Carte géologique simplifiée du secteur de Removille
(A-B : emplacement de la coupe de la figure 4)

Ce fossé d'une largeur de 800 mètres environ, fait partie d'une série de grabens qui affectent le sud de la Lorraine : fossés de Gondrecourt, de Colombey Les Belles, de Bicqueley, etc.
Leur mise en place a peut-être débuté à la fin du Bajocien supérieur (Lathuilière et al. 2003) mais l'épisode principal de structuration est lié à la phase de distension oligocène, au moment de la formation du fossé rhénan.
A l'issue des mouvements tectoniques, dans le compartiment abaissé (rejet de 80 mètres), la barre calcaire du Bajocien, qui forme par ailleurs la Côte de Moselle, s'est retrouvée au contact des formations argileuses plus anciennes du Lias.
Plus résistants à l'érosion, les calcaires du Bajocien ont ainsi constitué un promontoire érigé au milieu des argiles liasiques moins résistantes. Ce phénomène est à l'origine d'une inversion de relief : une topographie haute correspond à une structure effondrée (fig. 3 et 4).
 

Fig.3 : L'inversion de relief du verrou de Removille


Fig.4 : Coupe géologique schématique du fossé et du verrou tectonique de Removille

 

 

Le deuxième objet géologique est le verrou tectonique de Removille (ou de Vouxey, ou d'Imbrécourt selon les auteurs). Ce verrou correspond à la même barre calcaire bajocienne située à l'emplacement du graben et à l'origine de l'inversion de relief. Celle-ci est placée en travers de la plaine argileuse, s'étendant à l'est et drainant de nombreux cours d'eau qui rejoignent la vallée de la Meuse vers l'ouest.
Le Vair fait partie de ces cours d'eau. Il prend sa source près de Contrexéville, plus au sud, et remonte la plaine liasique vers le nord avant de poursuivre vers l'ouest à hauteur de Removille. C'est ici que cette rivière rencontre l'éperon tectonique bajocien faisant alors obstacle à son écoulement vers la Meuse. Une telle structure correspond à un verrou tectonique que la rivière a dû entailler pour poursuivre son cours.
 
Cette entaille vive et étroite forme un encaissement de presque 100 mètres de dénivelé dans la puissante série carbonatée du Bajocien (fig.5).

Fig.5 : Le verrou tectonique de Removille et l'entaille creusée par le Vair, vus depuis Attignéville

Les versants de la vallée du Vair, au niveau du verrou de Removille, permettent par ailleurs l'observation d'une partie de la série calcaire bajocienne (fig.6).

Fig.6 : Position stratigraphique des affleurements (données chiffrées = âges en millions d'années - © BRGM).

Fig.7 : Succession des affleurements de la série bajocienne sur le versant NE du verrou (base de la falaise = 1 = Calcaire à entroques ; sommet de la falaise = 2 = Oolithe cannabine et masse du Calcaire à polypiers supérieur ; entre les deux, le Calcaire à polypiers inférieur est cachée sous les éboulis)

La coupe, située sur le versant NE, en rive droite du Vair, permet d'observer les principales formations carbonatées du Bajocien inférieur (fig.7). Le long du sentier parallèle à la route, les premiers affleurements débutent dans les Calcaires à entroques. Au-dessus se trouve probablement le Calcaire à polypiers inférieur (caché sous les éboulis de pente), puis apparaît "l'Oolithe cannabine" (2 à 3m), un calcaire au faciès caractéristique à grosses "pseudo-oolithes" (= oncoïdes à nubéculaires - fig.9) et enfin au sommet, le Calcaire à polypiers supérieur (fig.10) qui forme des falaises fortement diaclasées.

Les environnements de dépôt correspondant à ces différentes formations sont décrits dans la fiche de la carrière de Viterne (54) située au sud de Nancy. Voir aussi la fiche Circourt sur Mouzon (88), qui décrit des faciès similaires.

Fig.8 : Echantillon d'Oolithe cannabine, un calcaire à oncoïdes

Fig.9 : Le contact Oolithe cannabine (en bas, en creux, où se trouve le marteau) avec le calcaire à polypiers supérieur (en haut). Un niveau durci et taraudé sépare les deux formations.

 

Fig.10 : La formation instable et diaclasée du calcaire à polypiers supérieur au sommet du versant NE du verrou

 

Bibliographie

HARMAND D. et LE ROUX J. (2006) - Les paysages actuels de la Lorraine sédimentaire et des Vosges in LEXA-CHOMARD A. et PAUTROT C. "Géologie et Géographie de la Lorraine", éd. Serpenoise, p. 134-152.

HILLY J. et HAGUENAUER B. (1979) - Guides Géologiques Régionaux - Lorraine Champagne. Masson éd.

LATHUILIERE B. et al. (2003) - Production carbonatée dans le Jurassique de Lorraine - Livret de terrain - G2R, CR 54, Groupe Français d'Etude du Jurassique.

 


Auteurs : Philippe MARTIN - Didier ZANY - Date de création : 04/03/2011

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Contact : Roger CHALOT (Géologie) - Christophe MARCINIAK (Réalisation)