Houiller de Sarrebruck : 3. Description
L'ordre de visite proposé ici est dicté par la chronologie des dépôts et leur situation relative. Des compléments géologiques se trouvent en annexe 1.
1. Der brennende Berg in Dudweiler : la "colline brûlante" à Dudweiler
"Nous avions entendu parler de mines de charbon, de fabriques d'alun, de fer et même d'une colline brûlante et nous nous préparâmes à aller voir ces merveilles de près". Aus meinem Leben. Dichtung und Wahrheit. Zehntes Buch. Johann Wolfgang von Goethe.
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- Localisation
Le document ci-dessous est une vue de détail du panneau des circuits à thème de ce secteur, il figure sur le parking P1.
On atteint le site du Brennender Berg, qui est situé à la sortie nord de Dudweiler, par la route L125 en direction de Sulzbach (trait jaune). Une pancarte "Brennender Berg" sur fond marron en signale l'accès. Emprunter le chemin qui remonte au parking (P1). De là gagner à pied, par un sentier balisé (losange), les affleurements en forêt.
- Description des affleurements
Die Schlucht : le ravin.
Signalé par un panneau, le site du ravin se trouve à droite du sentier.
Le ravin correspond à une ancienne carrière de grès exploités pour la construction, au moment de l'essor industriel. Le grès est relativement fin, de couleur grise ou saumon (en altération) et se présente sous forme de bancs métriques. Il appartient aux Couches de Sulzbach (Westphalien C) et constitue l'un des faciès marquants de cet étage. Le milieu de formation correspond à des dépôts fluviatiles (voir annexe 1). L'ensemble de la série accuse ici, un pendage apparent vers le nord-ouest.
Reprendre le sentier qui remonte le flanc de la colline, puis traverse un taillis de bouleaux et débouche sur un chemin forestier horizontal. Là, prendre à gauche sur une dizaine de mètres jusqu'au panneau suivant.
Der brennende Berg : "la colline brûlante" ou colline consumée.
A nouveau le sentier s'engage dans une gorge taillée de main d'homme et débouche dans une vaste excavation aux parois rocheuses presque verticales. Dès l'entrée, on remarque les nombreuses fissures qui hachent la série sédimentaire. Certaines apparaissent non colmatées et tapissées de mousses (point jaune au centre de la photo).
Photo de gauche : détail de la paroi à la hauteur du point jaune central. De la fissure qui recoupe les bancs de schistes à surface d'altération blanche, s'échappe de la fumée visible par grand froid. On peut néanmoins se rendre compte de sa présence, en s'approchant de l'ouverture, d'où émane une légère odeur de soufre ou de moisi. En y plongeant sa main, on décèle aisément un dégagement de vapeur d'eau. Photo de droite : détail de la paroi à la hauteur du 2ème point jaune du document précédent. A cet endroit, la paroi retaillée montre au sein des schistes de couleur rouge brique une empreinte fossile de végétal. Les cannelures permettent de reconnaître un moulage interne de tronc de Calamites. La série appartient toujours au Westphalien C.
Vue panoramique de l'ancienne carrière d'exploitation de schistes alunifères. La série est affectée d'un pendage orienté vers le nord-ouest (visible également sur la photo précédente prise à l'entrée) : elle appartient au flanc nord de l'anticlinal sarrois. Les nombreuses fissures traduisent l'effondrement des couches suite à l'incendie de mine qui a détruit les veines de charbon en profondeur. Cet événement dont l'origine remonte à 1688, a d'abord été considéré comme une catastrophe, puis a constitué, le point de départ d'une activité minière nouvelle : l'exploitation de l'alun. Une plaque commémorative (visible au centre de la paroi) rappelle le passage en ces lieux de Johann Wolfgang von GOETHE, en 1770.
"Nous avions entendu parler de mines de charbon, de fabriques d'alun, de fer, même d'une colline brûlante et nous nous préparâmes à aller voir ces merveilles de près... Nous pénétrâmes dans une gorge... Une forte odeur de soufre nous enveloppa, l'une des parois de la cavité était presque incandescente, couverte d'une roche rougeâtre, brûlée à blanc. Une épaisse fumée s'échappait des fissures et on sentait la chaleur souterraine même à travers les épaisses semelles." (extraits de Dichtung und Wahrheit / traduction par l'auteur de la fiche). Même si l'incendie a diminué en intensité au cours des siècles, deux à trois fissures sont encore "actives" à l'heure actuelle. Elles étaient encore suffisamment chaudes il y a cent ans, pour permettre aux élèves en sortie, de pocher des oeufs apportés pour le pique-nique.
Détail de la paroi au centre de la "Colline consumée". Les lits de schistes, gris à l'origine, sont colorés en rouge brique et parcourus d'un réseau de fissures plus ou moins larges, les plus fines étant recouvertes d'un enduit crayeux à base d'alun. Les roches ont subi une véritable "torréfaction". Ce métamorphisme thermique a été à l'origine de la transformation de la pyrite.
Dans une exploitation d'alun classique, les schistes sont récoltés, broyés, disposés sur un bücher de type meule à charbon de bois. Après transformation par le feu, le matériau devenu rouge est exposé quelque temps aux intempéries puis placé dans des cuves où l'eau sert à lessiver l'alun. La saumure est récupérée, évaporée et l'alun cristallise sur des fils ou des barres. A Dudweiler, l'incendie s'est chargé des premières étapes. Il suffisait de récupérer les schistes cuits sur place et plus tard, on récolta des schistes en d'autres endroits pour les placer dans la carrière, au contact de la chaleur et de l'eau nécessaires à la transformation.
Réaction :
pyrite + argiles (K) + eau + chaleur --------> alun (sulfate double d'aluminium et de potassium) + alun de fer (sulfate double hydraté de fer et d'ammonium)
A signaler : depuis le début des années 1990, à proximité de Neunkirchen ( à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Sarrebruck), une veine de charbon (veine Blücher) se consumait à une profondeur d'une vingtaine de mètres environ. La menace que constituait cet incendie pour la stabilité des terrains (constructions, routes) a nécessité la mise en oeuvre de moyens de lutte importants pour le circonscrire. C'est chose faite depuis l'automne 2012.
2. Die Halde Lydia : Le terril Lydia
A partir du 7 06 2022, l'accès au terril Lydia sera fermé pour des travaux de mise en conformité du site (stabilisation des pentes, drainage des eaux de pluie, colmatage de foyers). Les travaux vont s'étaler vraisemblablement jusque fin 2025. SR1.de Nachrichten 25.05.2022. Sanierung der Halde Lydia geht weiter
Le terril de l'ancienne mine de Camphausen se situe tout près de la sortie de l'autoroute Sarrebruck-Friederichstal (A 623), donnant accès à Dudweiler et Fischbach. Un chemin de terre s'engage dans un bosquet en face du croisement pour Camphausen (possibilités de parking à proximité), il remonte en un large lacet le flanc sud du terril.
Depuis le sommet du terril Lydia, vue vers le nord. A son pied, le chevalement de la mine de Camphausen en service entre 1950 et 1990. Le terril occupe une surface totale de 66 ha et le plateau sommital de 12 ha domine les environs d'une soixantaine de mètres (localement 110 au monticule-nord). Partiellement reboisé, il constitue un site de promenade fréquenté. La vue sur les alentours permet d'embrasser l'ensemble du secteur minier. A l'arrière, on aperçoit la localité de Fischbach et au fond, les installations minières de Göttelborn (centrale thermique, chevalement, terril semblable à celui d'où la photo a été prise...).
Depuis l'extrémité sud du plateau sommital, vue sur le Saarkohlenwald qui est le prolongement naturel du Warndt. On devine à l'horizon les reliefs liés à la côte de Lorraine. Au premier plan, deux bassins de rétention, comme il en existe également au sommet du terril (die Himmelsaugen : les yeux-miroirs du ciel). La forêt du Saarkohlenwald, renferme les traces de nombreuses exploitations de charbon. Elle fait à présent office de forêt de loisirs pour l'agglomération de Sarrebruck. Certaines zones bénéficient d'une protection destinée à reconstituer une forêt primitive (Urwald vor den Toren der Stadt). Les anciens bassins de décantation (certains sont visibles depuis le terril) font également partie d'un programme de réhabilitation.
Les roches qui forment le terril sont des schistes houillers, datant du Westphalien. Accessoirement on y trouve des grès conglomératiques et des grès fins (échantillons dans le bas de la photo). Les fossiles ne sont pas rares. Il s'agit de moulages de troncs, rameaux et feuilles. Le terril offre la possibilité de voir ces roches dans un assez bon état de conservation, les affleurements de terrains houillers (chantiers) étant paradoxalement très vite altérés.
3. Das Holzer Konglomerat in ... Völklingen-Püttlingen : Le conglomérat de Holz entre Völklingen et Püttlingen.
Localisation de 2 sites visitables au nord-est de Völklingen (A1 et A2)
Carte de situation simplifiée. Prendre la Püttlinger Strasse (L 136) entre Völklingen et Püttlingen. A la sortie nord de Völklingen se situe un premier affleurement naturel de Conglomérat de Holz sur la rive droite du Köllerbach, noté A1. Possibilité de parking à proximité d'un bosquet (P). De là, gagner à pied (trajet marqué par des points verts) le fond du vallon et avant le pont, prendre à gauche le chemin forestier derrière l'usine de distribution des eaux du Simschel. Les rochers de Conglomérat affleurent dans le méandre.
Légende des terrains = h4 : westphalien ; h5a : Conglomérat de Holz ; h5b : stéphanien ; t1b : grès vosgien ; F : failles.
L'affleurement A2 se trouve à 1,2 km au nord de A1. Se garer sur le parking (P) aménagé à l'entrée d'une voie forestière. L'endroit est visible depuis le rond-point décoré d'une silhouette de ville en métal. De là, traverser la L 136 pour gagner le Wackenweg (voie privée étroite), passer devant le bâtiment de l'ancienne Wackenmühle, puis sous une ancienne voie de chemin de fer (piste), pour déboucher dans la carrière à présent abandonnée.
Affleurement A1: Köllerbach près du Wasserwerk du Simschel
Dans le vallon du Köllerbach, le ruisseau a entaillé sur le flanc externe d'une large boucle, le Conglomérat de Holz. Sur une vingtaine de mètres, affleurent des rochers passablement altérés en surface et recouverts partiellement par la végétation. Ils permettent de voir par endroits les caractères typiques de cette formation. Le lit du ruisseau est jonché de galets provenant du démantèlement des couches. A la hauteur de l'usine de traitement, la corniche de conglomérat cède la place à une pente moins accusée : une faille satellite de la faille de la Sarre (située quelques centaines de mètres plus au sud : voir F/ carte), interrompt la continuité des couches de conglomérat. Certaines de ces failles actives dès le Carbonifère ont été responsables de la variation des faciès et de la formation de sous-bassins.
Affleurement A2 : ancienne carrière de la Wackenmühle
La carrière est installée dans le vallon du Dörrenbach, dont elle a progressivement exploité les flancs. Seul le flanc nord présente un intérêt. Le front de taille montre des bancs lenticulaires d'un conglomérat rouge à brunâtre. L'ensemble est parcouru par un important réseau de diaclases qui ont facilité l'extraction de blocs. Un pendage général de la série est également observable.
Le conglomérat de Holz : détails
La roche est d'une grande cohérence. Les galets sont surtout présents à la base des bancs et sous forme de passées ( vue de gauche). Leur taille atteint généralement la dizaine de centimètres, mais des éléments de grande taille ont été rencontrés (blocs de 50 cm). Leur degré d'usure est très variable. Les sommets des séquences contiennent des grès fins violacés et des figures sédimentaires variées ( vue de droite). Compléments sur la formation en annexe 1.
4. Le "Saarkohlenwald" / Urwald vor den Toren der Stadt.
Prolongeant le domaine forestier de la dépression du Warndt au sud de la Sarre, le « massif forestier du charbon sarrois » constitue un domaine témoin d'une longue histoire, où l'exploitation intensive du bois a débuté bien avant celle de la houille.
En effet, plusieurs étages de schistes houillers contiennent des concrétions riches en fer (pyrite à l'état réduit, sidérite/limonite près de la surface). Il en est ainsi des couches de Sulzbach (Westphalien C). L'exploitation traditionnelle de ces minerais (d'autres existent dans les couches de Lebach ainsi que dans le grès triasique) a permis le développement d'une sidérurgie locale alimentée à l'origine par le charbon de bois.
Le Saarkohlenwald connait depuis quelque temps une reconversion en forêt de loisirs à portée de l'agglomération de Sarrebruck. Dans certains secteurs, les interventions humaines ont été suspendues afin de permettre un retour progressif à l'état de forêt primitive. C'est le projet "Urwald vor den Toren der Stadt" = la forêt primitive aux portes de la ville. Ce programme vise également à réhabiliter les plans d'eau, anciens bassins de décantation de l’ndustrie minière.
- Un centre d'initiation à la nature existe dans le Saarkohlenwald au lieu dit " Scheune Neuhaus" (point 4 sur la carte de localisation). Des sorties, des conférences sont organisées pendant toute l'année. Possibilité de restauration sur place ou de pique-nique sous abri à proximité immédiate : Wildnis-Camp. Se renseigner auprès de
Urwald vor der Toren der Stadt / Scheune Neuhaus
Compléments bibliographiques
Jean-Yves Boulanger. Industrie et géologie sarroises - Excursion du 14 juillet 1994 - Congrès APBG.