Perte de la Meuse : 3. Description
La Meuse a un lit permanent et pérenne jusqu'à Bazoilles-sur-Meuse bien que des pertes existent en amont. Des travaux anciens de colmatage des pertes en amont du pont de Bazoilles ont permis d'y maintenir la Meuse "en eau" toute l'année.
Photo 1 : La Meuse au pont de Bazoilles (été 2012)
En aval du village, la Meuse disparaît totalement durant une grande partie de l'année.
Dès que les faciès du Jurassique moyen se font moins marneux, la Meuse n'occupe plus son lit entre Bazoilles/Meuse et Noncourt que lorsqu'un débit suffisant lui permet de compenser ses pertes dans les calcaires fracturés du Bajocien supérieur et du Bathonien.
Le site des pertes de la Meuse peut donc prendre différents visages en fonction du débit de la rivière.
En période de hautes eaux (automne, printemps), le site n'est plus une perte ! La Meuse coule dans son lit aérien et rien ne permet de penser qu'une partie de son débit est absorbée dans un cours souterrain. Il n'y a pas de vortex visible.
Photo 2 : La Meuse occupe son lit entre Bazoilles et Noncourt (hiver 2011-2012)
En étiage (été), la Meuse disparait totalement, le karst absorbant alors tout le débit de la rivière.
Photo 3 : Une des pertes de la Meuse (Bazoilles/Meuse été 2012)
Plusieurs pertes absorbent totalement l'eau de la Meuse ; des petits ruisselets d'écoulement sont observables.
Photo 4 : Le lit de la Meuse à sec entre Bazoilles et Noncourt (été 2012)
Les pertes absorbent totalement l'eau de la Meuse, laissant ainsi un lit totalement à sec au fond duquel on peut se déplacer.
Plus en aval, le lit de la Meuse se résume à une zone broussailleuse faite de bras et de laisses d'eau. Il est difficilement accessible tant la végétation est dense. C'est une zone naturelle protégée (ZNIEFF Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique).
Si la Meuse peut disparaître totalement dans les calcaires fracturés, elle réapparaît à quelques km de là à Noncourt (Voir fiche "résurgence de la Meuse" à Neufchâteau) dès que son lit emprunte les marnes du Callovien. En hiver, son cours serpente en continu jusqu'à Neufchâteau (1).
Ces correspondances des pertes avec les différentes résurgences et sources de la région de Neufchâteau ont été mises en évidence et vérifiées par des expériences de coloration (1).
La zone est affectée par une tectonique cassante en extension : on y met en évidence plusieurs petits fossés d'effondrement étroits qui recoupent ou longent la vallée de la Meuse (en amont de Bazoilles, à Noncourt, ..., en amont de Rebeuville ...) de directions N30° et N45°E et N160° à 170°E (Voir la fiche "grotte de l'Enfer" à Rebeuville).
Toute l'année, une partie du débit de la Meuse circule donc dans un réseau souterrain.
Pour avoir une information plus complète sur ce phénomène, il est indispensable de consulter la fiche sur les résurgences de la Meuse à Noncourt (Fiche Neufchâteau 2).
Voir aussi l'annexe de la fiche "grotte de l'Enfer" à Rebeuville pour une rapide description des variations de débit du Mouzon, dont le cours parallèle à celui de la Meuse voisine, montre des phénomènes de pertes et résurgences comparables.
Il faut aussi noter la présence à Bazoilles-sur-Meuse, d'un important réseau karstique "La grotte aux Mille diaclases" (2) découverte en 1990.
(1) MAUBEUGE P.L. (1980) Le problème des pertes de la Meuse et de l'hydrologie des environs de Neufchâteau (Vosges), Bulletin trimestriel de l'Académie et Société Lorraine des Sciences, Tome 19, n° 4, pp. 9-24.
(2) PERY E. (2011) La grotte aux Mille diaclases, Spelunca, 121, pp. 23-28.
Auteurs : Philippe MARTIN - Didier ZANY - Date de création : 20/02/2012 - Dernière modification : 27/03/2024