La Roche du diable à Abreschviller : 3. Description
La Roche du diable
La Roche du diable constitue l'arête terminale sud-ouest d'une dalle gréseuse dégagée par l'érosion. A son extrémité nord (à 2,2 km), se situe un autre haut-lieu, la grotte de Saint Léon. Au premier abord, l'arête se présente sous forme d'une falaise régulière haute d'une vingtaine de mètres, dégagée par l'érosion le long de grandes fissures orientées sud-ouest / nord-est. Les roches qui la composent forment des bancs gréseux relativement étendus, dont l'épaisseur varie cependant latéralement.
La Roche du diable est constituée de deux formations du Buntsandstein : dans la partie inférieure affleure le sommet du Grès vosgien, dans la partie supérieure, ce dernier est coiffé par la dalle du Conglomérat principal. Dans le bas de la photo prise à partir du sentier remontant sur la face nord-ouest, on distingue les bancs lenticulaires de Grès vosgien. Celui-ci présente, dans ce territoire, un faciès relativement grossier, riche en galets. Au sein des bancs alternent litages obliques et horizontaux caractéristiques d'un type de sédimentation de chenaux en tresse. Au-dessus, le Conglomérat principal se reconnait aisément aux bancs pétris de galets dont certains dépassent la dizaine de cm. Il comprend par endroits des passées gréseuses.
La limite Grès vosgien / Conglomérat principal photographiée ici à l'extrémité sud-ouest du rocher, est loin d'être plane. La zone de contact entre les deux unités est nette et suit une surface ondulée qui témoigne de l'existence d'une phase d'érosion ayant précédé le dépôt des graviers. On pourra remarquer la vire existant par endroits au sommet du dernier banc de Grès vosgien partiellement tronqué. Dans ce site en forme de rentrant, se rejoignent plusieurs fissures élargies par l'érosion. Dans certaines, des blocs détachés près de la surface sont restés coincés dans leur chute.
Autre aspect de l'extrémité de la Roche du diable : le bloc plurimétrique noté A, à droite est formé de conglomérat. Son emplacement sous la zone de contact Grès vosgien / Conglomérat principal indique qu'il provient d' un effondrement d'une partie de paroi. La stratification fortement inclinée visible seulement sur le flanc (caché ici par le conifère) montre qu'il a glissé sur la pente à la manière d'un "bloc basculé". Ainsi, le creusement de la vallée a entamé la dalle de Conglomérat le long des zones fissurées (F), provoquant par effondrements répétés, son recul progressif au fil des âges.
Côté nord-ouest, le sentier gagne le sommet du rocher par un passage assuré grâce à un cable. De là-haut, la vue embrasse la haute vallée de la Sarre rouge depuis sa source dans le massif du Donon (à l'arrière-plan : photo de gauche) jusqu'à son passage par Abreschviller (vue de doite). On pourra observer les monts en trapèze formés de grès, les vallées en V à fond plat dans leur partie basse alluvionnaire. A l'ouest, se profile un horizon presque plat annonçant l'appartenance de l'ensemble à la marge orientale du Bassin parisien.