tourbière de l'étang de Hanau : 3. Description
L'étang de Hanau se situe dans le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord. La tourbière appartient à la Réserve naturelle nationale des rochers et tourbières du pays de Bitche et fait partie des Zones Spéciales de Conservation du réseau Natura 2000. Il s'agit de la seule tourbière ouverte à la visite.
Après un bref aperçu du contexte géologique, la fiche présente divers paysages végétaux de ce secteur, au cours du cheminement en direction de l'étang. Ils sont tous visibles depuis le sentier. Dans la partie Annexe 1, seront évoqués quelques aspects concernant le fonctionnement de ce milieu.
Aperçu géologique du secteur de Hanau
La carte géologique indique que l'étang de Hanau occupe des terrains formés par des alluvions récentes (Fz) composées de sables issus du démantèlement des assises du Grès vosgien. A son extrémité aval, la vallée large jusque-là, se resserre et un lambeau perché de terrasse alluviale plus ancienne (Fy) subsiste en rive droite. Les affleurements naturels de grès (t1b) dans ce secteur sont plutôt rares à basse altitude. On pourra en observer un au carrefour de la D662 avec la route de l'étang D162F (parking possible). A cet endroit (point jaune A), l'aménagement routier a dégagé une paroi où les bancs de grès à stratification oblique sont visibles.
L'affleurement peut être visité virtuellement dans Google maps (coordonnées : 48.997571,7.534999) :
Découverte de la tourbière de Hanau
1. La zone haute : domaine de la forêt "naturelle" des Vosges du nord
A la hauteur du parking de la tourbière, la forêt est essentiellement caducifoliée. L'espèce dominante est le hêtre ( à droite de l'allée forestière) auquel s'ajoute le chêne (visible à gauche). Le type climacique est la hêtraie-chênaie acidiphile collinéenne sur sols sableux drainés (sols bruns lessivés à podzoliques), issus de l'altération du Grès vosgien. Si la hêtraie couvre de grandes surfaces, elle est présente très rarement sous sa forme primaire.
2. Les zones basses à l'approche de l'étang : la tourbière boisée
En progressant vers les zones basses, en direction de l'étang, le pin sylvestre devient rapidement dominant.
A gauche : Pin sur la plage en face de la tourbière (à l'arrière, tour du château de Waldeck) : Le pin sylvestre présente ici un développement remarquable : un fût rectiligne, un houpier très élevé. Il s'agit d'une variété locale désignée sous le nom de pin de Hanau. Le pin sylvestre est présent à l'état naturel sur les rochers de grès et dans les zones humides où il n'est pas concurrencé par le hêtre. Le phénotype observable sur les bords de l'étang est le résultat de pratiques liées à la sylviculture : semis denses de graines sélectionnées (variétés locales, de plaine / Haguenau, Darmstadt), éclaircissement tardif des plantations avec conservation des sujets les plus prometteurs (= dépressage).
A droite : Près du point de départ du sentier de découverte : pinède implantée par l'homme (remarquer les troncs d'égal diamètre). Le sous-bois comporte ici la fougère-aigle et la myrtille. Les feuillus sont encore présents (possibilité d'observer le sorbier des oiseleurs).
Le cheminement depuis la digue (autre accès possible au site) permet de constater la présence d'espèces introduites comme l'épicéa et le pin de Weymouth.
En descendant davantage, la pinède se modifie : le sol se couvre de mousses, l'eau est présente par endroits, dans des ruisseaux canalisés ou sous forme de flaques occupant les creux. La strate muscinale très développée comporte les sphaignes qui colonisent les creux et le polytric qui occupe les monticules. A la place de la myrtille -Vaccinium myrtillus -, une autre éricacée fait son apparition, l'airelle des marais -Vaccinium uliginosum - (photo à gauche). La formation végétale présente un faciès de pinède sur tourbe. Ce type de tourbière boisée fait l'originalité du massif des Vosges du nord. On y trouve quelques feuillus comme le bouleau pubescent et la bourdaine. Localement, c'est le bouleau qui domine en compagnie du saule à oreillettes (vue de droite), avec présence possible de l'épicéa à l'état subspontané.
A présent, le sentier gagne la lisière de la pineraie sur tourbe.
Le passage vers le milieu ouvert se fait par une zone de transition qui prend l'aspect d'une lande occupée par de jeunes pins en régénération naturelle tandis que le sous-bois est colonisé par la molinie bleue en touffes et par endroits par des pieds de callune. On retrouve également le saule à oreillettes, le bouleau pubescent et la bourdaine (bord du sentier, photo de droite).
3. La zone proche de l'eau : la tourbière herbacée
Le milieu ne permet plus le développement d'une strate arborescente: l'eau est présente à très faible profondeur. Les sphaignes se développent sous forme de petites buttes (tourbière haute ou bombée). Les herbacées sont ici le rhynchospore blanc (cypéracée) et la drosère repérable grâce à ses feuilles rouges.
Le ponton permet de s'approcher au plus près de l'étang
En contact permanent avec l'eau libre s'est installée une végétation amphibie caractérisée par des espèces appartenant aux Cypéracées (scirpaie). Au printemps, la floraison de la linaigrette apporte une note originale. Dans l'eau profonde, se développent des touffes de nénuphar blanc. Une barrière flottante interdit l'accès à la tourbière depuis l'étang
Remarque : la tourbière herbacée comporte un certain nombre d'espèces remarquables qui ne sont pas détaillées ici. Elles se découvrent au gré des saisons. Certaines, visibles depuis le ponton, sont signalées sur les panneaux tout au long du parcours.
La faune : quelques espèces de libellules, de papillons et d'araignées propres à cet environnement peuvent être aperçues au cours de la belle saison.