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tourbière de l'étang de Hanau : 5. Annexe I

Origine de la tourbière de Hanau (historique)

Classiquement, ce sont les tourbières qui livrent une page d'histoire du passé climatique du secteur. Les données (sondages) sur le site de Hanau sont rares.

Le cadre géologique : point de départ

Les tourbières des Vosges du nord sont situées à proximité de la frontière avec le proche Palatinat, dans une bande de terrain d'environ 15 km de long sur 7 km de large,  orientée sud-ouest / nord-est. Elle correspond à la zone d'affleurement du toit des Couches de Trifels, coiffée de lambeaux résiduels qui appartiennent à l'unité supérieure des Couches de Rehberg. Le Grès vosgien qui forme cette série est constitué essentiellement de bancs à stratification oblique résultant du dépôt de sables dans un réseau de chenaux fluviatiles en tresses au Trias. Toutefois, les Couches de Rehberg comportent également des grès peu indurés, à lamination horizontale. Ces derniers ont été interprétés comme étant des dépôts éoliens (Dachroth). Cette moindre résistance de l'assise supérieure conjuguée aux effets de la tectonique tertiaire a favorisé son déblaiement lors des périodes froides.

 

Le résultat  visible sur l'extrait de carte ci-dessus (données d'après Géoportail : géologie + relief) est une géomorphologie marquée par des échines de grès résiduelles, perpendiculaires à la direction de pendage des assises vers le nord-ouest et séparées par des vallées larges à fond plat. Une de ces barres rocheuses connues est l'arche de l'Erbsenberg au nord de l'étang de Hanau. Les fonds de vallées sont comblés par des alluvions sableuses provenant du démantèlement des grès. Elles favorisent l'installation de sols hydromorphes colonisés par des formations de type tourbières. C'est le cas du cours anaclinal du ruisseau de Waldeck-Hanau qui se jette dans le Falkensteinbach. Ce dernier a une pente de l'ordre de 0,9% entre sa source et Eguelshardt, de 0,5 % dans la traversée de la  zone des tourbières jusqu'à Lieschbach et à nouveau une déclivité de 1% au delà de Philippsbourg en direction du fossé rhénan (Thiebaut 1996).

Les hypothèses sur la tourbière pré-historique.

Chacun des deux étangs de Waldeck et Hanau (voir l'extrait de carte ci-dessus) possède une tourbière dont l'existence est étroitement liée à la présence de la retenue d'eau artificielle. Ces étangs sont situés dans la zone de confluence de plusieurs ruisseaux, où les épandages d'alluvions de périodes froides sont bien développés. Il est donc fort probable que ces emplacements aient été occupés par des zones marécageuses à la fin de la dernière glaciation. La nature de la couverture végétale n'est pas directement connue. Un sondage ancien (1937) réalisé dans une vallée adjacente livre cependant quelques informations.  

Le diagramme pollinique est calé sur une période d'environ 8000 ans d'après une datation au Carbone 14. Il montre l'évolution de la végétation autour de la tourbière de Neudoerfel dans un vallon à l'est de Hanau. Les stades précoces ont été marqués par la prépondérance du pin et du bouleau. Ce résultat associé à la découverte de macrorestes végétaux dans plusieurs sites (recherches en cours) semble militer en faveur d'un stade initial de bas-marais tourbeux plus ou moins boisés de saules, bouleaux et/ou aulnes (communication personnelle, L. DUCHAMP).

Les transformations historiques

Evolution historique du site (téléchargeable au format .doc ou .pdf)

 
Evénements Variations climatiques    

Fondation de

l'abbaye de Sturzelbronn

        +

Construction de châteaux

   

ateliers de

verrerie itinérants

verreries sédentaires

Guerre de

Trente ans et période

postérieure

dévelopt. de forges

période

industrielle

Déclin industriel

Déprise 

agricole

Création

zone de

loisirs

 
Calendrier

Epoque

pré-

historique

- 10 000 (?)

au Xème S

X XI XIIème siècle XIII XIV XV XVI XVII XVIII XIX XX XXI
Pratiques      

Défrichements

prairies /

cultures

Création

d'étangs

   

Exploitation

du bois

 idem

Abandon d'activités

+ reprise


Déboise-

ments

(charbon

de bois)

Drainage

de marais

plantaions

de pins +

espèces

introduites

(bois pour

mines)

Transforma-

tion du site

+

 Mesures de

sauvegarde

idem
Effets

Modifications

érosion /

dépôt /

végétation /

turfigenèse

 

   

Ennoyage du site primitif

migration de

la zone de

tourbière

 

   

Perturba-

tions du

cycle de l'eau

(nappe)

modifications

probables

(tourbière)

 idem idem

-Asséche-

ment

-Minérali-sation

de la

tourbe

 

-Acidifi-

cation

du milieu

- espèces

favorisées

(pinède à tourbe)

Réduction surface

Disparition

 d'espèces

(pollution)

envahisse-

ment par

espèces

"banales"

risques

idem

 

Fonctionnement de la tourbière

La tourbière résulte d'un équilibre entre différents facteurs :

Dans les Vosges du nord, malgré l'altitude relativement basse, les vallons et cuvettes forment des poches où le froid stagne (moyenne de température annuelle proche de 10°c). Les précipitations sont élevées (950 mm) et réparties sur l'année en raison de la double influence atlantique et continentale (orages d'été). Le grès se désagrège en sables très pauvres en éléments minéraux ce qui rend l'eau de ruissellement acide (PH voisin de 5). La végétation qui convient à ces milieux engorgés comporte des espèces à affinité boréale (Calla palustris, Lycopodium inundatum) considérées comme relictuelles des périodes glaciaires et des espèces à affinité atlantique (Scirpus multicaulis, Potamogeton oblongifolius, Rhynchospora...).

A long terme, l'évolution naturelle du milieu tend vers la forêt. Dans le secteur de Hanau, la pinède sur tourbe favorisée par l'Homme constitue un environnement original qui rappelle les pineraies à myrtille des marais développées plus à l'est.

Fragilité du milieu

Comme de nombreuses autres tourbières, celle de Hanau a subi des atteintes et reste un milieu exposé et fragile. Les signes les plus visibles sont la lente disparition d'espèces révélées par les archives botaniques, tout comme l'invasion du site par des espèces indicatrices de pollution ( roseau, aulne, rubanier).

 

Secteur envahi par les roseaux (Phragmites australis). Ce végétal au rhizome traçant colonise rapidement de grandes surfaces. Sous son couvert, la biodiversité diminue faute de lumière. Sur le document, derrière une zone à molinie (premier plan) , la roselière gagne sur la cariçaie et la tourbière basse.


Auteur : Etienne FEUCHTER - Date de création : 11/09/2013 - Dernière modification : 21/11/2013

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Contact : Roger CHALOT (Géologie) - Christophe MARCINIAK (Réalisation)