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Vallée glaciaire du Val d'Ajol : 5. Annexe I

Quelques éléments de géochimie et de chronostratigraphie isotopique :

Les valeurs de δ 18O utilisées pour établir le référentiel appelé échelle SPECMAP pour SPECtral MAping Project (fig.17) sont obtenues à partir de mesures effectuées sur des tests carbonatés (CaCO3 enregistre le fractionnement de 18O par rapport à 16O) de foraminifères benthiques et planctoniques et sur des échantillons de carottes de glaces (H2O enregistre aussi le fractionnement de 18O par rapport à 16O) extraites des calottes polaires antarctique et groenlandaise.

Fig. 18 : Methode de calcul de δ 18O

La normalisation s'effectue en référence à des standards internationaux :

- soit PDB = Pee Dee Belemnite, un rostre de Bélemnite fossile du Crétacé, période sans glaciation, et provenant de Caroline du Sud (USA),

- soit SMOW = Standard Mean Ocean Water, composition isotopique moyenne d'un mélange d'eaux distillées (donc sans sels) provenant de différents océans du monde, et censé représenter la composition moyenne de l'eau sur la Terre.

18O et 16O sont deux isotopes de l'oxygène. Ils possèdent les mêmes propriétés chimiques mais des propriétés physiques différentes (= ils sont sensibles aux fractionnements = au passage d'un réservoir dans un autre). Comme l'isotope 18O est plus lourd que l'isotope 16O, des propriétés physiques légérement différentes liées à leur différence de masse vont exister et donc des fractionnements s'exercer.

Le fractionnement sera fonction (9)(10):

-  de la température : une élévation de température favorise l'évaporation.

Une molécule d'eau contenant 16O étant plus légère et s'évaporant plus facilement qu'une molécule contenant 18O, l'eau des nuages sera plus riche en 16O que l'eau de la mer d'où elle provient (= il y aura bien fractionnement isotopique).

- et de la latitude: les molécules d'eau contenant 18O plus lourd précipitant plus facilement que celles contenant 16O, et les circulations atmosphériques (cellules convectives) conduisant les nuages vers les hautes latitudes, la neige qui tombera au pôle sera de l'eau quasiment dépourvue d'18O déjà précipité.

Le rapport δ 18O deviendra donc de plus en plus négatif lorsqu'on s'élèvera en latitude et afin de pouvoir établir des comparaisons, les mesures de δ 18O devront soit être effectuées à des latitudes voisines, soit être corrigées (correction égale à environ −0,6‰ par degré de latitude pour l'hémisphère Nord et jusqu'à −2‰ pour le continent Antarctique) pour qu'elles puissent être scientifiquement comparables.

En période glaciaire (froide), l'évaporation est faible et c'est donc surtout du 16O qui est évaporé et qui précipitera et le  δ 18O sera très négatif. A l'inverse lors d'une période interglaciaire (plus chaude), l'évaporation est intense et même si c'est toujours l'eau contenant 16O qui est préférentiellement évaporée, une grande quantité d'eau contenant 18O le sera aussi parce que l’énergie de vaporisation est plus facilement atteinte lorsque la température est plus élevée.  Le δ18O des nuages en période chaude est ainsi plus élevé et par voie de conséquence le δ18O de la glace sera donc lui aussi plus élevé pendant la période chaude que pendant la période froide.

Un thermomètre isotopique peut donc être établi et être utilisé à une latitude donnée. L'échelle chronostratigraphique, enrichie par des mesures de  δ 18O effectuées sur des microfossiles et/ou des glaces et des eaux fossiles, permet au géologue, glaciologue ou géomorphologue de se repérer (fig.18).

Fig. 19 : Chronologie des principaux épisodes glaciaires et inter-glaciaires et courbes SPECMAP lissées du δ 18O océanique, issues du projet de la National Science Foundation: Mapping Spectral Variability in Global Climate Les stades isotopiques (OIS = Oxygen Isotopic Stade), sont numérotés par ordre croissant à droite de la courbe du δ 18O (voir par exemple Martinson et al., 1987)(8)


Auteurs : Philippe MARTIN - Didier ZANY - Date de création : 12/03/2014 - Dernière modification : 16/05/2016

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