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Mine de sel : 3. Description

A Varangéville, en Meurthe-et-Moselle, à 15 km au sud-est de Nancy, se trouve la dernière mine de sel de France. Elle est exploitée par la  Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l’Est (CSMSE)

Le début de l'exploitation remonte au milieu du 19ème siècle : le 13 août 1855, création de la Société du Comptoir de l'Industrie du Sel et de la Saline de St Nicolas Varangéville pour l’exploitation de la concession salifère St Nicolas-Varangéville.  

L'histoire du groupe Salins dont la CSMSE est une composante, a démarré en 1856 à Aigues-Mortes. Actuellement, la CSMSE est le premier producteur de sel en France, le seul en Europe à élaborer toutes les catégories de sels présentes sur le marché.  La majeure partie de la production est assurée principalement au bord de la Méditerranée par les Salins d’Aigues-Mortes et de Giraud, et en Lorraine par l’établissement de Varangéville.
Ce dernier emploie environ 200 personnes dont une quarantaine possède le statut de mineur.

Le sel extrait des profondeurs est majoritairement destiné au déneigement (98% de la production) ou, pour une petite partie (2%) à l'industrie chimique et au raffinage : fabrication de sels adoucisseurs, alimentation animale (pierres à lécher) ou humaine (sels nitrités de boucherie), etc.

Le sel de déneigement est distribué aux régions du quart nord-est de la France (de la région lyonnaise jusqu'aux Ardennes), à l'exception de l'Alsace.

Le gisement exploité est un vaste ensemble sédimentaire souterrain représentant une surface de 230 km x 100 km et une épaisseur de 90 m. Le potentiel de ce gisement est estimé à 4000 milliards de tonnes. La roche est une évaporite ancienne formée au Trias, il y a 220-225 millions d'années (fig.3), le sel gemme. Elle  est constituée de halite (chlorure de sodium - NaCl) à 91%, à laquelle se mêlent moins de 10% d'impuretés sous forme de marnes. Ce sel est actuellement exploité à une profondeur de 160 m, là où sa pureté est la meilleure.

Le sel gemme se reconnaît à son aspect cristallin, sa faible densité mais surtout à son goût salé. Les cristaux de sel automorphes ont une forme cubique. Ses impuretés argileuses confèrent une teinte noirâtre au sel de Varangéville (fig.4).

La formation d'une évaporite résulte de la précipitation chimique de sels contenus dans l'eau de mer ou continentale. En milieu marin, le chlorure de sodium est initialement à la concentration de 35 g par litre d'eau de mer ; il précipite après évaporation de 90% de l'eau de mer. Ces conditions environnementales étaient celles qui prévalaient en Lorraine à la fin du Trias soumise à un climat aride (voir aussi "Le sel à l'intérieur des terres" en Annexes scientifiques sur ce site).

 

 

Fig.3 : Position stratigraphique du gisement de sel gemme de Varangéville (illustration © BRGM)

Par an, ce sont environ 400 à 500 milliers de tonnes qui sont extraites de la mine de Varangéville qui comprend 100 km de galeries (certaines sont abandonnées). L'exploitation se fait selon la méthode dite des « piliers abandonnés » : les galeries horizontales sont creusées selon un maillage régulier ; entre les galeries d'exploitation, il subsiste des piliers abandonnés qui assurent le soutènement.
Une bonne partie du sel concassé reste sur place dans la mine. Réparti dans 4 chambres de stockage, d'une capacité de 10 000 t chacune, il est ensuite progressivement acheminé, par bandes transporteuses, vers la surface pour un stockage dit "humide" en extérieur (90 000 t) ou pour un stockage "sec" sous hangar (20 000 t).

 

Fig.4 : Échantillon de sel gemme de Varangéville

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En temps normal (hors confinement sanitaire), la descente au fond de la mine se fait par groupe de 5 personnes, grâce à un ascenseur empruntant le conduit d'un ancien puits. Lors de la visite dans les galeries souterraines, hautes de 4m50 et larges de 13m (fig.2), les déplacements se réalisent à pied et diverses thématiques sont abordées :

  • l'historique de la mine et l'évolution des techniques d'exploitation minières de 1856 à nos jours ;
  • les différents métiers et l'organisation actuelle de la mine ;
  • les mesures de sécurité et les contraintes de protection environnementale en vigueur ;
  • l'acheminement des équipements et des véhicules (démontés, sciés puis remontés et resoudés au fond) et les lieux de stockage des anciens équipements constituant un musée à part entière ;
  • la projection d'un film sur l'entreprise dans une salle aménagée en fin de visite.

 

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Documents complémentaires :

- "Le sel à l'intérieur des terres" - Jacqueline André, Jean Baly - livret guide d’excursion du Congrès Lorraine de l’APBG 1994. 

- Documents publiés par les Becs Salés, une association de mineurs de Varangéville et notamment :

- Reportage de France 3 Lorraine : Varangéville : la mine de sel au régime (février 2015) http://france3-regions.francetvinfo.fr/lorraine/2015/02/10/varangeville-la-mine-de-sel-au-regime-652353.html

- Reportage de France Bleu Sud Lorraine : A Varangeville, près de Nancy, la dernière mine de sel en France prépare l'hiver (novembre 2015)  https://www.francebleu.fr/infos/societe/varangeville-pres-de-nancy-la-derniere-mine-de-sel-en-france-prepare-l-hiver-1446975279

- Reportage photographique : http://tchorski.morkitu.org/5/varangeville-01.htm

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Auteurs : Didier ZANY - Roger CHALOT - Date de création : 02/11/2016 - Dernière modification : 05/06/2021

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Contact : Roger CHALOT (Géologie) - Christophe MARCINIAK (Réalisation)