Pierre du Chaud Costet : 3. Description
La Pierre du Chaud-Costet, parfois appelée Pierre Charlemagne, est un énorme bloc de granite des crêtes (4m x 6m environ) aux formes arrondies (fig.1). Des écailles se sont détachées du bloc sous l'action de la chaleur dégagée par des feux de bois produits à l'abri de la roche.
Fig.1 : La Pierre du Chaud-Costet
Plusieurs hypothèses ont été retenues pour expliquer la présence de ce bloc de granite :
- Il pourrait s'agir d'un tor, bloc de granite résiduel après altération (modèle de ce qui peut-être observé sur la côte de granite rose en Bretagne dans la région de Ploumanac'h et Trégastel - voir par exemple: http://planet-terre.ens-lyon.fr/image-de-la-semaine/Img377-2012-02-06.xml)
Cette hypothèse du tor a été avancée car l'orientation des gros feldspaths sur le bloc correspond à l'orientation de ces mêmes cristaux dans le substratum... mais cela peut n'être qu'une simple coïncidence.
- L'hypothèse la plus couramment retenue dans la littérature et la plus plausible aussi, vu le contexte géologique et historique local, est qu'il correspondrait à un bloc erratique transporté par un glacier, abandonné là lors de sa fonte et débarrassé, par l'érosion, des sédiments plus fins qui l'emballaient (fig.2).
Fig.2: Formation d'un bloc erratique (inspiré de Flageollet, 2003)
Ces blocs transportés par la glace constituent des témoins de l'extension des glaciers dans la région, au cours des épisodes climatiques froids du Quaternaire. Ils témoignent aussi de leur épaisseur : par exemple, le bloc de granite décrit ici se situe à 730m, soit environ 100m au dessus du fond de la vallée.
De gros blocs de granite (fig.3) peuvent ainsi être retrouvés mêlés aux sédiments plus fins dans les dépôts glaciaires ou glacio-lacustres comme dans la carrière du Pré J'Espère au Tholy (voir fiche correspondante).
Fig.3 : Exemple d'un gros bloc de Granite des Crêtes retrouvé dans les sédiments glaciolacustres
exploités dans la carrière du Pré J'Espère au Tholy et dégagé lors de l'exploitation.
Il aurait potentiellement pu devenir un bloc erratique après érosion des sédiments qui l'emballaient.
Remarquer les stries glaciaires sur le bloc. Le bouchon d'objectif de l'appareil photo donne l'échelle.
À noter également les effets de l'altération s'exerçant sur le Granite des Crêtes qui mettent en relief les silicates les plus résistants (feldspaths et quartz) (fig.4).
Fig.4 : Mise en relief des minéraux les plus résistants à l'altération. Remarquer aussi l'orientation des minéraux.
Référence bibliographique:
FLAGEOLLET J.-C. (2003) - Sur les traces des glaciers vosgiens, éditions CNRS Paris.
Auteurs : Philippe MARTIN - Didier ZANY - Date de création : 22/08/2017 - Dernière modification : 27/04/2024