La tourbière de Machais (ou Machey) est la plus importante tourbière intacte du département des Vosges. Elle s'intégre dans une Réserve Naturelle Nationale (http://www.reserves-naturelles.org/tourbiere-de-machais et http://www.tourbieres-machais.reserves-naturelles.org/pages/accueil.asp) de presque 145 ha, comprise dans le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges qui la gère. C'est une des dernières tourbières flottantes du département.

Cette grande tourbière (presque 25 ha) occupe la totalité du fond d'un petit cirque glaciaire. Elle s'est formée à la fin du Würm dans la cuvette abandonnée par un glacier lors de sa fonte.

Le site regroupe plusieurs écosystèmes ou habitats intéressants. En allant des flancs au coeur du cirque, on passe d'un milieu fermé, la hêtraie-sapinière, ses talus d'éboulis et ses tourbières "de pente" drainées par de petits ruisseaux ou "gouttes", à la tourbière bombée en périphérie du milieu ouvert puis à la tourbière flottante lacustre.

"Disséminées dans les peuplements forestiers, les tourbières de pente bénéficient en plus de l'eau des précipitations, d'un apport en eau minéralisée (eau de source, ruissellements). Des touradons, buttes "chevelues", de molinie ou de laîche noire les parsèment."(1)

La tourbière bombée (plusieurs ha) totalement émergée (fig.2) est envahie par les éricacées - canneberges, airelles, myrtilles... - et certains feuillus pionniers comme les bouleaux, les trembles, les saules... Alimentée en eau uniquement par les précipitations, elle montre le dernier stade d'évolution d'une tourbière. L'accumulation de tourbe atteint 9 à 10 m par endroits. La colonisation progressive de la tourbière par les ligneux fera progressivement dans le temps la transition avec la forêt.

La tourbière flottante (quelques ares) (fig.3) montre une dynamique active, originale et remarquable. "Un mécanisme naturel de rajeunissement du radeau flottant du lac relictuel glaciaire est régulièrement observé. Il se manifeste soit par ennoyage localisé ou retournement des îlots flottants végétalisés (les « branloires »), soit plus rarement, par émersion locale de tourbe alors immergée soulevée par des gaz issus des fermentations anaérobies. Des milieux pionniers rapidement colonisés par des groupements végétaux initiaux de tourbe nue se recréent ainsi constamment sur de petites surfaces" (1).

Fig. 2 : Partie de tourbière bombée

Fig. 3: Le lac de Machais et sa tourbière flottante, un peu d'eau libre au fond du cirque

Parmi les espèces animales protégées à Machais, citons le Grand Tétras (Tetrao urogallus major), des libellules (Leucorrhine douteuse : Leuchorrhinia dubia, ...) et des papillons rares (Nacré de la Canneberge : Boloria aquilonaris, ...) ainsi que quelques plantes inféodées aux tourbières comme des droséracées (Drosera rotundifolia,... ) et des éricacées (Canneberge : Vaccinium oxycoccos, Andromède à feuille de polium : Andromeda polifolia, ...).

Remarque. A une douzaine de kilomètre, le lac de Lispach, dans la vallée du Chajoux, présente lui aussi une tourbière lacustre : fiche Tourbière de Lispach.

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Bibliographie :

(1) http://www.tourbieres-machais.reserves-naturelles.org/pages/patrimoine_tourbieres.asp