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Tourbière de Lispach (88) : 3. Description

Le lac et la tourbière de Lispach (fig.2) se situent à 912 m d'altitude au fond de la vallée du Chajoux (fig.1, fig.4). Cette tourbière lacustre entourée d'épicéas est remarquablement préservée. Elle est constituée aux 2/3 par un radeau de tourbe flottante (1) encerclant un petit lac retenu derrière une digue artificielle.

La vallée du Chajoux a été creusée dans des roches homogènes (gneiss et granite) ; ceci explique qu'elle soit pratiquement rectiligne ; elle suit de fait une faille (2).

Fig. 2 : Le lac et la tourbière de Lispach

Cette belle vallée glaciaire caractéristique, et reconnue très tôt comme telle par Henri Hogard dès 1851 (3)(fig.3), est barrée par des bourrelets (moraines et/ou kames) (fig.4, fig.5)(2)(4)(5), vestiges abandonnés lors des phases de recul du glacier du Chajoux et de la fonte de ses culots de glace à la fin du Würm. Les verrous de roches dures sont rares ou absents du fait de l'homogénéité de la roche constituant le substratum (2).

Le glacier du Chajoux, peu actif, se serait scindé lors de son retrait en plusieurs culots de glace morte (4). Les espaces compris entre ceux-ci, d'allongement perpendiculaire à l'axe de la vallée, ont été partiellement comblés par des dépôts fluvio-glaciaires. La fusion des culots de glace a ensuite mis ces dépôts en relief formant des "kames ridges ou kames transversales ou rides de kame". Cette hypothèse de Salomé (4) a été reprise ultérieurement par Guebourg (5). Flageolet (2) parle uniformément de moraines ou bourrelets morainiques formés lors de deux stades distincts de recul.

Fig. 3 : Moraines glaciaires barrant la vallée du Chajoux ( © Cliché de la Bibliothèque-médiathèque de la ville de Nancy - extrait de la planche 24 , fig. 1 : les premières moraines de la vallée du Chajoux, à La Bresse, vues d'aval , Henri Hogard ; Atlas de 1851)

Fig.4 : Carte des stades de retrait et des dépôts glaciaires abandonnés par les petits glaciers de la Vallée du Chajoux (in Flageolet 2002). Le Lispach est situé tout en amont de la vallée (emplacement du glacier bordant la marge supérieure de la carte sur la droite)

Le fond de la vallée du Chajoux est bosselé (fig.5) par les restes de moraines terminales édifiées par chacun des petits glaciers (culots de glace de Salomé) qui barraient la vallée (Flageolet 2002)

Fig.5 : Vue aérienne de quelques bourrelets qui barrent la vallée du Chajoux (© Miltiade Léger ClichéO 2013)
Au centre du cliché, le "Metty" et la vallée du ruisseau du Saichy (Goutte du Saichy) limitée par ses deux bourrelets transversaux, à l'extrème droite la retenue de la Ténine.

 (Voir dans les documents à télécharger : une carte géologique et cette photo dynamisées)

Les moraines ont été entaillées par le ruisseau qui descend dans la vallée et les brèches naturelles existantes ont été élargies pour laisser passer la route d'accès au site de Lispach.

Un autre site, constitué par le lac et la tourbière de la Tenine (fig.6), situé en aval de celui de Lispach à proximité du pas de tir du stade de biathlon, est occupé par une tourbière haute ou ombrotrophe qui n'est alimentée que par l'eau des précipitations ; le lac qui la borde retenu par une digue, est totalement artificiel

Fig. 6 : Lac et Tourbière de La Tenine

Les tourbières de Lispach et de la Ténine sont des Espaces Naturels Sensibles du département des Vosges (1) situés à l'intérieur du Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges. Elles font partie du réseau Natura 2000 (http://pnrbv.n2000.fr/les-sites-du-parc/les-sites-lorrains/la-tourbiere-de-lispach).

Remarque. A une douzaine de kilomètre, le lac de Machais présente lui aussi une tourbière acustre : fiche Tourbière de Machais.

A noter qu'à proximité du chemin balisé qui fait le "Tour du Lac de Lispach" s'ouvre une ancienne galerie de mine (un panneau en indique l'entrée), étroite et basse mais visitable pour qui est équipé d'une lampe (fig.7a et b et 8).

 

Fig. 7 : Entrée de l'ancienne mine de cuivre

Cette mine exploitait un filon de minerai de cuivre (fig.8). La galerie fait environ 20 mètres ; elle se divise en deux boyaux. Quelques traces verdâtres de cuivre oxydé sont encore visible au fond de la galerie.

Fig. 8 : Panneau explicatif à l'entrée de l'ancienne mine de cuivre

 

Les auteurs tiennent particulièrement à remercier le photographe parapentiste Miltiade Léger (ClichéO) pour la très belle photographie aérienne de la Vallée du Chajoux qu'il a aimablement bien voulu leur confier.

 

Bibliographie :

(1) http://espacesnaturels.vosges.fr/les-ens/25-sites-a-visiter/les-tourbieres-de-lispach-et-de-la-tenine-a-la-bresse

(2) FLAGEOLET J.C. 2002 - Sur les traces des glaciers vosgiens CNRS Ed., 212 p.

(3) WEISROCK A. 1999 - Un précurseur de la géomorphologie : Henri Hogard (1808-1880) et la glaciation des Vosges, in Géographes de l'Est 1840-1940, Revue Géographique de l'Est, vol. 39 / 1, 23 p.

(4) SALOME A.I. 1968 - A geomorphological study of the drainage area of the Moselotte and upper Vologne in the Vosges. Rijksuniversiteit, Utrecht, 84 p.

(5) GUEBOURG J.C. 1978 - Étude géomorphologique de la vallée du Chajoux, Mémoire de maîtrise, Université de Nancy, 119 p.

BRGM 1976 - Notice de la Carte géologique de Munster, Feuille n° 377, BRGM Ed., 66 p.


Auteurs : Philippe MARTIN - Didier ZANY - Date de création : 22/08/2017 - Dernière modification : 29/12/2017

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