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Carrière des Anges-Pierre jaune de Metz : 3. Description

La carrière est ouverte dans l'"Oolithe de Jaumont". Il s'agit d'un calcaire à ooïdes (= pseudo-oolithes) à grain moyen, de couleur jaune (fig.3). Cette couleur est due à la présence d’oxydes de fer dans un sédiment déposé en mer peu profonde, au début du Bajocien supérieur (Jurassique moyen).

Pierre de Jaumont, patine ocre Pierre de Jaumont - cassure fraîche

Fig 3 : La Pierre de Jaumont : à gauche stratifications et patine ocre de la roche ; à droite cassure fraîche de la roche où ooides et bioclastes sont visibles (cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Pour une description détaillée de la Pierre de Jaumont voir la fiche Montois-La-Montagne.

Cette formation est classiquement considérée comme l'équivalent latéral de l"Oolithe Miliaire inférieure (ou Bâlin)" du Bajocien supérieur qui existe plus au sud, notamment à Nancy (fig.4). Cependant, des données stratigraphiques nouvelles, issues d'une étude la carrière de Roncourt toute proche (Erbland et al., 2019) pourraient remettre en question cette interprétation et placer l'Oolithe de Jaumont en dessous des Marnes de Longwy (et non au-dessus), ce qui daterait la formation du Bajocien inférieur.


Fig.4: Position de l'Oolithe de Jaumont dans la série stratigraphique régionale (illustration © BRGM)

L'Oolithe de Jaumont est exploitée depuis l'époque gallo-romaine, comme en témoignent les nombreux sarcophages et stèles découverts dans les chantiers archéologiques de Metz. Plus tard, ces roches ont été utilisées pour la construction de grands édifices tels que la cathédrale de Metz. La Pierre de Jaumont caractérise la ville de Metz : outre la cathédrale, elle est visible dans les fortifications de la ville, la Porte des Allemands, le Théâtre, le Palais du Gouverneur (devenu Palais de Justice), etc. De nombreux autres édifices lorrains sont aussi faits avec cette pierre, comme le Château de Malbrouck.
Cette pierre de taille devient aussi souvent dallage, revêtements ou encadrements de portes ou fenêtres.

"Pierre de Jaumont" ou "Pierre de Soleil" sont des appellations protégées. Seules les roches extraites sur le site historique du Bois de Jaumont (cf. fiche Carrière de Jaumont) peuvent être commercialisées sous ces appellations. Le calcaire de la carrière des Anges est vendu sous le nom de "Pierre jaune de Metz" car il ne peut bénéficier de l'appellation "Pierre de Jaumont".

A Moyeuvre-Grande, dans la carrière des Anges (fig.6), l'Oolithe de Jaumont est exploitée par l'entreprise Malena essentiellement pour la production de granulats par concassage et sur certains niveaux pour la production de pierre de taille (fig.5).

granulats bloc pierres de taille

Fig.5 : Deux utilisations de la Pierre de Jaumont dans la carrière de Moyeuvre-Grande : à gauche, production de granulats par un concasseur mobile ; à droite, blocs sélectionnés comme pierre de taille.

La carrière des Anges présente deux longs fronts de taille étagés sur une hauteur de 15 mètres environ (fig.6), séparés par un pallier caractérisé par une surface durcie perforée et couverte d'huîtres que l'on suit en surface structurale (fig.7). Le calcaire oolithique alterne avec des bancs plus argileux, marneux, dont la fréquence s’accroît à la base du front de taille supérieur et sur le front de taille inférieur où l’on rencontre aussi de nombreux hard-grounds, indicateurs d'arrêts de sédimentation, qui se succèdent au sommet des strates calcaires. Ces surfaces durcies ont souvent été colonisées par les huîtres dont on retrouve les coquilles fossilisées (fig.7D). L'ensemble des couches exploitées dans cette carrière fait partie de l'Oolithe de Jaumont.
 
 
Fig.6: Les fronts de taille de la carrière des Anges à Moyeuvre-Grande
 
Dans les bancs calcaires, les figures sédimentaires sont fréquentes et remarquables (fig.7) : litages obliques parfois en "arêtes de poisson" ou  "herringbone stratification ", traduisant un mode de dépôt sous l’action de courants, changeant régulièrement de direction dans un environnement tidal (sous l'influence des marées). L'aspect ondulé ou mamelonné de certaines limites de bancs (fig.8) évoque la présence probable d'hummocky-cross-stratification (= HCS) , structures caractérisant des dépôts de tempêtes.
 
 
Fig.7: Carrière des Anges à Moyeuvre-Grande ; A: les fronts de taille ; B: litages obliques et herringbone stratification visible sur la partie supérieure du cliché (repère = 10 cm) ; C1: surface durcie perforée ferruginisée (repère = 10 cm) et C2: détail et terrier vu en coupe ; D: un fossile d'une valve gauche d'huître du genre Ostrea (surface durcie) - (cliquer sur l'image pour l'agrandir)
 
 
Fig.8: Surfaces de bancs ondulées mamelonnées (HCS ?) au sein de l'Oolithe de Jaumont

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Ces deux carrières donnent accès aux roches du sous sol de la Côte de Moselle.

Stratigraphiquement, la "Pierre de Jaumont" exploitée dans cette carrière se situe au-dessus des formations visibles du Bajocien inférieur-supérieur dans la carrière abandonnée de Malancourt ("Calcaires à Polypiers", "Calcaire siliceux", "Marnes de Longwy" - fig.4 et fiche de Malancourt-la-Montagne). Dans le contexte paléogéographique plus élargi de la partie orientale du Bassin de Paris, l'Oolithe de Jaumont correspond à un corps sédimentaire progradant sur une rampe carbonatée depuis sa partie proximale au nord-est (bordure du massif des Ardennes) vers sa partie distale, au sud-ouest (en direction de la Bourgogne) durant une période de haut niveau marin (Brigaud et al., 2009 - voir aussi fig.11 de la fiche de Montois-la-Montagne). La fin de cet épisode sédimentaire est marquée par une surface de discontinuité et d'arrêt de sédimentation d'importance régionale, correspondant à une baisse de niveau marin relatif, et enregistrée (= hardground ) au sommet de l'Oolithe de Jaumont ou de ses équivalents latéraux (Oolithe Miliaire inférieure dans la région nancéienne). Cette surface constitue la surface de transgression sur laquelle se déposeront les Marnes du Jarnisy à  l'issue d'une remontée du niveau marin (Brigaud et al., 2009).

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Références bibliographiques:

BRIGAUD B., DURLET C., DECONINCK J.-F., VINCENT B., PUCÉAT E., THIERRY J. et TROUILLER A. (2009) - Facies and climate/environmental changes recorded on a carbonate ramp : a sedimentological and geochemical approach on Middle Jurassic carbonates (Paris Basin, France). Sedimentology Geology, n°222, p.181-206.

ERBLAND L., M’BENZE BOUITI A.Y.J. et LATHULIÈRE B. (2019) Roncourt : Carrière de Jaumont. Contribution ORAGE originale à la Banque de données du sous-sol n° 20, p. 1-13 - lien pdf


Auteurs : Didier ZANY - Roger CHALOT - Date de création : 24/10/2018 - Dernière modification : 26/06/2022

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Contact : Roger CHALOT (Géologie) - Christophe MARCINIAK (Réalisation)