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Affaissement Dombasle-sur-Meurthe : 3. Description

Un chemin suivait jadis la vallée du Sânon et un petit pont, le "Poncet", permettait d'enjamber le ruisseau des Côtes d'Ormes, affluent en rive gauche du Sânon.

La vallée du Sânon est en effet connue comme étant une voie historique du transit du sel (1). Elle abritait une saline dans chaque commune, à Sommerviller, Crévic, Maixe et 2 sites à Einville-au-Jard (voir la fiche Einville).

Ces exploitations, comme celles de la vallée de la Seille (Marsal, Dieuze, Salonnes, Vic, Moyenvic...), sont associées à des remontées artésiennes naturelles de saumures, issues des formations salifères du Trias.

Les premières exploitations des "mares salées" remontent au Premier Âge du Fer (-800 à -450). La mise en valeur quasi-industrielle de ce potentiel salifère débutera dès l'époque romaine à Marsal en particulier (2). Après une période de relatif abandon au Moyen-Âge, l'exploitation reprendra de plus belle avec le creusement de mines de sel gemme et une exploitation par dissolution en profondeur à partir du XIXème siècle.

La révolution industrielle et le contexte géopolitique qui fait suite à l'occupation de l'Alsace-Moselle après 1871 (perte des sites salifères de la Moselle annexée par la Prusse), ainsi que de nouveaux modes de transports (arrivée du chemin de fer dans la vallée de la Meurthe et mise en service du Canal de la Marne au Rhin qui remonte la vallée du Sânon depuis celle de la Meurthe) vont entrainer une réactivation des industries salicoles mises en sommeil entre 1247 et 1757 (3).

Dès 1880, dans la région de Dombasle-sur-Meurthe, et à Sommerviller en particulier, la méthode choisie pour exploiter le gisement salifère est la dissolution. De l'eau douce est injectée dans un puits et repompée lorsque la saumure atteint une concentration à 30% soit 300g de sel par litre.

Une saline de Sommerviller a fonctionné en continu pendant un siècle, entre 1857 et 1960. On y produisait les "Sels de la Mouette", du nom du propriétaire originel de la saline, Mr. Mouet.

Le mode d'exploitation par dissolution et pompage des saumures va entraîner des effondrements consécutifs à la création de cavités en profondeur (voir aussi les fiches Haraucourt et Art/Meurthe). Des fontis dans ces cavités auront des conséquences qui affecteront les terrains en surface et devront donc être contrôlés.

Un petit étang est bien présent sur la carte en 1950 (fig.2 - voir le site IGN Remonter le temps). Il s'est probablement formé par accumulation d'eau, apportée et accumulée lors des crues du Sânon ou par le Ruisseau des Côtes d'Ormes, dans une dépression consécutive aux affaissements liés à la dissolution du sel dans le sous-sol.

Il peut être aussi, l'un n'excluant pas l'autre, la conséquence du renforcement du chemin historique avec des remblais qui conduiront à la construction de la route actuelle (D2) et qui constituent comme une sorte de digue empêchant l'écoulement naturel de l'eau (fig. 2).

Fig.2 : Un petit étang existe en 1950 (carte © IGN-Remonter le temps 2024).

L'étang s'est ensuite étendu dès le début des années soixante (fig.3) jusqu'à entraîner, suite à des inondations récurrentes, des expropriations à Sommerviller et une interdiction de circulation sur la D2.

En 1986, la chaussée de la départementale 2 devra ainsi être réhaussée de plusieurs mètres!

Fig.3 : L'étang Poncet en 1965 (cliché © IGN-Remonter le temps 2024).

L'étang s'est donc progressivement agrandi et stabilisé jusqu'à avoir ses dimensions actuelles (fig.4 et 5).

Fig.4 : L'étang au début des années 2000 (cliché © IGN-Remonter le temps 2024).

La Communauté de Communes du Vermois a entrepris en 2007 sa réhabilitation et son aménagement en partenariat avec le propriétaire du site, la Société Solvay. Une aire de loisirs (fig.6) a été créée,  encourageant la  pratique de la pêche, la détente et la découverte des espaces naturels.

Fig.5 : L'étang aménagé avec ses pontons et sa passerelle "en mémoire du Poncet historique" - état depuis 2006 (cliché © IGN-Remonter le temps 2024).

Fig.6a : Le petit pont ou "Poncet" qui enjambe l'étang du même nom, recréé afin de relier "historiquement" Dombasle-sur-Meurthe et Sommerviller.

Fig.6b : Un site aménagé consacré à la pêche et aux loisirs, avec des pontons, des sentiers et un panneautage sur la flore et la faune.

Fig.6a et b : L'étang du Poncet en mars 2024

L'étang du Poncet abrite une roselière et des plantes halophiles (salicorne, salicaire...) ainsi que de nombreux oiseaux, amphibiens... Il est devenu un site de loisirs, dédié en particulier à la pêche.

Bibliographie et sitologie:

(1) Le Coin des Becs salés

(2) Bertaux J.P. (1997) - Marsal- Vicus Marosallensis ?. In: Les agglomérations secondaires de la Lorraine romaine. Besançon : Université de Franche-Comté. Collection de l'Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité. Numéro thématique 647, pp. 215-230.

(3) Delus C., Lejeune T., Mathis D., Rochel X. et François D. (2020) - Étude historique du bassin versant de la Meurthe. Rapport Final LOTERR. EPTB Meurthe-Madon, 287 pages.


Auteurs : Didier ZANY - Philippe MARTIN - Date de création : 10/03/2024 - Dernière modification : 23/05/2024

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Contact : Roger CHALOT (Géologie) - Christophe MARCINIAK (Réalisation)