Les gravières de Vigneulles étaient ouvertes pour l'exploitation de granulats (sables, graviers et galets siliceux) issus de l'altération des roches du Massif Vosgien et déposés dans la plaine alluviale de la Meurthe (Cordier et al. - 2002).

Les gravières en fin d'exploitation ont été réhabilitées en étangs pour la pêche (fig.2).

Le site a beaucoup évolué au cours du temps (voir Remonter le temps) et continue à se transformer de nos jours avec l'ouverture de nouvelles concessions situées sur la commune voisine de Barbonville. Les gravières alimentent les centrales de tri des Sociétés GSM et Sablières de la Meurthe situées à Vigneulles et Rosières-aux-Salines.

Les différents granulats produits sont principalement destinés aux entreprises du BTP du secteur.

Une partie des fractions fines est expédiée à l'Usine Saint-Gobain de Pont-à-Mousson qui les utilise dans ses process de fabrication verticale des tuyaux en fonte ductile. Un mortier de ciment protecteur est ainsi déposé par centrifugation à l'intérieur des tuyaux destinés au transport de l'eau potable.

Fig.2 : Gravière réhabilitée en étang de pêche. Au fond, le remblai constituant le rempart d'un bassin de décantation de l'usine Solvay. Ce rempart est construit avec les débris de calcaire trop fins pour être utilisés dans les soudières.

Deux bassins de décantation et de modulation de la soudière Solvay (fig.2 à 4 et fig.9 de l'annexe scientifique "le sel à l'intérieur des terres") jouxtent le site dans la plaine alluviale de la Meurthe. Le bassin de décantation, étanchéifié, est utilisé pour stocker le chlorure de calcium CaCl₂ qui est un résidu inutilisable lié au procédé Solvay, mélangé à des impuretés solides (calcaire et gypse). Le procédé Solvay est mis en oeuvre dans la synthèse du carbonate de soude Na₂CO₃ à partir du calcaire (CaCO₃) oxfordien apporté de la Meuse (voir les fiches de Pagny-sur-Meuse, St-Germain-sur-M. ou Sorcy) et du sel (NaCl) du Keuper du sous-sol local (pour des précisions sur le procédé Solvay, voir l'annexe 1 de la fiche St-Germain-sur-Meuse ou la fig.8 de l'annexe scientifique "le sel à l'intérieur des terres"). Les produits décantés forment des dépôts indurés qui s'accumulent sur le fond du bassin. Au fur et à mesure de son remplissage, on surélève le bassin de décantation. Actuellement (en 2025), sa hauteur atteint 42 m (Rolin et al., 2025).

Fig.3 : Coupe schématique et principe de fonctionnement de bassins de décantation et de modulation (d'ap. un document Solvay-France in Rolin et al., 2025)

Le bassin de modulation possède une hauteur moindre (7 à 8 m). Il est destiné à recevoir les eaux surnageantes et épurées du bassin de décantation. Son remplissage s'effectue chaque année en été et en automne. Sa vidange dans la Meurthe voisine, en hiver et au début du printemps lorsque la rivière connaît ses débits les plus importants. En effet, bien que décantées, les eaux du bassin de modulation demeurent riches en chlorures, ce qui pourrait fortement impacter la qualité des eaux de la Meurthe lors de déversements en période sèche (Rolin et al., 2025).

Par ailleurs, un tout nouveau procédé de production de carbonate de soude par électrolyse est actuellement à l'étude par la société Solvay. À terme, celui-ci permettrait une production sans rejet de chlorure de calcium (à l'horizon 2050), ainsi qu'une réduction importante de la consommation d'eau, de saumure et de calcaire (Rolin et al., 2025).

Un intéressant point de vue sur ces gravières et bassins de stockage peut être obtenu depuis le village de Saffais sur la Côte de l'Infralias ou depuis le Monument aux Morts (Groupe Lorraine 42) sur les hauteurs du village de Vigneulles (fig.1 et 4).

D'autres bassins de décantation / modulation (abandonnés ou en service) sont également présents, plus en aval dans la plaine de la Meurthe, à Laneuveville. Ils recueillent les eaux à épurer issues de la soudière de la Madeleine.

Fig.4 : Point de vue sur les gravières (couleur bleu marine) et les deux bassins (couleur bleu ciel) de décantation (le plus haut, à droite) et de modulation (à gauche) depuis le parking du monument aux morts "Groupe Lorraine 42" au lieu-dit "Devant Grelot" qui domine Vigneules - cliquer sur l'image pour une vue aérienne

Bibliographie:

Cordier S., Harmand D. et Beiner M. (2002) - Les alluvions anciennes de la Meurthe en Lorraine sédimentaire (Est du bassin de Paris, France) : étude morpho-sédimentologique et essai de reconstitution paléoclimatique. Revue Géographique de l'Est, volume 42/4, 16 pages ; lien de consultation.

Rolin P., Bigel D., Dinvaux F. et Thomesse J.-P. (2025) - Le sel entre Meurthe et Sânon. Géologie du sel, histoire des concessions, des salines et soudières de la région de Nancy. Les Cahiers de Jarville, n°7, avril 2025.