Ce gisement vosgien appartient au Bassin Houiller des Vosges et du Jura, bassin qui a été exploité de façon intensive entre le XVI^ième et la seconde moitié du XX^ième siècle principalement en Haute-Saône à Champagney et Ronchamp (Fermeture définitive en 1958).

Le gisement de Colroy-Lubine appartient à un ensemble de petits bassins houillers limniques, indépendants les uns des autres, pincés dans la Zone de Lalaye-Lubine (vour fiche...). Les fossiles végétaux qu'ils contiennent ont permis de les dater du Carbonifère Supérieur (307-299 Ma - Stéphanien B et C).

Le bassin qui nous intéresse ici est étroit, long de 3 km pour 300 m de largeur environ. Les roches affleurent à deux endroits distincts:

- dans un petit fossé d'effondrement limité par deux failles non-visibles mais déductibles à Colroy-la-Grande au lieu-dit "Richemont" (=Sites 1a et b) puisque l'encaissant est visible dans une petite carrière (fig.5).

Fig. 5: Carrière montrant les gneiss encaissants le petit fossé d'effondrement de Colroy (site 1b).

- dans une écaille tectonique fortement diaclasée près de Lubine aux lieux-dits " La Grande Faîte" et "l'Adeux-du-Chat" (= site 2).

La série sédimentaire houillère locale a une épaisseur maximale de 50 m environ. Elle est presque exclusivement de nature détritique (poudingues ou conglomérats, arkoses grossières et grés psammites charbonneux) au niveau du fossé d'effondrement (Site 1a) mais se montrait plus complète, lorsqu'elle était encore observable avant la recolonisation végétale, allant jusqu'à des schistes noirs à éclat gras dans le site 2 où 4 cycles de dépôts successifs avaient même pû être identifiés.

Fig. 6: Poudingue grossier (site 1a de Colroy).

Fig. 7: Arkoses grossières (site 1a de Colroy).

Fig. 8: Psammites (site 1a de Colroy).

Fig. 9: Schistes noirs de Lubine (site 2).

Classiquement ces séquences détritiques (séquences à charbon) débutent par des faciès grossiers puis vont progressivement, l'énergie du milieu diminuant, vers des faciès de plus en plus fins.

Les sédiments déposés à Colroy comprennent des poudingues grossiers (fig.6), des arkoses orangées grossières (fig.7), des sédiments gréseux plus fins psammitiques noirs (fig.8) puis comme à Lubine des "schistes" à plantes contenant des restes de végétaux qui ont pû être déterminés (Cordaites, Annularia, Pecopteris, Alethopteris...)(fig9)(1)(2) (3).

Les séquences peuvent sembler être incomplètes (certains éléments manquent) ; elles peuvent en effet avoir été reprises par l'épisode érosif suivant et être donc tronquées (fig.10).

Fig. 10: Partie de la colonne stratigraphique observable en rive droite du ruisseau (site 1b).

Remarque: une ancienne galerie de mine longue de 56 mètres s'ouvre dans la série houillère dans le talus en bordure du chemin qui longe le ruisseau (fig.11).

Fig. 11: Galerie de mine à Colroy (site 1b)

Eléments de bibliographie:

(1) Jung J. (1928) - Contribution à la géologie des Vosges hercyniennes d'Alsace. Mem. Serv. Carte Géol. Als. Lorr., Strasbourg, n°2, pp. 410-413.

(2) Doubinger J. (1965) - Sur l'âge des gisements houillers des Vosges. Mem. Serv. Carte Géol. Als. Lorr., Strasbourg, t. 18, n°2, pp. 56-57.

(3) Lougnon J (1985) - Contribution à la connaissance de la gîtologie de la région Vosges-Alsace-Moselle après 14 années de prospections de la part du BRGM. Rapport 85 DAM 038 OP4, BRGM ed., 698 pages.