Par Catherine Colnot, anciennement formatrice au CASNAV-CAREP de Nancy-Metz
Il y a un parcours suffisamment particulier de l’élève allophone pour que celui-ci soit pris en compte.
Au collège ou au lycée, l’accueil ne sera pas seulement du ressort du professeur principal ou du professeur de français mais celui de l’ensemble de l’équipe éducative. Par accueil, il faut entendre l’écoute que chaque membre de l’équipe éducative prêtera aux conditions d’arrivée, à l’aspect familial qui ne doit en aucun cas être exclu de la résolution des problèmes de scolarité et éventuellement à l’aspect matériel des choses. Très rapidement se poseront pour l’établissement les questions de cantine, de fourniture de matériel scolaire, de déplacement en bus... L’équipe éducative ne pourra donc occulter complètement cette partie de l’accueil.
Deux principes :
- Faciliter l’adaptation de ces jeunes au système éducatif français d’éducation en développant les aides adaptées à leur arrivée.
- Assurer dès que possible l’intégration dans le cursus ordinaire.
Prise en charge de l’élève dans l’établissement
Pour le collège ou le lycée, la situation va être très complexe. Il s’agit de mettre en place une réflexion de l’ensemble de l’équipe pédagogique sur la prise en charge de l’élève et d’élaborer un projet individuel. Il reviendra à l’enseignant et à l’équipe éducative de faire le point sur les ressources humaines qui pourront aider à mettre en place un apprentissage de la langue, de se concerter régulièrement pour assurer une cohérence.
- Les cours d’apprentissage ou de perfectionnement de la langue sont placés en priorité. L’intégration dans la classe est d’autant plus importante que le niveau de la langue est avancé. Pour les élèves débutants dans la langue française, les cours d’E.P.S, d’arts plastiques de musique, de mathématiques, de technologie sont souvent privilégiés.
- Apprentissage des langues vivantes pour un EANA : Un examen attentif des apprentissages scolaires antérieurs permet de choisir, soit un suivi de la LV1 dès l’arrivée, soit un démarrage dans un cours de LV2. La langue maternelle, ou tout autre langue qui en tient lieu, est prise en compte si elle est enseignée dans le collège. L’intégration dans les autres cours se fait en cours d’année, au fur et à mesure de la progression de l’élève.
- Toutes les ressources internes à l’établissement (enseignants, aide-éducateurs, assistants d’éducation, heures supplémentaires...) sont mobilisées afin de mettre en place un soutien dans ces différentes disciplines. On étudiera les possibilités de prise en charge au sein des autres classes en fonction des objectifs visés.
- Il sera nécessaire d’élaborer un emploi du temps individualisé prenant en compte les besoins de l’élève et les ressources de l’établissement. Cet emploi du temps sera revu périodiquement (nécessité d’une régulation, d’ajustements progressifs).
- Prévoir un outil de liaison entre enseignants qui suivra l’élève dans toutes ses activités.
- Un travail en partenariat sera indispensable (liens avec les familles, les enseignants, les associations...)
- Pendant les premiers mois de scolarisation des ENAF, les méthodes de FLE (Français Langue Etrangère) peuvent être une aide utile et complémentaire. Pour le collège, il existe également une méthode FLS (Français Langue Seconde) « Entrée en matière » qui permet à la fois d’aborder la langue de communication et la langue des apprentissages. Le Centre de ressources du CASNAV prête gratuitement aux établissements des méthodes adaptées aux différents profils d’élèves scolarisés.
Mise en place d’un projet individuel
Après avoir cerné chez chaque élève ce qui est construit, ce qui est en voie de construction, il faudra définir ce qui reste à construire. Le projet de l’élève va permettre une approche pédagogique individualisée. Cette approche permettra :
- de répondre aux besoins d’apprentissage de chaque élève, d’aider l’élève à donner du sens à ses apprentissages ;
- à l’élève d’être un sujet actif dans la construction de ses savoirs ;
- de mettre l’élève en confiance ;
- de privilégier dans un premier temps certaines notions exigibles pour se rapprocher au maximum des instructions officielles (mise en œuvre de progressions primaires jusqu’à un niveau collège voire lycée).
Souvent, les élèves vont avancer plus vite dans certaines matières et moins vite dans d’autres. On veillera donc à respecter les rythmes d’apprentissages de chacun et à privilégier une progression souple qui permette une accélération progressive des apprentissages mais également une individualisation des vitesses de progression.
Pour ce public spécifique, il convient de mettre en place dans chaque établissement des réunions de concertation bimestrielles entre professeurs concernés par l’accueil des ENAF afin de pouvoir aborder les points suivants : évaluations, évolution du projet de l’élève, aménagement de l’emploi du temps, glissements d’un groupe à l’autre, sortie de dispositif, accompagnement à l’orientation...
À l’issue de la première année de scolarisation ou lors du retour en classe ordinaire, un suivi individualisé par une personne référente reste souhaitable.
Ce qu’il faut éviter :
Quelques solutions s’imposent parfois à l’esprit lorsque l’on pare au plus pressé. Il arrive donc que des choix malencontreux prévalent à l’orientation de l’élève. Il faut rappeler ici même un principe de base : le fait de ne pas parler la langue ne peut être considéré ni comme un handicap, ni même une inadaptation. Toute solution qui tendrait à inscrire dès leur arrivée des EANA dans des structures spécialisées est une erreur : demande d’orientation en SEGPA par exemple.
La mise en place d’une pédagogie différenciée permettra de répondre au plus près aux besoins de chaque élève nouvellement arrivé et ainsi d’éviter toute stigmatisation.
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