Les
souffleries
Une soufflerie (en anglais wind
tunnel) est une installation d'essais aérodynamiques destinée à étudier les
effets d'un écoulement d'air sur un corps, généralement un modèle de dimension
réduite par rapport au réel.
Les premiers essais visant à tester l’aérodynamique furent
effectués par chute libre puis avec des manèges, notamment (vers 1800) par
George Cayley, le père de l’aérodynamique.
C’était une première approche mais, la méthode de la chute libre ne
permettait pas un suivi facile du corps à tester et il était difficile d’obtenir
des vitesses importantes, le manège, ou le corps était supporté par un bras
tournant avait l'inconvénient d'introduire des effets centrifuges et de faire
évoluer le corps dans son propre sillage aérodynamique, l'idée est venue de
créer un mouvement d'air sur un corps immobile. La première soufflerie fut inventée
et construite en Angleterre en 1871.
Le plus souvent, les profils d'ailes héritent du nom de la soufflerie dans laquelle ils ont été développés.
Types
de souffleries
Une soufflerie se compose d'un circuit aérodynamique
comportant une veine d'essais, on va trouver plusieurs types,
Souffleries subsoniques : soufflerie à veine ouverte (type
Eiffel), soufflerie à retour (type Prandtl)
Soufflerie transsonique
Soufflerie hypersonique ou à rafales.
-Soufflerie à circuit ouvert, dit de "type
Eiffel"
C’est la conception la plus simple, l’air est aspiré en
aval de la veine d’essais ce qui évite les turbulences dues au ventilateur.
Avantage, conception simple peu onéreuse, mais l’atmosphère n’est pas
contrôlable, le moteur qui actionne le ventilateur doit fournie la puissance à
la fois pour mettre en mouvement la masse d’air et pour compenser les
frottements de l’air contre les parois.
- soufflerie à retour type « Prandtl »
Cette soufflerie a la même structure que celle à circuit
ouvert, sauf que l’on a bouclé le circuit de manière à faire recirculer l’air.
Le moteur doit en régime stabilisé uniquement fournir la puissance
correspondant aux pertes par frottements. L’inconvénient de cette formule est l’échauffement
de l’ait à l’intérieur du circuit ce qui diminue la masse volumique de l’air et
modifie le nombre de Reynolds, ce qui oblige à réfrigérer l’air contenu. Par
contre le circuit étant étanche, on peut aussi influencer le nombre de Reynolds
en faisant varier, la température, la pression, ou mettre un autre gaz.
-soufflerie transsonique
Elles sont de 2 types, soit issues du modèle Prandtl ou l’air
est refroidi à -160° la pression interne augmentés jusqu’à 4 000hPa et l’air
remplacé par de l’azote. Ainsi, même si la vitesse de l’air n’est pas
transsonique, on retrouve un nombre de Reynolds équivalent. L’autre type de
soufflerie transsonique s’apparente aux souffleries hypersoniques.
-soufflerie super et hypersonique, ou soufflerie à rafale
ou à impulsion. Il n’est pas possible d’obtenir de façon continue des vitesses
hypersoniques (mach 5 et plus) en soufflerie : on génère des rafales par
détente du gaz issu d’une tuyère vers une sphère à vide.
L’inconvénient est que la chambre d’expérience est très petite
ce qui oblige à tester des maquettes très petite et que le temps d’observation
est extrêmement court.
Influence
de la taille de la soufflerie
Pour avoir des résultats d'essais valables à échelle
réduite, il faut suivre la loi de similitude qui demande de conserver le nombre
de Reynolds traduisant le rapport entre les forces d'inertie et de viscosité de
l'air.
Pour rappel
Nombre de Reynolds : Re
= V . L . ρ
/ mu
V : vitesse de l'air
L : longueur du corps (la corde du profil pour
une aile)
ρ :
masse volumique de l'air
mu : viscosité dynamique
Compte tenu des dimensions des avions les plus grands et de
la taille relativement modeste des veines d’essai, on doit obtenir en
soufflerie des nombres de Reynolds très élevés. Pour retrouver un nombre de
Reynolds cohérent avec le modèle réel, on peut jouer sur V, L et rho. Pour L et
V, on doit augmenter la taille du modèle et la vitesse de l'air, mais cela
conduit à des souffleries plus grandes et des motorisations plus puissantes.
On peut aussi augmenter rho (la masse volumique de l'air)
en augmentant la pression d'air dans la soufflerie (soufflerie pressurisée) ou
en diminuant la température de l'air (soufflerie cryogénique).
Applications
aéronautiques des souffleries
-Mesures des forces et des pressions
Les souffleries servent essentiellement à mesurer les
pressions locales (sur la surface du modèle), les champs de pressions (en aval
du modèle), les
forces aérodynamiques de portance (verticale et latérale) et de traînée, les
moments aérodynamiques sur les trois axes : tangage, roulis, lacet.
Pour ce faire la maquette est munie de capteurs et montée
sur une balance
-Mesures de bruit.
-Visualisation des écoulements
L'utilisation de fils souples, de jets d'air colorés ou de
produits chimiques sensibles à la nature de l'écoulement permettent de
visualiser les lignes d'écoulement et leur nature (attaché, décollé). La
strioscopie permet de visualiser les cônes d'ondes de choc en écoulement
supersonique.