Le musée d’Orsay entreprend la restauration de Un enterrement à Ornans, œuvre monumentale exécutée par Gustave Courbet entre 1849 et 1850. Par son sujet novateur, ses dimensions hors normes et sa place centrale dans l’histoire de l’art, ce tableau, véritable manifeste du mouvement réaliste, constitue l’une des pièces majeures du musée. Un enterrement à Ornans n’a pas fait l’objet d’une intervention fondamentale depuis un demi-siècle. Aujourd’hui, du fait de son châssis déformé (occasionnant un relâchement de la toile et la fragilité de ses coutures) et de l’opacification de son vernis, compromettant la lecture de l’œuvre, le tableau nécessite d’être restauré afin d’assurer sa bonne préservation pour les générations futures.
- LE TABLEAU
Mesurant 3 mètres de haut sur près de 7 mètres de large, Un enterrement à Ornans (1849-1850), l’une des œuvres majeures du musée d’Orsay et du XIXe siècle, frappe autant par sa taille que par son sujet. Âgé de trente ans, résolument ambitieux, Gustave Courbet (1819-1877) fait le choix d’un format monumental, alors réservé aux tableaux historiques, bibliques ou mythologiques. Il met en scène une cinquantaine d’anonymes – hommes, femmes, enfants et officiants – tous habitants de son village natal, à Ornans (Franche-Comté). Ce cortège, représenté grandeur nature, accompagne vers la fosse le cercueil d’un défunt.

© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Courbet expose ce tableau au Salon de 1850-1851 à Paris, où l’œuvre est immédiatement décriée pour son sujet jugé vulgaire, traité à grande échelle. On condamne aussi sa facture, que la critique qualifie d’ « ignoble ». Cette foule assemblée, qui évoque le peuple de la Révolution de 1848, n’est pas sans susciter des craintes. Le tableau constitue un vigoureux manifeste d’une esthétique nouvelle, le « réalisme ». Un enterrement à Ornans marque une rupture profonde dans l’histoire de l’art et sera admiré par des générations de peintres épris de modernité.
Quatre ans après la mort de Courbet en 1877, sa sœur Juliette offre le tableau au musée du Louvre. L’œuvre y demeure jusqu’en 1986, date de son transfert vers le musée d’Orsay nouvellement créé.
- LA RESTAURATION
En 2025, le musée d’Orsay a initié la restauration d’Un enterrement à Ornans. Le tableau n’avait fait l’objet d’aucune intervention importante depuis au moins un demi-siècle, et son état de présentation n’était plus jugé satisfaisant.
Il s’agit d’une peinture à l’huile sur toile, composée de quatre lés (bandes de toile) horizontaux, cousus entre eux et tendus sur un châssis de bois. Le tableau n’a jamais été rentoilé.
Au fil du temps, les couches de vernis successives posées sur la surface de l’œuvre (du vivant de Courbet et après sa mort) se sont dégradées, perturbant considérablement la lecture de l’œuvre. Les couleurs d’origines se sont dénaturées, de même que les contrastes voulus par l’artiste. Des examens conduits par le musée d’Orsay et le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) ont permis de préciser la nature de ces altérations, de mieux comprendre la genèse de l’œuvre et la méthode de travail de l’artiste.
Cette opération de restauration vise à rendre autant que possible à ce chef-d’œuvre ses harmonies colorées d’origine, tout en consolidant son support, assurant ainsi sa bonne préservation pour les générations à venir.

La restauration du tableau Un enterrement à Ornans a lieu au sein d’un espace clos spécialement aménagé à cet effet dans la salle 7, au rez-de-chaussée du musée, où le tableau est habituellement accroché. La palissade qui isole le chantier de restauration permet aux restaurateurs de travailler tout en offrant au public la possibilité d’observer leur travail au travers de baies vitrées. Des visites de chantier, rencontres et conférences seront proposées par le musée d’Orsay.

