10 ème journée académique des Langues anciennes 5 avril 2017

LE PEPLUM

La 10ème Journée académique des Langues anciennes s’est déroulée le mercredi  5 avril 2017 sur le site de Canopé. Comme les éditions précédentes, cette rencontre ne faisait pas partie des formations donnant lieu à une convocation mais, conformément au souhait de beaucoup d’entre nous, le format était cette année celui de la journée entière. Ceux qui étaient libres le matin ou qui avaient obtenu une autorisation de leur chef d’établissement ont pu participer à des ateliers autour de la création et de l’exploitation de l’image et du son. Le thème choisi plus précisément cette année était le Péplum. Madame Céline Siméon-Pereira, professeure de cinéma-audiovisuel au Lycée Poincaré a accepté d’animer la traditionnelle conférence de l’après-midi, afin de nous aider à mieux connaître, mieux comprendre et analyser ce genre cinématographique finalement assez mal connu, à la fois méprisé et fascinant, souvent révélateur des sociétés qui le voient naître.

Les documents évoqués ce jour là sont disponibles sur ce PADLET

 

Conférence sur le péplum par Céline Siméon-Pereira

Il est impossible ici de rendre compte de la densité de cet exposé passionnant, d’autant qu’il a été illustré par de nombreux extraits de films. Je vais tenter toutefois d’en donner un petit aperçu à travers mes notes…

Céline Siméon-Pereira est entrée dans le genre du péplum par un extrait du « Mépris » de Godard (1963), le plan de Neptune du « Colosse de Rhodes » de Sergio Leone, tourné quelques années plus tôt dans les studios de Cinecitta. Godard a choisi le péplum pour parler du cinéma et du couple.

 

1.      Naissance et histoire du genre

 

Le mot « péplum » aurait été utilisé la première fois lors de la fondation d’un ciné-club par Tavernier et ses amis. Le genre lui-même est bien sûr beaucoup plus ancien.

Nous avons vu entre autres des extraits de « Cabiria » de Giovanni Pastrone, d’ « Intolérance » de David Griffith, deux monuments de l’époque, des productions de grande ampleur qui se caractérisaient par de beaux décors, une figuration nombreuse, des foules, des batailles (l’épisode babylonien dit du « festin de Balthazar » comportait 4000 figurants).

Les différentes étapes de l’histoire du péplum ont été abordées toujours à travers des exemples précis et illustrés par des extraits de films: le passage du muet au parlant, la concurrence entre l’Italie et les USA, l’établissement des caractéristiques du genre, la course au gigantisme, l’opposition entre les productions de la MGM, caractérisées par le massif et le clinquant et celle de la Fox, par l’élégance et la sobriété…

2.      Derniers péplums, néo-péplums

« Gladiator », « Troie », « Alexandre », «300 »…

Les progrès techniques dans le domaine cinématographique ont souvent été liés au genre du péplum : travelling (40 caméras pour filmer une course de chars), constructions de décors monumentaux, technicolor trichrome, effets spéciaux…

 

3.      Caractéristiques et motifs du genre

Rome surpasse la Grèce (sujets mythologiques)

Deux sources principales pour les personnages historiques : Plutarque et Shakespeare

Les thèmes : intrigues politiques, batailles et drames d’amour

Deux personnages qui ont fasciné les cinéastes et les spectateurs :

Cléopâtre, un symbole sexuel : 80 films qui évoquent la femme fatale, sa beauté physique, l’érotisme, l’exotisme, interprétée par des actrices célèbres (Vivien Leigh, Sophia Loren, Claudette Colbert, Rhonda Fleming, Elisabeth Taylor…)

 

Hercule, archétype du héros : « Les travaux d’Hercule » de Pietro Francisci (1958) et plus surprenant, « Hercule contre les vampires » (1961) et « Hercule à New York » (1969)

Les clichés (duels, combats, jeux du cirque…) et les anachronismes (bracelets de protections, danses orientales, franges bouclées pour les hommes…)

Analyse de bandes-annonces : « Les gladiateurs » de Delmer Dawes (1954), « Ben Hur » de William Wyler (1959), « Les dix commandements » de Cecil B. de Mille (1956)

La dimension politique, l’engagement à travers quelques exemples :

–          Le choix du noir et blanc par Mankiewicz pour son « Jules César »

–          « Spartacus » de Stanley Kubrick dont le scénario, écrit par Dalton Trumbo, s’inspire du roman d’Howard Fast alors qu’ils sont tout deux « blacklistés » (les deux auteurs avaient été choisis par Kirk Douglas, à la fois acteur principal et producteur du film)

 

4.      Le vraisemblable et la vérité historique

Le péplum constitue un défi visuel : il s’appuie à la fois sur l’érudition et sur les fantasmes car il s’agit de fabriquer des univers inexistants et d’imaginer la psychologie des protagonistes.

 

5.      Signatures d’auteurs dans un genre normé

Les auteurs qui investissent le genre revendiquent leur part d’invention et le plausible devient « réaliste ».

Céline Siméon-Pereira a terminé sa conférence par l’analyse de trois exemples significatifs :

–          « Le Satyricon » de Fellini (1969) et sa façon d’investir les côtés obscurs du roman de Pétrone…

–          « La terre des pharaons » d’Howard Hawks (1955) et ses chameaux anachroniques …

–          « Le colosse de Rhodes » de Sergio Leone (1961), sa statue irréalisable et ses effets de compression …

 

Ce petit exposé ne rend pas justice à la richesse de la conférence mais si cela vous a donné envie d’approfondir le sujet, je vous propose une petite bibliographie :

Claude AzizaGuide de l’Antiquité au cinémaParisLes Belles Lettres, 2008, 300 p

Hervé Dumont, L’Antiquité au cinéma : Vérités, Légendes et Manipulations, Paris, Nouveau Monde, 15 octobre 2009, 688 p

Claude AzizaLe Péplum, un mauvais genreParisÉditions Klincksieck, coll. « 50 questions », 5 novembre 2009, 192 p

Florence Marchand, Lycée Majorelle, TOUL

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