Madame Muriel Claisse, professeure en classe préparatoire au lycée Poincaré de Nancy a fait une conférence sur le thème : Monstrum : l’ennemi et le héros dans les discours d’hier et aujourd’hui
La représentation de l’ennemi public dans les discours de blâme politique implique non seulement une réflexion d’ordre politique sur la citoyenneté, mais aussi une réflexion philosophique sur ce qui sépare l’humanité de la monstruosité : l’ennemi public est un monstre à éliminer, un fléau qui n’a plus rien d’un homme, et qui, de ce fait, met en péril non seulement la cité, mais l’ordre même du monde. C’est pourquoi l’éradication de l’ennemi relève d’une guerre juste, moralement acceptable. C’est pourquoi aussi elle nécessite le plus grand courage et l’union de tous, mais aussi le déploiement des ressources de la voix. L’éloge de figures exemplaires et héroïques vise quant à lui à souder la communauté, à dessiner un horizon rêvé du politique, à poser des valeurs qui fondent ou refondent la cité. Qu’il s’agisse du monstre politique, véritable souillure qu’il faut exclure de la cité, ou de l’être extraordinaire autour duquel se resserre une identité commune, la question des limites de l’humanité est donc sans cesse posée par les discours d’éloge et de blâme, ceux de Démosthène, de Cicéron, de Pline, comme de Bush ou d’Obama. Les notions-clés qui seront au cœur de notre propos (civis–hostis-monstrum-iustum bellum-oikeiosis et homonoia) se situent donc au confluent de la réflexion sur l’humain, centrale dans le cadre du programme de 2nde, de l’interrogation sur l’individu et la cité qui constitue le fil conducteur du programme de 1ère, et des questionnements philosophiques qu’implique le programme de Terminale. « Monstre », « Agir dans la cité », « Figures héroïques », « pratiques de l’argumentation », les croisements sont également nombreux avec les programmes de français et langues anciennes du collège.
Vous trouverez ici les notes de la conférence