Projet « PEDALER LE LONG DE LA MOSELLE AVEC DES COLLEGIENS LATINISTES »…

« PEDALER LE LONG DE LA MOSELLE AVEC DES COLLEGIENS LATINISTES »…

 

En septembre 2016, je suis partie 5 jours à vélo le long de la Moselle allemande avec 25 élèves latinistes de 4ème et  3ème du collège de Blâmont. Retour sur cette superbe expérience culturelle, sportive et humaine…

Avant le voyage

–          La genèse du projet : Je voyage à vélo depuis de nombreuses années et j’avais même abandonné mes élèves pendant un semestre pour faire un tour d’Europe en 2013. C’est l’annonce de la fermeture prochaine de mon collège qui m’a décidée à mettre en œuvre effectivement ce projet de partager ma passion avec mes élèves.

–          Le parcours : Nous avons pédalé de Palzem à Cochem, deux villes allemandes distantes de 220km situées sur les bords de la Moselle. Le trajet s’est imposé de lui-même parce qu’il répondait à tous les critères auxquels je tenais : proximité du collège, présence de pistes cyclables, attractivité culturelle, facilités d’hébergements et de ravitaillement, beauté des paysages.

–          Le public : J’ai choisi de partir avec mes élèves latinistes parce que les richesses antiques de la Moselle  leur ont permis de nombreuses découvertes et pour prouver que le voyage à vélo n’est pas réservé aux sportifs invétérés mais accessible à tous. Etonnamment, l’originalité du projet n’a pas du tout dérouté ni les parents ni les élèves qui ont de suite été enthousiastes et confiants.

–          Les préparatifs : Les élèves ont été impliqués au projet au mois d’avril pour partir en septembre. Plusieurs domaines ont été concernés par ces préparatifs :

● Culturellement : préparation des visites à travers différents exposés thématiques.

 Sportivement : plusieurs sorties à vélo ont été organisées au printemps et début septembre pour entrainer les élèves et mesurer ce dont ils étaient capables. Une course d’orientation et une épreuve de maniabilité ont également eu lieu lors de cette préparation.

 Mécaniquement : les vélos des élèves ont été vérifiés et des rudiments de mécanique leur ont été apportés pour qu’ils puissent être le plus autonomes possible.

–          Les matières concernées : Ce projet a permis d’associer de nombreuses disciplines. Malheureusement, tout n’a pas pu être pleinement exploité du fait des nombreuses mutations qui ont suivi l’annonce prochaine de la fermeture du collège. Naturellement, le professeur d’EPS a été impliqué, tout comme celui de technologie concernant la mécanique des vélos et la maitrise des nouvelles technologies (blog et vidéo). Un travail a également été entamé en SVT concernant la santé du sportif. Bien sûr, les élèves ont travaillé avec moi la civilisation latine et l’écriture par le biais des articles du blog (latinistesmaiscyclistes.blogspot.fr) qui a été créé pour l’occasion et de leurs carnets de voyage.  Il aurait également été intéressant de faire participer l’enseignant d’allemand mais ce n’était pas possible dans mon établissement.

 

Pendant le voyage 

 

–          Les transports : Nous sommes partis du collège en bus puis, après la visite de Bliesbruck, il  nous a déposés à Palzem et nous a retrouvés 5 jours plus tard à Cochem d’où il nous a ramenés au collège de Blâmont. Les vélos ont été habilement entassés dans une camionnette qui nous a servi de voiture balais. En effet, un véhicule prêté par un parent d’élève et conduit par un autre parent d’élève nous a suivis pendant tout le séjour, portant les affaires des élèves et se chargeant de faire quotidiennement les courses pour les repas du midi.

–          La route : les deux premiers jours ont été plus consacrés aux visites qu’au vélo et peu de kilomètres ont été effectués. Nous avons fait entre 50 et 60 km les trois jours suivants pour un total de 220 km. Tous les élèves les ont parcourus courageusement, poussés par l’émulation du groupe et la fierté de réaliser quelque chose qu’ils ne se pensaient pas capables de faire.

–          Le carnet de voyage : les élèves avaient un carnet de voyage à remplir qui a été ramassé et évalué. Ils devaient y dessiner, y écrire un petit texte quotidiennement, y répondre à des questions sur les visites, y parler de leurs sensations physiques… Le fichier pdf de ce carnet est en lien sur le blog.

–          Les visites : Les visites ont été faites sous différents modes : atelier à Bliesbruck, visite guidée de Trèves, audioguides au musée historique de Trèves, visite libre de la villa Urbana de Longuich, jeu de piste à Bernkastel-Kues…

–          La communication : Les élèves pouvaient apporter un téléphone portable mais ils savaient qu’il ne pourrait pas être rechargé en route. Cependant, chaque jour, un groupe de 4 ou 5 élèves était chargé d’écrire un compte rendu sur le blog. Des photos y ont été ajoutées après coup. Ces mêmes groupes avaient à disposition un appareil photos et deux go pro dans l’optique du film à concevoir au retour.

–          Le gîte et le couvert : Les nuits se faisaient en camping, les tentes et les matelas ayant été loués à une colonie de vacances. Nous prenions un repas chaud chaque soir et la voiture balai nous apportait de quoi pique-niquer le midi.

 

Après le voyage

 

–          Le film : Ce voyage a donné lieu à deux productions vidéo. L’une entièrement élaborée par les élèves et présentée au Festival Film de Poche (en lien sur le blog des élèves). L’autre que j’ai montée pour le présenter au Festival Planète Vélo Aventures de Nancy (en lien sur mon blog : journaldunvelo.blogspot.fr).

–          Les répercussions : L’expérience a eu une portée incroyablement positive sur l’ensemble des élèves dans plusieurs domaines. S’ils ont été curieux et ouverts aux découvertes culturelles, c’est surtout humainement que les élèves m’ont semblé avoir appris. Si tous ont courageusement pédalé jusqu’au bout, c’est que l’esprit de groupe et sa cohésion les a aidés. Ils se sont eux-mêmes étonnés que l’entente soit si bonne dans le groupe ! Ils ont géré eux-mêmes le partage des repas, la vie au camping, l’entretien de leur vélo, l’élaboration du film, le civisme sur les routes… et l’ont fait avec sérieux et enthousiasme. Ils ont surtout gouté à la satisfaction que provoque le dépassement de soi.

–          Les limites : Le projet a été une véritable réussite et il ne s’est pas passé une semaine sans que les élèves m’en reparlent et réclament de repartir. Les seuls bémols qu’ils ont mentionnés sont l’inconfort du camping et l’hétérogénéité des niveaux sportifs.
De mon côté, deux éléments m’ont un peu pesé. La lourdeur des démarches administratives, tout d’abord, qui m’a donné l’impression que le volet pédagogique du projet n’était que secondaire. Le fait d’avoir porté ce projet seule, par ailleurs, en amont comme en aval, alors qu’il aurait pu être plus largement exploité par mes collègues. Pour autant, c’était sans conteste ma plus belle expérience d’enseignement à ce jour et j’espère que ma route, dans ce domaine, ne s’arrêtera pas là…

 

 

Jeanne Rivière, Collège du Château, BLAMONT

 

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