Evocation de la musique antique, PASCAL MINNE

Une animation pédagogique

 

Comment évoquer une musique plurimillénaire dans une animation pédagogique sans sombrer dans les clichés ou les enormités.

Indubitablement, c’est un véritable challenge que de tenter de reconstituer la musique de l’Antiquité.

 

Restituer des instruments et des oeuvres en les situant dans leur contexte sociologique me semble être une primordial, pourquoi ? Tout simplement parce que la musique est l’émanation d’un peuple et plus précisément de sa sensibilité religieuse et artistique.

 

Les sources nous permettant de restituer la musique de l’Antiquité sont :

 

– Les sources archéologiques, la plupart du temps de nature iconographiques (très peu d’instruments ont été découverts en contexte de fouilles) permettent de reconstituer assez fidèlement les instruments, même si certaines interrogations demeurent sur les essences choisies pour leur réalisation. Elles permettent aussi de découvrir ainsi que les fragments d’oeuvres antiques et le système de notation musicale utilisé.

 

– Les sources iconographiques et textuelles nous éclairent non seulement sur les techniques instrumentales, la théorie musicale, mais aussi en ce qui concerne les textes, sur le rôle précis de la musique et des musiciens dans l’Antiquité.

 

Pour celui qui explore l’univers musical des peuples antiques, un chose saute aux yeux, c’est le lien flagrant entre la musique et la religion. Mes recherches m’ont donc amené à prendre pour axe central de travail durant mes animations, le lien intrinsèque entre la religion et la musique, en mettant en lumière l’invention mythique des instruments, leur utilisation par les divinités et plus spécifiquement ceux du panthéon gréco-romain.

 

Reconstituer l’instrumentarium et la musique de l’Antiquité

 

 

La reconstitution des musiques et des instruments de l’Antiquité n’est pas chose aisée. Pourtant, les travaux des historiens, archéologues et musicologues nous donnent aujourd’hui un aperçu de la richesse de l’instrumentarium et du répertoire des anciens.

 

En effet, si certaines civilisations demeurent assez discrètes en matière de représentation de scènes musicales, d’autres, en revanche, ont livré de précieux et innombrables témoignages de cette activité.

 

Les artistes de ces grandes civilisations, égyptienne, babylonienne, sumérienne, grecque ou romaine, qui ont sculpté, peint ou gravé des musiciens en action avec précision sur différents supports, ont permis à des facteurs d’instruments / expérimentateurs de faire sonner à nouveau ces instruments d’un autre âge.

Les livres de comptes, poèmes, traités, dédicaces, épitaphes et autres documents épigraphiques recèlent d’importantes données sur la pratique instrumentale, le statut, la fonction ou tout simplement la vie des musiciens au cours de l’Antiquité.

 

La richesse de cette iconographie et de ces écrits nous permet d’évoquer aujourd’hui l’univers sonore de nos ancêtres gallo-romains.

Méthodologie

 

–  Fouilles

–  Restauration

 

–  Etudes/relevés

–  Reconstitution

 

–  Expérimentation

 

Dans cette méthodologie, les deux premiers points restent le domaine des archéologues tandis que mon intervention est effective sur les trois suivants.

 

Les instruments de musique présentés (liste non exhaustive)

 

Les Romains, comme les Grecs avant eux, utilisaient un riche instrumentarium dans lequel les grandes familles d’instruments que l’on connaît aujourd’hui étaient représentées:

 

Les percussions : sistrum (sistre), tympanum (tambour sur cadre), cymballum (cymbale), scabellum (percussion de pieds), crusmata (castagnettes), discos (gong)

 

Les vents : aulos/tibia (sorte de hautbois), syrinx (flûte de Pan), litus, tuba, cornu et buccina (trompettes), utriculus (cornemuse), concha (conque), fistulae (flûtes)

 

Les cordes: lyra (lyre), cithara (cithare), harpa (harpe), pandura (luth), psalterium (harpe d’épaule).

Les sujets évoqués

 

  1. a)- Fonction de la musique dans les sociétés antiques
  2. b)- Statut des musiciens

 

  1. c)- Mythes sur l’invention et l’utilisation des instruments par les dieux gréco-romains

 

  1. a) Fonction de la musique dans les sociétés antiques

 

-Le rôle de la musique dans les sociétés antiques du pourtour méditerranéen, dans les sphères civile et militaire

-Le rôle de la musique dans les rites religieux

  1. b) Statut des musiciens

 

-Nomenclature des types de musiciens dans les civilisations antiques

-Evocation des concours de musique

-Corporations et synodes de musiciens

  1. c) Mythes sur l’invention et l’utilisation des instruments par les dieux gréco-romains


-L’invention de la lyre par Hermès / Mercure
-L’invention de la syrinx par le dieu Pan / Faunus
-L’invention de la l’aulos par Athéna / Minerve
-La joute musicale entre Apollon et Marsyas


 

 

Bas relief d’un temple de Pompéi illustrant la scène d’un sacrifice en présence d’un musicien.


Sur les oeuvres antiques

 

Comme le rappelle Annie Bélis, spécialiste de la musique de la Grèce antique, mis à part quelques partitions grecques transmises par des anciens manuscrits et attribuables à Mésomède de Crète, musicien et ami de l’empereur Hadrien, il ne subsistait que peu de traces de la musique antique. A part cette fortuite et miraculeuse découverte en 1883, en Turquie, à proximité d’Éphèse d’une stèle sur laquelle était gravé une épitaphe connue sous le nom de « chanson de Seikilos » et contenant des signes apparentés à un système de notation musical antique, rien d’autre n’avait été découvert. C’est en 1890 à Delphes, pendant la Grande Fouille que sont exhumées des œuvres musicales grecques, les plus prestigieuses qui nous soient parvenues de l’Antiquité. L’archéologue et musicologue Théodore Reinach s’appliqua à déchiffrer ses deux œuvres à savoir : deux grands péans dédiés à l’Apollon pythien.

 

Depuis, ce patrimoine musical s’est enrichi d’autres œuvres, à savoir soixante dix fragments de papyrus plus ou moins bien conservés provenant de fouilles de sites égyptiens de la période hellénistique. Des fragments d’Oreste d’Euripide ou encore d’Eschyle ont été déchiffrés.

Grâce aux travaux d’Annie Bélis et son équipe de chercheurs, le répertoire antique s’est considérablement enrichi, avec le déchiffrement ininterrompu de nouvelles partitions,

 

«  l’extrait incroyable (et hilarant) »des Oiseaux d’Aristophane comme elle le rappelle ou celui, « profondément tragique », de la Médée de Carcinos, ne sont pour l’instant accessibles au public que lors des concerts donnés par l’Ensemble Kérylos.

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Floriane Tourneur, Collège de l’ALBE, Albestroff

 

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