Un rapide bilan
Dans le dernier numéro du bulletin, je vous avais fait part de mes expériences de latin oral. Je l’ai pratiqué en classe de seconde tout au long de l’année 2014-2015, avec plus ou moins de bonheur selon les situations. En voyant les réactions des élèves qui sont désormais en classe de première, je suis très contente de l’avoir fait car j’en vois maintenant les effets bénéfiques. Mais au long de l’année de seconde, j’ai eu des doutes.
Les points importants sont à mes yeux la régularité et la variété.
Régularité car il faut sans cesse reprendre les mêmes formules, puis les varier légèrement, et revenir néanmoins aux premières formules apprises, sans se lasser. Je parle ici de mini-conversations quotidiennes, dont il ne faut pas mépriser l’intérêt car elles obligent à manipuler les interrogatifs et des verbes courants comme possum, volo, nolo, nescio, conjugués à toutes leurs formes. J’ai la satisfaction d’entendre certains élèves les manipuler correctement, et tous les élèves les comprendre. En outre permettre aux élèves de s’exprimer est vraiment un atout car ils sont plus impliqués, ils fixent mieux certaines formes, et la plupart d’entre eux jouent réellement le jeu. La limite de cet exercices est la patience (repetitio est mater studiorum) et la modestie de l’ambition.
Variété aussi parce que les élèves décrochent vite. J’ai donc dû pratiquer l’oral de plusieurs façons. Les petites conversations dont je viens de parler sont quotidiennes mais très brèves. J’ai aussi pratiqué la méthode Orberg. Au début j’ai voulu faire une séquence entière avec trois chapitres de ce livre. Mais outre que peu de points du programme peuvent y être traités, le travail n’est pas assez varié, ressemble vite trop à un cours de grammaire pur et peut-être les sujets traités sont-ils trop simples pour nourrir l’intérêt des jeunes. Plus tard dans l’année, j’ai consacré une heure par semaine à cette méthode. Elle présente en effet des intérêts auxquels je ne voulais pas renoncer : révision progressive (mais rapide) des deux premières déclinaisons, découverte rapide d’une partie des pronoms, qui sont indispensables pour s’exprimer, sujets faciles touchant à la vie quotidienne qui permettent de réinvestir en expression orale (jeu théâtral) et en expression écrite (écrire une petite histoire, ou écrire une petite scène de théâtre, par imitation). Il est nécessaire cependant de ne pas utiliser cette méthode seulement à l’oral car les élèves sont vite perdus et ont un besoin absolu d’une trace écrite pour fixer la compréhension et les connaissances.
En somme, j’ai trouvé là une nouvelle façon de varier les cours et d’apprendre ; elle demande de la rigueur parce qu’il faut savoir pourquoi on veut la pratiquer, il faut se fixer un objectif précis : elle ne peut pas remplacer les autres exercices que nous pratiquons, mais les complète bien. Je trouve intéressant enfin de solliciter ainsi la compréhension et la mémoire auditive alors que notre discipline est beaucoup fondée sur le rapport à l’écrit, qui est parfois difficile avec les élèves. Enfin je dois préciser que je n’ai toujours pas eu l’occasion d’expérimenter la méthode audio-orale de Claude Fiévet car cela me demanderait un gros temps de formation personnelle que je n’ai pas trouvé.
Claire Jeandidier, Lycée Lapicque – EPINAL