Situé au N.O du département des Vosges aux confluents de la Meuse et de la Haute-Marne, à 17 kilomètres de la ville de Neufchâteau, Grand (Granum) possède un magnifique amphithéâtre qui faisait lui-même partie d’un impressionnant sanctuaire gallo-romain. Cet amphithéâtre s’appuie sur les pentes naturelles d’un vallon à l’entrée du village actuel. De forme semi-elliptique il est classé par son grand axe de 148 m de long parmi les 10 plus grands amphithéâtre du monde romain. Le Colisée, pour mémoire, mesurait 188 m., les arènes de Nîmes 134 m., l’amphithéâtre de Trèves 141 m. Les axes de l’arène étaient de 50,80 m sur 34. Ses gradins permettaient d’accueillir 17.000 spectateurs venus assister aux combats de gladiateurs (munera) et aux chasses (venationes). Rappelons que les amphithéâtres de Metz et de Trèves pouvaient accueillir jusqu’à 20 000 personnes.
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Un peu d’histoire L’amphithéâtre fut édifié de 80 à 120 après J.-C. et les premières restaurations interviennent déjà au IIIe siècle. À partir de 360 l’édifice sera complètement abandonné et il faudra attendre les années 1820 pour que de nouvelles fouilles soient réalisées sous l’impulsion de J.B. Jollois. Tout au long du XIXe siècle l’amphithéâtre servira de carrière aux habitants du village.
C’est à partir de 1963 à l’initiative de Roger Billoret professeur à la faculté des Lettres de Nancy que le monument recouvert par 50.000 m3 de déblais sera dégagé. Longtemps considéré comme un monument mixte servant à la fois de théâtre et d’amphithéâtre, il correspond en fait à un amphithéâtre conçu avec une arène elliptique complète entouré d’une cavea pour les spectateurs dont les rangées de gradins supérieurs (maeniana) n’ont été construits que sur le côté sud. Les spectateurs devaient entrer par une série d’arcades dans une galerie circulaire sur laquelle débouchaient dix cages d’escalier ou vomitoria qui les conduisaient au sommet de la cavea. La plupart de ces éléments sont parfaitement visibles aujourd’hui. Avec le temps l’amphithéâtre de Grand a dû être protégé des intempéries notamment. C’est ainsi que d’importants travaux de restauration et de consolidation ont du être mis en place pour éviter l’effritement des pierres du grand appareil qui se réduisait en lamelles sous l’effet conjugué du gel et de la pluie. La pose de nouveaux gradins a permis non seulement « de rétablir la protection de surface initiale du monument mais aussi une meilleure lecture des aménagements antiques tout en restituant l’échelle réelle de son élévation ». Le bois choisi pour cet habillage particulier a été le lamellé-collé en iroko qui a la particularité en vieillissant de prendre une couleur proche de la pierre. Outre l’amphithéâtre le site de Grand possède d’autres éléments d’un grand intérêt, notamment la mosaïque. Celle ci pavait la partie centrale d’une basilique du premier siècle après J.-C. La mosaïque elle-même est plus tardive (première moitié du IIIe siècle). Aux quatre angles se trouvent quatre animaux en mouvement : deux bêtes exotiques (une panthère et un tigre) et deux de nos régions (un chien et un sanglier) ; au centre, quelque peu endommagé, un emblema de 4,80 sur 2,30 m. qui représente deux personnages en pleine discussion, peut-être une scène de comédie. Précisons qu’un important dispositif pédagogique est mis en place qui permet d’approfondir la connaissance du site (maquette, montage diapos, ateliers divers). La visite du site de Grand présente pour les élèves un intérêt pédagogique et culturel de premier plan.
Bibliographie succinte Grand. Images du patrimoine, Éditions Serpenoise 1990 Numéro spécial de la revue Le pays lorrain 1963, avec des articles de Roger Billoret.
