Préparation orale de l’option latin ou grec au baccalauréat

Utilisation des clés Barthe

L’entraînement des élèves à l’oral, en français comme en langues anciennes, est toujours problématique. Interroger tous les élèves en classe nécessite plusieurs heures de cours : que faire alors des élèves qui ne passent pas à l’oral ? Si l’on choisit d’évaluer en dehors des heures de cours, l’organisation s’avère compliquée puisqu’il faut trouver des créneaux compatibles entre l’emploi du temps de l’enseignant et ceux des différentes classes concernées par la discipline.

Pour tenter de surmonter ces difficultés, au lycée Jean Lurçat, nous nous inspirons, depuis quelques années déjà en français, des pratiques des collègues d’espagnol et d’anglais qui entraînent et évaluent régulièrement leurs élèves à l’aide de clés USB, au moyen desquelles ils s’enregistrent. Les élèves utilisent chacun une clé bleue et en fin de séance, le professeur peut copier l’ensemble des enregistrements sur sa clé grise, à l’aide d’un duplicateur. Nous empruntions jusqu’à cette rentrée le matériel existant (le lycée possède trois duplicateurs et plusieurs boîtes d’une trentaine de clés) qui représente un coût certain (compter environ 1500 euros pour un duplicateur et trois boîtes de clés) mais nous avons tenu cette année dans l’équipe de Lettres à disposer de nos propres clés, pour une organisation plus aisée.

Depuis 2013, j’expérimente cette pratique avec des hellénistes de Seconde et des latinistes de Première. Cela me permet d’évaluer la lecture – ce qui est bien utile avec des hellénistes débutants – la traduction et le commentaire. Concrètement, les élèves ont à revoir un ou plusieurs textes, en fonction du niveau et du moment de l’année (jusqu’à quatre en fin de première). L’évaluation se passe dans une grande salle (type salle de DS à réserver entièrement afin de ne gêner personne ou salle polyvalente) où chacun pourra s’isoler pour s’enregistrer : j’avais tout de même 24 latinistes l’an dernier ! J’explique rapidement aux élèves la démarche à suivre et le fonctionnement des clés bleues (s’enregistrer, faire des pauses, effacer, sauvegarder), qu’ils comprennent vite et bien. Je distribue un texte latin ou grec qu’ils traduisent au brouillon. Quand ils ont terminé, ils s’isolent pour s’enregistrer. Ils doivent d’abord se nommer, puis lire le texte en entier et le traduire en mot-à-mot. En Première, je leur demande également quelques mots d’introduction (époque, auteur œuvre, situation et contenu du texte) et des éléments de commentaire (citation, procédé, interprétation), en augmentant les exigences au fur et à mesure de l’année. Ils prennent ensuite le temps d’écouter leur enregistrement avec leurs écouteurs ou ceux que je mets à leur disposition. Je récupère les clés au fur et à mesure, chacun travaillant à son rythme ; je les duplique sur ma clé grise puis j’efface leur contenu afin qu’elles puissent être immédiatement réutilisées. La démarche à suivre est très clairement indiquée sur l’appareil et donc facile.

Ainsi les hellénistes grands débutants ont eu à retraduire dès octobre la fable d’Esope « Le Renard face au masque », puis en décembre un court extrait du Panégyrique d’Athènes par Isocrate. Les latinistes de Première ont été évalués au premier trimestre sur une quinzaine de lignes du De Inuentione de Cicéron (introduction, lecture, traduction et deux points de commentaire). Ils vont prochainement être interrogés sur un des deux passages de Médée de Sénèque qu’ils auront préparés.

J’évalue la correction, la fluidité et l’intonation de la lecture, le découpage du texte, la justesse de la traduction et la pertinence des éléments de contextualisation et de commentaire. Je peux réécouter les enregistrements autant que nécessaire.

Lors de la correction, je passe généralement des extraits choisis à toute la classe en lui demandant de les juger et en insistant sur les réussites et les modèles à suivre. Je peux aussi rectifier en direct les défauts de prononciation. Il m’est également arrivé de faire travailler les élèves par binôme en salle informatique, afin qu’ils comparent leur production et s’entraident pour progresser.

Evidemment, cette pratique ne se prétend pas idéale ; elle rend néanmoins possible l’interrogation d’une classe entière en une heure.  Il y a parfois des problèmes techniques, un enregistrement qui n’a pas fonctionné, un élève qui maîtrise mal la démarche. La clé Barthe n’est qu’un outil : elle permet de varier les modalités d’entraînement et d’évaluation, mais  bien entendu elle ne remplace pas un oral blanc en Terminale face à un professeur. En définitive, son emploi s’avère bien pratique et plus pertinent à mon sens que les « interrogations orales à l’écrit » que j’ai déjà expérimentées. Les élèves me semblent plus avertis, dès la seconde, des attentes réelles de l’examen.

 ingrid.bertrand@ac-nancy-metz.fr

 

Ingrid Bertrand, Lycée Jean Lurçat – BRUYERES

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