Je m’appelle Anastasia Fil. Je suis professeure de SVT au collège d’Amnéville. Je suis née à Kiev, en Ukraine. Je suis arrivée en France à l’âge de 5 ans.
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Quitter l’Ukraine : L’immigration
Mes parents sont venus en France car je n’étais pas très en sécurité là-bas à cause du contexte politique, et mes parents ont toujours voulu offrir un bel avenir à leur famille. L’Europe en faisait partie. Par contre dans les années 2000, il n’était pas évident pour des gens venus des pays de l’Est d’entrer en Europe. Il fallait trouver d’autres solutions. C’est pour cela que pendant 2 ans, j’ai vécu en Argentine.
Mes premières années en France
Les deux premières années en France ont été compliquées à cause de la barrière de la langue. Je ne savais pas parler français et c’était dur. Il m’était quasiment impossible de communiquer. De plus, j’étais une étrangère. Peu de gens osaient venir vers moi. Je ne me souviens pas exactement de comment j’ai fait l’apprentissage du français. Je parlais déjà le russe, l’ukrainien (mes deux langues maternelles) l’anglais (ma mère l’avait appris pour son travail) et l’espagnol (quand j’ai vécu en Argentine. Ceci m’a sans doute aidé à parler rapidement le français.
Le plus difficile à vivre au début, c’était la solitude. Il m’était très difficile de me faire des amis. Surtout qu’on déménageait beaucoup. Ce qui a fait que je ne gardais pas longtemps contact avec les quelques amis que je me faisais.
Quand mes parents ont réussi à avoir une vie avec un travail et un salaire stable, j’ai pu retourner en Ukraine, pendant les vacances. On y allait une fois par an pour voir le reste de ma famille. Et quelques fois, c’était eux qui venaient en France.
Professeure de SVT?
J’ai toujours aimé les sciences. J’ai fait un bac S et suivi des études scientifiques à l’Université. Puis , dans un premier temps, je me suis tournée vers la recherche en laboratoire. Mais j’ai très vite compris que ce n’était pas ce que je voulais faire. Rester souvent seule, assise devant un écran ne me plaisait pas. Moi, j’ai besoin d’être au contact de l’être humain. J’ai pensé, ensuite, aller dans des écoles d’Arts, suivre des cours de musique et de cinéma, mes passions et les domaines dans lesquels , j’ai beaucoup d’amis. Mais, la science me manquait. Suite à un service civique, au sein d’un établissement scolaire, je me suis dis “Pourquoi pas prof ?” J’ai passé le CAPES et ça m’a bien plu.
L’avenir?
Je suis de très près l’actualité. Evidemment, j’aimerais, comme tout le monde, que la guerre s’arrête. J’ai perdu des gens proches. Mais je ne veux pas qu’elle s’arrête parce que l’Ukraine aura cédé à la Russie. Pour moi, c’est inconcevable! J’ai toujours de la famille en Ukraine, qui n’est pas venue se réfugier en France. Pour eux, on doit rester et se battre. Mes parents ont connu l’URSS et ils l’ont très mal vécu. Poutine veut étendre son empire mais il n’y parviendra pas car l’Ukraine est un pays libre. L’esprit de liberté fait partie intégrante du peuple ukrainien.
J’ai déjà pensé aller en enseigner les SVT en Ukraine. A cause du Covid et puis de la guerre, je n’ai pas vu mes proches depuis très longtemps. Mon conjoint est français, je ne sais pas s’il me suivrait là bas. Pour l’heure, il faut retrouver la paix.