1.1. Existence.
Les actinides sont tous des éléments radioactifs. Certains sont naturels (Ac, Th, Pa, U et sans doute Pu). Les autres sont obtenus artificiellement. Les tableaux suivants montrent quelques unes de leurs propriétés.
Propriétés atomiques et électroniques
|
Numéro atomique |
Symbole |
Nom |
Configuration électronique |
Température de fusion (°C) |
Rayon métallique (nm) |
Rayon ionique M3+ (nm) |
|
89 |
Ac |
Actinium |
|
1050 |
1,88 |
1,11 |
|
90 |
Th |
Thorium |
|
1750 |
1,795 |
|
|
91 |
Pa |
Protactinium |
|
1560 |
1,64 |
|
|
92 |
U |
Uranium |
|
1132 |
1,57 |
1,03 |
|
93 |
Np |
Neptunium |
|
639 |
1,56 |
1,01 |
|
94 |
Pu |
Plutonium |
|
640 |
1,60 |
1,00 |
|
95 |
Am |
Américium |
|
944 |
1,74 |
0,99 |
|
96 |
Cm |
Curium |
|
1350 |
1,75 |
0,985 |
|
97 |
Bk |
Berkélium |
|
986 |
1,76 |
0,98 |
|
98 |
Cf |
Californium |
|
|
0,977 | |
|
99 |
Es |
Einsteinium |
|
|||
|
100 |
Fm |
Fermium |
|
|||
|
101 |
Md |
Mendélévium |
|
|||
|
102 |
No |
Nobélium |
|
|||
|
103 |
Lw |
Lawrencium |
|
|||
|
104 |
Rf Ku |
Rutherfordium Kurtchatovium |
|
|||
|
105 |
Ha |
Hahnium |
Les trois éléments les plus
abondants sont le thorium,
et
. Les autres éléments naturels proviennent de ces trois
là. On a récemment trouvé des traces de Np et Pu dans l’uranium
naturel.
Propriétés nucléaires
|
Isotopes |
Temps de demi-vie |
Obtention |
|
|
21,7 ans |
Naturel : |
|
|
|
Naturel : le seul isotope |
|
|
|
Naturel : 0,34 ppm dans le minerai d’uranium (pechblende) |
|
|
|
Naturel : 0,7204% |
|
|
|
Naturel : 99,2739% |
|
|
|
|
|
|
86,4 ans |
|
|
|
24,4 ans |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
433 ans |
|
|
|
7650 ans |
|
|
|
162,5 jours |
|
|
|
17,6 ans |
|
|
|
312 jours |
|
|
|
2,57 jours |
Comme les lanthanides, le degré d’oxydation +3 est le plus courant, mais du thorium au Berkélium, le degré d’oxydation +4 existe, et est parfois plus stable (pour Th, Pa et U). Les degrés +5 de Pa à Am, +6 de U à Am et +7 pour Np et Pu sont aussi représentés.
Voici les potentiels rédox normaux de quelques couples intéressant les actinides depuis Th jusqu’à Am , à pH = 0 :
|
Potentiels rédox de : | ||||
|
Thorium |
| |||
|
Protactinium |
|
| ||
|
Uranium |
|
|
|
|
|
Neptunium |
|
|
|
|
|
Plutonium |
|
|
|
|
|
Américium |
|
|
|
|
Le tracé du diagramme de Frost pour ces différents métaux montre les stabilités suivantes :
: (rouge brun) : oxydé lentement
par l’eau, rapidement par l’air en
.
: (vert) : stable.
Oxydé lentement par l’air en
.
: : instable. Se
dismute en
et
.
: (jaune) : très stable, difficile
à réduire.
: (violet) : stable
dans l’eau. Oxydé par l’air en
.
: (vert-jaune) :
stable. Oxydé lentement par l’air en
.
: (vert) : stable.
: (rose) : stable. Facilement
réduit.
: (bleu-violet): oxydé facilement
en
.
: : stable en milieu acide. Se
dismute en milieu faiblement acide en
et
.
: ? : se dismute
toujours.
: (jaune-rose) : stable. Assez
facile à réduire.
: (rose) : stable ; difficile à
oxyder.
: (rose-rouge): stable en présence
d’ions fluorure 15 mole par litre (il se forme
). Est facilement
réduit, par l’ion iodure par exemple.
: (jaune-pâle): dismutation en
milieu acide fort.
: (rhum) : est réduit rapidement
(4% par heure).
Diagramme de Frost des Actinides.

Il est plus abondant que Hg, Ag, Cd
ou Bi, mais il est très disséminé. Le plus important de ses minerais est la
pechblende formée de divers oxydes d’uranium (
et
essentiellement).
Le minerai subit les traitement suivants :

On obtient le carbonate double
d’ammonium et d’uranyle qui précipite. Il est séché et décomposé à la chaleur en
pur, puis en
. Celui-ci est ensuite réduit grâce au passage par un fluorure
:
3. Séparation de
et de
, ainsi que de Pu et de
U .
Ce procédé utilise l’hexafluorure d’uranium, obtenu par traitement du métal par F2 en présence d’un peu de Cl2 (sinon on obtient UF4). UF6 est jaune pâle, fond à 69°C sous 2 bars et se sublime à 56°C sous un bar. On peut également l’obtenir par action de ClF3 sur l’uranium métallique.
UF6 est stable en présence d’air, d’oxygène, de chlore ou d’iode. Par contre il est hydrolysé en sel d’uranyle :
UF6 est octaédrique.
, de masses
molaires différentes, vont diffuser à une vitesse différente au travers d’une
membrane poreuse. On pourra ainsi séparer ces deux gaz. C’est
qui diffuse le
plus vite. Une fois séparé,
est réduit et hydrolysé en
, traité comme
précédemment.
On utilise une solution de phosphate
de tributyle PO(BuO)3 (TBP) dans un solvant organique. Les nitrates d’uranyle et
de plutonyle (
) sont extraits d’une solution aqueuse d’acide nitrique par du
kérosène purifié contenant du TBP. On obtient les complexes qui
suivent.

Cette solution kérosènique est lavée avec une solution d’acide nitrique dilué contenant un agent réducteur. PuVI est réduit facilement en PuIII (voir le diagramme de Frost). Ces sels de PuIII passent dans l’eau, alors que le complexe d’uranyle, qui n’est pas réduit, demeure dans le kérosène. Le lavage du kérosène par l’eau en milieu neutre détruit le complexe précédent et l’on récupère dans l’eau du nitrate d’uranyle seul.
4. Propriétés chimiques de l’uranium et de ses composés.
La non stœchiométrie
est très importante pour ces oxydes, et le mélange oxygène-uranium forme un
système très complexe. Par exemple, on peut ajouter jusqu’à 10% d’oxygène à UO2
sans qu’il y ait de modification notable de la structure : la phase UO2 s’étend
de UO2 à UO2,25 (brun-noir). U3O8 est vert-noir, UO3 est orangé-jaune. Celui-ci
est obtenu par décomposition à 350°C du nitrate d’uranyle. Les autres sont
obtenus de la manière suivante :
Ces oxydes se dissolvent dans
l’acide nitrique en donnant des sels d’uranyle tels que le nitrate d’uranyle
.
L’oxyde UO3, fondu avec
des carbonates alcalins ou alcalino-terreux, donne des composés oranges ou
jaunes appelés uranates :
On constate qu’il s’agit de composés de même structure que les chromates et bichromates, molybdates et polymolybdates, tungstates et polytungstates.
4.3.1. Fluorures.
UF3 est cristallin et ressemble aux fluorures de lanthanides. UF4 est un solide vert insoluble dans l’eau. Nous avons vu comment obtenir UF6 . C’est un agent fluorant puissant, par exemple :
![]()
UF5 est peu stable, se dismute rapidement. Il a une structure de polymère.
UCl3 (rouge) est beaucoup
plus réducteur que UF3 ; il n’est stable qu’en milieu anhydre. Il est
obtenu par la réaction suivante :
. UCl4
(vert) est le plus stable des chlorures. C’est un solide soluble dans les agents
organiques polaires. UCl5 et UCl6 sont très violemment
hydrolysés en sels d’uranyle. UCl5 se dismute.
Seuls les complexes fluorés sont
importants, par exemple ceux de UIV :
… Les plus
intéressant concerne le degré +5 qui est stabilisé dans l’acide fluorhydrique
par formation de l’acide hexafluorouraniqueV HUF6
.
C’est le composé d’uranium le plus stable en solution aqueuse. En général, il s’agit plutôt de complexes covalents, car ce sont des sels solubles dans les solvants organiques polaires. Le plus connu de ces sels d’uranyle est l’acétate d’uranyle et de zinc (sel de Seignette) qui permet d’obtenir un précipité en présence d’acétate de sodium. Ce précipité est un des seuls composés insoluble du sodium :