La formation des professeurs
au Grand Duché du Luxembourg
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La formation des professeurs a été fondamentalement réformée en 1999. Ce qui suit concerne en conséquence les professeurs qui ont été nommés en leur fonction à partir de l’été 2002.

Dans la formation des professeurs (de chimie) il y a une stricte séparation entre la formation professionnelle dans la branche qu’on veut enseigner (p.ex. chimie ou physique) et la formation pédagogique: les contenus chimiques sont traités au cours d’études universitaires d’au moins quatre ans, dont seulement les deux premières années peuvent être réalisées au Grand-Duché. La formation pédagogique y suit alors au sein l’Université du Luxembourg sous forme de cours universitaires supplémentaires (cf. ci-dessous).

Après avoir réussi ses études chimiques, le Ministère de l’Éducation Nationale vérifie, si le diplôme obtenu correspond à la directive européenne 89/48/CEE. Si ceci est bien le cas, le ministère prononce l’homologation avec un diplôme de chimie luxembourgeois (fictif), ce qui permet alors de participer (après des examens de langues) à l’examen-concours qui est organisé (selon besoins) en une ou deux sessions chaque année scolaire. Pour cet examen le ministère fixe le nombre de stagiaires admissibles pour chaque branche enseignée. Une commission constituée de professeurs de chimie est alors responsable des épreuves de cet examen, subdivisé pour l’instant en quatre parties (connaissances universitaires, résolution d’exercices, exposé et séance de travaux pratiques). Sont alors admis au Stage pédagogique les candidats ayant obtenus les meilleurs scores, s’ils ont réalisé une moyenne supérieure à 50 % et des notes partielles chacune supérieure au tiers des points. Les stagiaires sont engagés comme fonctionnaires-stagiaires.

Le Stage pédagogique s’étale sur six trimestres et est subdivisé en une phase de formation pédagogique théorique et pratique (cinq trimestres) et une phase d’examen, la Période Probatoire (un trimestre).

La première partie du Stage pédagogique englobe la formation pédagogique au sein de l’Université du Luxembourg et simultanément l’incorporation progressive dans l’enseignement.

La formation pédagogique est subdivisée en trois modules qui devraient permettre au stagiaire d’obtenir les douze compétences fixées par le législateur comme objectif primaire de la formation. L’envergure de cette formation a été changée (diminuée) récemment pour valoriser la formation pratique des stagiaires. Les études sont organisées sous forme de cours, séminaires, ateliers ou workshops. Les travaux sont à réaliser seul, en groupe disciplinaire (p.ex. chimie), en groupe pluridisciplinaire (p.ex. sciences naturelles), en groupe interdisciplinaire ou en en intégralité de stagiaires. Une partie de cette formation se déroule dans les écoles pour garantir le lien entre théorie et pratique. Les contenus sont la pédagogie, la sociologie ou la didactique générale. La méthodologie et la didactique disciplinaire n’ont (hélas!) jusqu’ici pas trouvé de place explicite dans ces cours. Une amélioration dans ce domaine a été annoncée avec les nouveaux horaires.

Parallèlement le stagiaire est incorporé progressivement dans le corps enseignant. La tâche d’enseignement monte progressivement au cours de cette période. Au début il s’agit notamment d’assister comme auditeur libre au cours de deux tuteurs, un enseignant de l’Enseignement secondaire classique et un de l’Enseignement secondaire Technique. Peu à peu le stagiaire prend un rôle de plus en plus actif jusqu’arriver à l’enseignement proprement dit. La vitesse avec laquelle cette transition est réalisée dépend du jugement des tuteurs. Pour la deuxième année de la formation, on confie au stagiaire des classes à titre entier. La responsabilité pour la progression des élèves reste néanmoins tâche des tuteurs. En principe la répartition des tâches d’enseignement devrait être équitable entre les deux ordres d’enseignement (classique et technique). En surplus de la tâche d’enseignement, les écoles ont le droit d’attribuer, en volume limité, des tâches de nature pédagogique aux stagiaires.

Tout au long de sa formation de cinq trimestres, le stagiaire doit élaborer un portfolio, qui est constitué de travaux concernant la formation pédagogique d’un côté et le tutorat de l’autre côté, ainsi qu’une thèse pédagogique. Le portfolio est sujet d’une soutenance devant un jury composé d’un coordinateur de module (de la formation universitaire), du coordinateur de discipline et un des deux tuteurs. L’épreuve est réussie si chacune des trois parties (formation pédagogique, tutorat et thèse pédagogique) est jugée comme au moins satisfaisante. Le stagiaire obtient en cas de réussite un Diplôme de Formation Pédagogique, ce qui lui permet d’entamer la période probatoire.

Au cours de la période probatoire, le stagiaire doit réaliser deux leçons examen (en principe une dans l’enseignement secondaire classique et une dans l’enseignement secondaire technique). En plus, le stagiaire doit élaborer un dossier constitué de la discussion de la planification et du déroulement de six leçons consécutives sur les deux classes sur lesquelles se jouent les leçons examen ainsi que la correction des devoirs en classe susceptibles d’évaluer les contenus en question. À la fin de ce parcours se trouve un examen oral (Examen de fin de stage) devant une commission constituée d’enseignants de chimie et d’un directeur d’un établissement de l’enseignement secondaire. Cet examen comporte deux parties: la soutenance du dossier et une épreuve sur la législation scolaire et de la fonction publique.

La réussite des deux leçons examen et de l’examen de fin de stage font avancer le stagiaire dans le statut du candidat, il devient fonctionnaire de l’État.

Après la nomination comme candidat, celui-ci dispose de 18 mois pour élaborer une thèse scientifique (Travail de candidature).(2)
Peuvent être traitées dans ce travail ou bien un sujet inhérent à la branche enseignée, ou bien un sujet de la pédagogie générale. Le travail de candidature est accompagné par une personne de ressource (prof d’université, enseignant du secondaire,…). Dans un délai de huit semaines après la remise de la thèse, celle-ci doit être soutenue en séance publique. En cas de réussite, le candidat devient Professeur de Sciences, point final de la formation, qui a ainsi duré au moins huit ans.

Gérard WAGENER

(1)Règlement grand-ducal concernant le stage pédagogique des enseignants-stagiaires de l’enseignement postprimaire du 23 décembre 1998 (Mémorial A N°116 du 29 juin 1998) ; Loi concernant la fonction de candidat dans les carrières enseignantes de l’enseignement postprimaire du 21 mai 1999; Règlement grand-ducal concernant la formation théorique et pratique ainsi que la période probatoire des enseignants de l’enseignement postprimaire du 2 juin 1999 (Mémorial A N° 75 vom 18 juin 1999).

(2) Règlement grand-ducal concernant le travail de candidature du 24 juillet 2000.

 

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