TRANSFORMATION ET REACTION CHIMIQUE
A.Transformation ou réaction ?
Le nouveau programme de chimie du lycée nous demande de différencier la transformation chimique, de la réaction chimique. Pour que l’élève puisse appréhender la différence, il nous faut faire un gros effort de rigueur dans le vocabulaire que nous employons.
La réaction chimique est associée à la transformation. L’équation chimique symbolise la réaction chimique. .
A bannir : équation bilan (mélange de l’état microscopique et macroscopique)
B. Les outils liés à la réaction chimique
Utilisation du signe =
Dans ce programme, l’utilisation
du signe égal pour symboliser la réaction chimique est préconisée, même dans
le cas de transformation totale. Si cette écriture ne présume pas du sens dans
lequel se fera la transformation (la réaction n’est pas orientée), il est important
de remarquer qu’il vaut mieux pour nous écrire l’équation chimique dans le sens
où la transformation se produit.
En
effet, si on écrit l’équation en sens inverse, l’avancement sera alors forcément
négatif. (L’algébrisation de l’avancement n’est pas prévu dans le programme.)
Le tableau descriptif de la transformation ayant effectivement lieu entre les réactifs
A et B, avec une équation écrite à l’envers est le suivant :
Equation chimique |
c C d D = a A + b B |
||||
Etat |
Avancement |
||||
Initial |
x=0 |
n(C)i |
n(D)I |
n(A)I |
n(B)i |
En cours |
x |
n(C)i - c.x |
n(D)i – d.x |
n(A)i+a.x |
n(B)i+b.x |
A
étant réactif, sa quantité doit donc diminuer. Or n(A)i +a.x ne peut
diminuer que si x est négatif.
En
cinétique, la vitesse d’une réaction étant définie en fonction de l’avancement,
on aboutirait alors à une vitesse de réaction négative. Comment le justifier ?
Ce n’est qu’en fin d’année que
l’élève pourra ,en comparant Qr et K, trouver le sens d’évolution
du système, jusque là le sens de la transformation doit être clairement précisé.
Utilisation de la double flèche
L’utilisation de la double flèche est exclusivement réservée à la représentation de mécanismes réactionnels.
Utilisation de la simple flèche
Elle est considérée comme une représentation provisoire de la réaction chimique en seconde, en première et en terminale avant que la notion d’équilibre chimique soit introduite.
L’avancement
x ,exprimé en mol, décrit l ’évolution du système au cours de la transformation.
Il faut donc dire avancement de la réaction..
Avec l’introduction des équilibres
chimiques, il est nécessaire de distinguer dans les notations l’avancement maximal
xmax (avancement atteint lors d’une transformation totale) et l’avancement
à l’état final xf (avancement atteint lors d’une transformation
limitée).
Equation chimique |
a A + b B = c C + d D |
||||
Etat |
Avancement |
||||
Initial |
x=0 |
n(A)i |
n(B)I |
0 |
0 |
En cours |
x |
n(A)i - a.x |
n(B)i – b.x |
c.x |
d.x |
Final |
xf |
n(A)i - a.xf |
n(B)i – b.xf |
c.xf |
d.xf |
Remplaçant
la notion de rendement, le taux d’avancement final de la réaction permet de
déterminer si la transformation est totale ou limitée.
t = xf
/ xmax
Le
taux d’avancement final dépend de la constante d’équilibre associée à la réaction
et de l’état initial du système.
Attention
de bien différencier le quotient de réaction de la constante d’équilibre.
Pour
une réaction d’équation chimique
a A + b B = c C + d D , on peut écrire dans un état z du système :
Qr,z= [D]zd. [C]zc/ [A]za. [B]zb
Dans
cette définition [A], [B], [C] et [D] sont des nombres
sans dimension égaux aux valeurs des concentrations volumiques molaires
effectives.
La
contribution du solvant et des solides est égale à 1 dans cette définition.
Le quotient de réaction n’est en aucune façon lié à la constante d’équilibre.
A l’équilibre seulement, on peut écrire Qr,éq = K.
Il est dangereux d’écrire : K = [D]éqd. [C]éqc/ [A]éqa. [B]éqb, mais il faut écrire Qr,éq =[D]éqd. [C]éqc/ [A]éqa. [B]éqb= K
La constante d’équilibre K est une donnée obtenue à partir des tables thermodynamiques. Elle est en effet rigoureusement définie et liée à l’enthalpie libre par :
K = exp(– Dr G° / RT). DrG° enthalpie libre R constante des gaz parfait T température en K
Pour l’élève c’est :
-
Une donnée caractérisant la réaction à une température donnée ;
-
Une valeur qu’il peut déterminer expérimentalement en mesurant les concentrations
à l’équilibre et en calculant le quotient de réaction à l’équilibre.
-
Pour les réactions acido-basiques, la constante d’équilibre s’exprime en fonction
des constantes d’acidités des deux couples acide/base intervenant dans la réaction.
Il est alors nécessaire de passer par l’écriture du quotient de réaction à l’équilibre.
A bannir : le terme de constante de réaction
Dans
ce nouveau programme, on parle de vitesse de réaction et plus de vitesse d’apparition
du produit ou de disparition d’un réactif. La vitesse est définie en fonction
de l’avancement :
v
= (1/V) dx/dt
Les
notions de vitesse moyenne, vitesse d’apparition ou de disparition ne sont plus
définies. Pour comparer l’évolution temporelle de deux transformations, il faut :
-
comparer les coefficients directeurs des tangentes aux courbes x= f(t) ;
-
comparer les temps de demi-réaction.
C.Transformations totales ou limitées, sens d’évolution du système
Pour déterminer si une transformation est totale ou limitée, il faut calculer le taux d’avancement final.
Dans ce programme on ne parle plus de transformation peu avancée ou très avancée ou quasi-totale …. Il ne reste que les transformations dites totales et les transformations limitées conduisant à un état d’équilibre.
La transformation totale
On considère qu’une transformation est totale quand le taux d’avancement final de la réaction associée est proche de 1. Il est nécessaire de sensibiliser les élèves aux effets des erreurs de mesures sur le taux d’avancement final. Dans certains cas, ils obtiendront des valeurs supérieures à 1.
A bannir absolument : la réaction est totale, c’est la transformation qui est totale.
La transformation limitée
Une transformation est limitée si le taux d’avancement final de la réaction est inférieur à 1..
Etat d’équilibre
Une
transformation limitée conduit à un état d’équilibre, où les concentrations
des produits et des réactifs n’évoluent plus. C’est un état dynamique, qui ne
se traduit pas par l’absence de réaction mais par la coexistence de deux réactions
inverses se produisant à la même vitesse au niveau microscopique. Au niveau
macroscopique aucune transformation n’est observée. Tout système chimique évolue
spontanément vers l’état d’équilibre.
Il
faut écrire que le système atteint l’état d’équilibre, et non que la réaction
est à l’équilibre ou la réaction est équilibrée.
Le
système évolue spontanément vers l’état d’équilibre.
La
comparaison de Qr et de K permet de prévoir dans quel sens le système
va évoluer.
-
si Qr < K le système évolue dans le sens d’écriture de l’équation
-
si Qr = K on est à l’équilibre
-
si Qr > K le système évolue dans le sens contraire d’écriture
de l’équation.
D Le titrage
Le
dosage est un terme général qui décrit la détermination d’une concentration
molaire volumique. Dans le cas d’un dosage par ajout d’une solution titrante
avec repérage de l’équivalence, on parle de titrage. Par opposition, on réalise
un dosage spectrophotométrique,
A
chaque ajout de solution titrante le système atteint un nouvel état. On peut
décrire le dosage de l’espèce A par la solution titrante B par le tableau descriptif
suivant :
Equation chimique |
a A + b B = c C + d D |
||||
Etat |
Avancement |
||||
Initial |
x=0 |
cA.VA |
cB.VB,versé |
0 |
0 |
En cours |
x |
cA.VA - a.x |
cB.VB,versé – b.x |
c.x |
d.x |
Les
quantités de matière initiales correspondent aux quantités des réactifs versées
à un instant donné du titrage.
L’équivalence
est définie comme étant le changement de réactif limitant, les quantités de
réactifs sont alors nulles.
A l’équivalence, le volume de solution B versée est VE et les quantités de réactifs introduits sont nulles, on a donc ;
cA.VA- a.x = 0 cB.VE – b.x = 0 De la première équation on tire xéq : xéq = cA.VA/a
On introduit xéq dans la deuxième équation : cB.VE – (b.cA.VA)/a = 0 d’où cA = cB.( a.VE /b.VA).
On
ne parle plus de dosage en retour, mais de titrage indirect.
Pour
les titrages indirects, la solution la plus simple consiste à construire deux
tableaux descriptifs liés. Il faut alors prendre soin de différencier les notations
des avancements des deux réactions.
A
une solution contenant l’espèce à titrer A, on ajoute un excès de solution contenant
l’espèce titrante B. L’excès de B est ensuite dosé par une espèce C.
Les
tableaux descriptifs traduisant l’évolution du système sont :
Equation chimique |
a A + b B = c C |
|||
Etat |
Avancement |
Quantités de matières |
||
Initial |
x = 0 |
cA.VA |
cB.VB |
0 |
Final |
xf |
cA.VA –a.xf =0 |
cB.VB –b.xf |
c.xf |
Equation chimique |
b’ B + d’ D = e’ E |
|||
Etat |
Avancement |
Quantités de matières |
||
Initial |
x’ = 0 |
cB.VB–b.xf |
cD.VD,versé |
0 |
Equivalence |
x’E |
cBVB–b.xf –b’.x’E |
cD.VD,versé–d’.x’E |
e.x’E |
A
l’équivalence du titrage de B par D, le volume de solution D versée est VE,
les quantités de réactifs introduits sont nulles, on a donc :
cD.VE–
d’.x’E = 0 permet de calculer x’E
cB.VB–
b.xf–b’.x’E = 0 permet de calculer xf
on
en déduit alors cA : cA
= a.xf/VA
Si la dénomination d’acide fort et d’acide faible disparaît, il est nécessaire de distinguer les acides (respectivement les bases) dont la transformation avec l’eau est totale des autres. En effet, la formule utilisée pour écrire l’équation de dosage en dépend. Soulignons que les élèves ne sont pas sensés savoir quels sont les acides « forts » et « faibles ». Il faut donc le leur préciser, en disant que la transformation est totale ou en donnant le taux d’avancement de la réaction avec l’eau.
le document Voir un dossier sur "réaction chimique et avancement"