Cap vers la sidérurgie : Une histoire de cœurs
Dans le cadre du festival « Le livre à Metz » nos élèves de seconde de la section Médias et Journalisme ont participé à un atelier d’écriture d’articles avec 9 autres lycées de la région. Le prix des journalistes est revenu à Emma Diedrich et Marine Capone, BRAVO à toutes les deux!!!
Voici le texte vainqueur
Cap vers la sidérurgie – Une histoire de cœurs
C’est avec un regard ému, rempli de souvenirs, que Marcel Koch, ancien sidérurgiste à Rombas, revient sur les lieux de son ancienne usine : celle pour laquelle il a vécu pendant 29 ans, celle qui a rythmé sa vie et fait battre le cœur économique de la région. Il revient sur ce passé qui renaît à travers le projet des Portes de l’Orne.
« Ici, c’était la maison des syndicats ! » s’exclame Marcel, le cœur gonflé de fierté. Un peu perdu, il ne reconnaît pas les lieux, transformés par une architecture moderne. Cette maison, devenue un tiers-lieu, semble n’avoir plus rien à voir avec celle d’autrefois.
Sidérurgiste pendant 29 ans
Aujourd’hui âgé de 73 ans, Marcel, empreint d’une grande amertume, revient sur ce qu’il a vécu à l’usine. « J’étais mécanicien au train des palplanches ! 56 heures par semaine et un repos compensatoire tous les trois mois ! » Après avoir débuté son apprentissage de 3 ans en 1964, il est arrivé sur le site de Rombas, en septembre 1967. A l’époque, ce n’était pas une vocation de père en fils, mais plutôt un chemin tout tracé. Son arrière-grand-père lui-même avait participé à la construction de l’usine en 1880 : « Regardez, mon grand-père est ici, au milieu de la photo ! » montre-t-il, en pointant du doigt la couverture d’un ouvrage de Jean-Jacques Sitek, historien local.
Il raconte la poussière de l’usine, ses gaz dangereux, sa graisse évacuée au kilomètre 7 à Amnéville, le ciel qu’elle rougissait chaque nuit et sa chaleur intense. Il parle des accidents de travail et des copains partis trop tôt … à cause d’elle. Malgré tout cela, il ne cesse de la regretter, encore et toujours.
1993, la fin d’une époque
« C’est fini tout ça ! On était tous unis et ce qui me manque… c’est les camarades », livre-t-il, un petit sourire au coin des lèvres. En 1993, l’usine ferme ses portes. C’est un tournant pour Marcel et tous les autres : primes de licenciement, chômage, reconversion forcée, drames familiaux.
Une page se tourne définitivement. De cette époque, il ne reste que les friches, au loin, derrière Marcel… une photo à la légende soigneusement manuscrite : « Dernière palplanche laminée, 30/07/1993 »… Et ce petit livre rouge, que tient précieusement entre ses mains le mécanicien rombasien : Catalogue des palplanches en acier – Larssen – Rombas, édition 1982. « J’y tiens à ce catalogue vous savez ! C’est tout ce qu’il me reste de cette époque », se confie-t-il, le cœur lourd et les yeux mouillés.
L’attachement de Marcel à son usine n’a pas été terni par le temps qui passe, ni par les opérations de démolition. Il reste intact, profondément ancré en lui, les palplanches au cœur. C’est un peu comme s’il avait toujours refusé cette rupture, jamais fait son deuil. Quant au projet du Cap Orne, il semble ne pas y croire et refuse que l’on transforme son usine en lieu de coworking du XXIème siècle.
Marine Capone et Emma Diedrich 2nde 5 et 10 LGT julie Daubié ROMBAS