Interview d’un jeune royaliste

Ancien élève du lycée, je suis cette année en Fac d’Histoire à Nancy mais ai décidé de rester en contact avec le JD 3.0. Récemment j’ai fait la connaissance, via Facebook, d’un partisan du royalisme français. Intéressé par l’étude de cette idéologie et par son évolution dans le temps (en rapport avec mes études), j’ai pensé utile de faire une interview de ce royaliste pour découvrir un courant dont on pouvait penser qu’il n’existait plus. Ce jeune royaliste était lui-même étudiant en communication à Nancy jusqu’à récemment, aujourd’hui il est membre du groupe « France Royaliste ». Ses parents sont jardinier et enseignant, ils ne partagent pas ses idées et sont républicains. Nous allons nous intéresser à ce qui a conduit ce jeune homme à se détourner de la République puis voir de plus près en quoi cela consiste, il souhaite rester anonyme.

Dahman Richter : Vos parents ne sont pas royalistes, vous ne faites pas partie d’une famille avec une tradition royaliste, comment avez-vous découvert et adhéré au royalisme ?

F.R. : J’avais un ami royaliste qui m’en avait parlé, j’en ai par la suite rencontré d’autres via internet. J’ai toujours aimé l’Histoire et admiré les Rois de France. Je pensais toutefois que c’était dépassé et qu’il fallait s’investir dans les partis actuels. Puis j’ai compris que ceux-ci n’étaient qu’un artifice, destiné à faire croire que l’avis des Français est pris en compte. En fait les gens vont « urner » régulièrement, un coup à droite, un coup à gauche,  sans que cela influe le moins du monde sur les décisions prises en haut. Mais ils ont l’impression que cela suffit et du coup délaissent toute autre forme de combat politique, ce qui est le but recherché.

Ce qui m’a poussé à devenir royaliste c’est l’amour de Dieu et de la France. Je pense que le royalisme sert le bien commun, alors que la République et la démocratie sont des illusions qui permettent à certains de s’enrichir aux dépens du peuple.

D.R. : A quelle branche du royalisme appartenez-vous ? Orléaniste ou légitimiste ?

F.R. : Je suis légitimiste et donc pour la famille des Bourbons (ndlr : Bourbon-Espagne). L’héritier légitime de la Couronne de France est Louis XX d’après les règles dynastiques millénaires du Royaume de France.

D.R. : Mais Louis de Bourbon est espagnol, de plus sa famille a perdu ses droits à la couronne de France en 1713 en devenant espagnole. La famille Orléans serait plus légitime non ?

F.R. : Dans toutes les monarchies il y a souvent eu des souverains venant de pays autres, ce qui compte c’est la lignée. Pour ce qui est de l’abandon des droits à la couronne de France par les Bourbons, je dois dire que la couronne est indisponible et qu’elle n’appartient pas au souverain, qui ne peut ni la vendre ni la donner. Au sujet des Orléans, ils descendent du frère de Louis XIV, alors que les Bourbons d’Espagne descendent de son petit-fils cadet. Comme la branche aînée est éteinte, c’est à la branche cadette de prendre la relève et non à celle de l’oncle. C’est ce que disent clairement les lois fondamentales du Royaume afin d’éviter les querelles de pouvoir qui sont le poison de toute société. La personne royale n’est rien, seul son principe compte.

On peut faire remarquer aussi que le duc d’Orléans a en son temps épousé les idéaux de la Révolution, se faisant appeler « Philippe Egalité », a abandonné lui aussi ses droits à la Couronne, et a voté la mort de son cousin Louis XVI. De plus, il y a eu une restauration de la monarchie en 1815, et en 1830, les Orléans y ont mis fin en chassant Charles X et en mettant en place la « monarchie » de juillet, qui se voulait un compromis entre la monarchie et la Révolution. Mais il n’y a pas de compromis à faire avec l’erreur.

D.R. : Ce Roi serait donc catholique, cette religion devrait-elle alors devenir religion d’Etat ? Qu’adviendrait-il des autres religions ?

F.R. : Le catholicisme doit en effet redevenir religion d’Etat. C’est la religion universelle du Christ. En ce qui concerne les autres on ne peut encourager la diffusion des erreurs, ce sont de fausses religions. Cependant nous ne forcerons personne à se convertir, chacun gardera les mêmes droits civils, pourra rester sur le territoire mais devra garder son culte privé s’il n’est pas catholique, comme cela s’est toujours fait sous la monarchie (mis à par l’édit de Nantes qui a mis fin à l’unité spirituelle du pays). La vérité existe et elle ne peut être qu’une, c’est cela la religion, à l’opposé du relativisme actuel. Le salut des âmes importe plus que la liberté individuelle.

D.R. : Quand tu dis que les autres religions que le catholicisme doivent rester privées, cela signifie-t’il pas de construction de mosquées par exemple ?

F.R. : Nous sommes dans un contexte particulier. De nombreux musulmans ont été incités à venir en France afin de fournir de la main-d’œuvre bon marché au capital et, je crois également, de porter atteinte à l’identité chrétienne du pays. Ne perdons pas de vue qu’ils sont utilisés à leur corps défendant et que le but ultime et obscur poursuivi pourrait bien être le déclenchement d’une guerre civile dont tout le monde souffrirait. Dans ce contexte il faut être très prudent et peut-être faire prendre conscience aux musulmans qu’ils seraient bien mieux dans un régime chrétien autorisant le voile (puisqu’il est aussi beaucoup porté dans la religion catholique) et défendant la famille que dans une république qui se dit conciliante mais qui pourrait bien être davantage un obstacle qu’une aide à l’harmonie entre les gens.  En tant que catholique, je ne suis pas favorable à la construction de tout autre lieu de culte que catholique, mais je crois que si la vraie Foi revient beaucoup de musulmans s’y convertiront. Sur le continent africain ou la Foi est plus vive, il y a énormément de conversion de l’islam au christianisme.

D.R. : Ce retour à la « vraie foi » sous-entend-t’il que l’on devrait à nouveau brûler les « sorcières » ?

F.R. : C’est un peu l’image d’Epinal, les gentilles sorcières brulées par les méchants inquisiteurs. Il faut savoir que la sorcellerie et le satanisme sont des pratiques très dangereuses, pouvant aller jusqu’à des sacrifices humains. Nous devons essayer de convertir les gens qui se livrent à de telles pratiques.

D.R. : Et si ça ne fonctionne pas ? Faudrait-il les emprisonner ou les exécuter ?

F.R. : S’il y a des gens qui persévèrent dans des rites démoniaques il faut y mettre fin, car ils travaillent à la chute de l’humanité. Pour la peine à appliquer, honnêtement je ne sais pas, un tribunal en jugera.

D.R. : Es-tu pour la peine de mort ?

F.R. : Les révolutionnaires l’étaient en tout cas. Pour ma part je respecte le commandement divin « Tu ne tueras point. », mais je crois que la société a le droit de mettre fin à la vie d’un individu qui la menace gravement, car au nom du principe de vie, il vaut mieux en perdre une que d’en mettre en péril de nombreuses.

D.R. : Autre sujet, en cas de rétablissement de la monarchie, la noblesse et la féodalité le seraient-elles aussi ?

F.R. : Nous devons rétablir le pouvoir du Roi, garants de l’unité du royaume, les grands féodaux doivent lui être soumis. Le rôle de la noblesse est de combattre pour défendre le Royaume. Elle paye ainsi l’impôt du sang.

D.R. : Par quels moyens comptez-vous prendre le pouvoir ? Fais-tu partie d’un parti ?

F.R. : Non je ne fais pas partie d’un parti car le royalisme, le vrai, ne reconnaît pas le système républicain et donc celui des partis. Ils sont faits pour diviser le peuple alors que le Roi est là pour le rassembler. Je suis dans un cercle légitimiste. Pour ce qui est du pouvoir, il ne s’acquiert pas par les urnes. La démocratie est une illusion, nous n’avons en réalité le choix qu’entre une galerie d’acteurs financés par les banques et qui ont promis à une élite supérieure de faire tout ce qu’elle attend d’eux.

D.R. : Alors comment s’acquiert le pouvoir ?

F.R. : La priorité est à la formation, car souvent les gens veulent passer à l’action sans rien connaître des enjeux et sans la moindre doctrine politique. Il faut d’abord bien connaître la Tradition pour espérer remettre en place un système qui a fait ses preuves, un système qui a permis la construction et la pérennité de la France durant 1300 ans, avant que la Révolution ne la défasse petit à petit.

D.R. : Est donc si la majorité des Français étaient d’accords, feriez-vous un coup d’Etat ?

F.R. : Ce n’est pas une question de nombre, la loi du nombre est un mythe, l’Histoire est faite par les minorités agissantes (et la Révolution « française » ne fait d’ailleurs pas exception à la règle, Camille Desmoulins a publiquement déclaré que la Révolution était l’œuvre d’une poignée de machinistes de l’ombre. On pourrait aussi parler du trotskysme).

Avant de faire il faut être. Quand tout s’écroulera il ne restera plus que l’ordre naturel. La France meurt car elle a perdu la Foi, si demain les églises sont à nouveau pleines alors elle se relèvera en un clin d’œil (et n’en déplaisent à certains, si demain les cloches ne sonnent plus ce n’est pas parce que l’islam a remplacé le christianisme mais parce que les églises sont désertées. L’islam ne remplace que le vide). La République va tomber toute seule, le processus est déjà bien entamé. Ce qui est important c’est qu’il reste des Français formés et prêts pour la restauration.

D.R. : Votre idée est donc de cueillir le fruit mûr, c’est cela ?

F.R. : On ne sait pas exactement ce qu’il va se passer, mais il est certain qu’il va se produire beaucoup de choses. Quoi qu’il en soit avant de donner un ordre de marche à l’armée il faut déjà en constituer une, c’est ce à quoi nous nous employons.

D.R. : Combien êtes-vous ? Votre mouvement a-t’il un lien avec l’Action française ?

F.R. : Nous sommes quelques centaines en France mais je peux te dire que la France et notre combat sont très regardés dans le monde. L’Action Française est dans l’erreur, elle désire une monarchie constitutionnelle, nous la voulons absolue. De plus ils sont orléanistes et leur prétendant a voté la mort du Roi. Leur royalisme est mâtiné de républicanisme, ce n’est pas la pure doctrine royaliste.

            Après avoir lu ces questions/réponses, il est évidemment important de porter sur cette interview un regard critique. Je vous invite à faire des recherches par vous-même sur les références historiques, les personnages et les évènements évoqués afin de vous en faire une idée précise. Si je publie cette interview ce n’est pas pour offrir une tribune au royalisme, c’est pour sa valeur documentaire plus qu’idéologique. On ne lutte pas contre les réactionnaires en les ignorant, au contraire il faut confronter nos idées aux leurs. Chacun peut se faire son idée de ce qui est bien ou pas, cependant il faut bien y réfléchir.

Monarchie ou République, la France s’est longtemps posé la question, elle semble aujourd’hui avoir choisi et depuis longtemps. Cependant, à la faveur d’une crise et d’une remise en question, certaines idées refont surface. Est-ce que tout était mieux avant ? Se poser cette question c’est déjà presque y répondre, mais c’est à vous de creuser. Personnellement, je pense que la nostalgie germe sur un sol sans espoir, et je me demande : comment la France pourrait-elle être grande si les Français sont malheureux ?

Pour plus de renseignements auprès de la personne interwievée : franceroyale@gmail.com / http://franceroyalelorraine.blogspot.fr/

Dahman Richter

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