J’ai testé pour vous : le Festival Court Toujours
Comme le JD 3.0 vous l’avait annoncé cette semaine, se déroulait ce weekend le festival Court Toujours organisé par le NEST Théâtre de Thionville. Ainsi, et en tant qu’habitué, je m’y rendis ce Vendredi soir, à la sortie des cours, pour voir deux représentation : Au bord du Lac et Antoinette et la Révolution.
Le festival s’ouvrait donc pour moi à 18H30, avec Au bord du Lac dans la salle du Théâtre en Bois, spectacle mêlant danse et musique, créé et interprété par Régis Laroche, comédien permanent du NEST qui nous avait déjà gratifié de Rose lors de la précédente édition, accompagné d’Aurélien Richard au piano. Le premier incarne son propre rôle, comédien accomplissant son rêve de gosse, enfilant un tutu et dansant sur la mélodie du second, ayant toujours rêvé de devenir chorégraphe.
Sur fond de citation de Tchaïkovski, Régis Laroche nous partage son enfance et ses angoisses : le comédien né en 1970 à dû grandir avec les mœurs de son époque et les moqueries de ses camarades lorsque celui-ci évoquait la danse mais aussi supporter la déception dans les yeux de son père.
Cependant, son introspection ne fût pas uniquement tristesse et désespoir mais aussi les moments de bonheur partagé avec sa mère, notamment pour sa première fois au théâtre avec elle à l’occasion d’une représentation du Lac des Cygnes de ce même Tchaïkovski, dont l’impact se fait ressentir tout au long de la pièce.
En bref, une création émouvante et esthétique d’un comédien se livrant à travers sa seconde pièce comme il avait pu le faire dans Les Imposteurs l’année passée, un petit bijoux d’à peine une demi-heure parfait pour ouvrir un festival. Seul bémol que l’on pourrait reprocher, le manque de cohérence avec le fil rouge des Échoués du Numérique.
A peine le temps de sortir de la salle et de noter mes ressentis que me voila déjà à faire la queue pour le second spectacle, c’est ça l’esprit Court Toujours : une succession rapide de spectacles courts à des intervalles offrant la possibilité de tout voir et de peu attendre.
Le second spectacle commençait donc à 19H15 et avait lieu dans la Tréfilerie, petite salle aménagée à l’occasion du festival. Antoinette et la Révolution, la création mise en scène et interprétée par Philippe Lardaux s’inscrivait, elle, beaucoup plus dans le thème du fil rouge du festival. Incarnant la docteur en sciences juridiques, chercheuse au FNRS belge et conférencière Antoinette Rouvroy, Philippe Lardaux rentre complètement dans le personnage jusqu’aux bottines à talons et à l’écharpe bleue sur la veste de costume.
Cependant, son monologue de près de 30 minutes possède une portée plus profonde que le désir de mimétisme d’une femme remarquable : le comédien choisi minutieusement les extraits à interpréter pour nous faire parvenir l’essentiel du message du travail d’Antoinette Rouvroy sur la révolution numérique et ses répercussions.
Et ce message nous révèle un monde futur proche de la dystopie : la révolution numérique se met au service du libéral, se met au présent oui car ce futur est, en réalité, déjà en marche, la société se numérise et l’intelligence artificielle gouverne. L’histoire avec un grand H et le futur seront les seuls domaine échappant aux algorithmes de l’époque de la gouvernementalité algorithmique.
En bref, une très bonne expérience au sein du rarement décevant Théâtre NEST offrant une fois de plus un programme varié et efficace, mobilisant le cœur et le cerveau, les émotions et l’esprit.
Pour aller plus loin :
Tanguy M.