La marchande au grand cœur
Sylvie, soixantenaire, se dévoue corps et âme pour gérer sa petite association rombasienne : l’Argus.
Odeur de tabac froid et de café bouillu, le grand local aux murs gris est une ancienne grande surface, un super U perdu. Les portes s’ouvrent, laissant désormais apparaître cet endroit accueillant, l’Argus, véritable caverne d’Ali Baba de Rombas.
L’engagement dans les gènes
Des cheveux remontés en un chignon défait laissant apparaître des racines grisées, c’est à cela qu’on la reconnaît, avec sa canne aux motifs écossais.
Perdue au milieu des caisses de bananes, des verreries, des habits, des vieilleries mélangées aux jeux des plus petits, elle en impose, Sylvie.
“Elle aime jouer à la marchande” ce n’est ni un choix ni une obligation : c’est sa vocation. “C’est dans ses gènes” déclare Marie-Paule, son amie d’enfance, autrefois présidente de l’association. Ces deux-là se connaissent depuis toujours. La complice de Sylvie est la source de son engagement. Inséparables, on ne les voit jamais l’une sans l’autre, elles sont comme les deux doigts de la main.
Brut de décoffrage…
Sous son masque fermé et fatigué, se cache une grande sensibilité : elle est née pour aider. Le bonheur des autres est son bonheur. “Le lien social il n’y a rien de plus important”, cela doit lui venir de son ancien métier d’éducatrice.
Altruiste et humaniste, malgré son dos voûté et sa santé fragilisée, elle se bat pour que tout aille bien, telle une grande sœur.
Sylvie, souriante au milieu de ses verreries.
Dans les coulisses de l’Argus
Des bénévoles triant à répétitions, des hommes déchargeant des cartons, tous écoutent la patronne.
C’est alors avec détermination et patience, que dans son gilet usé, Sylvie dirige cette grande communauté : l’Argus. Ici, tout le monde se connaît : tasse de thé ou de café, cigarettes et connivence, c’est la bonne humeur !
Cette association, perdurant depuis plusieurs générations, n’a qu’un seul but : aider, donner une seconde vie à toutes ces vieilleries.
La boutique est ouverte toutes les semaines, pendant deux jours et demi. Les gains obtenus sont utilisés à pleins de profits : Resto du cœur, écoles, club de sport, cette association agit même jusqu’en Afrique; en effet, tous ceux qui sont dans le besoin ont le droit d’être secourus, soutenus, aidés, aimés.
Cette association compte plus de vingt bénévoles, tous dévoués et engagés. Sylvie s’assure que le courant passe toujours bien entre chacun d’entre eux. “ça fait un groupe plutôt positif”. “On est 25/30, moi je ne suis qu’un gugus là-dedans” précise-t-elle, humblement.
C’est alors dans cette ambiance chaleureuse que Sylvie et ses amis, sous le coup de midi, se rejoignent dans la petite cuisine du bâtiment. Ils partagent quelques tranches de saucissons et de pâté, tout en plaisantant et en se racontant leur matinée. A l’Argus, on ne badine pas avec la bonne chair.
Romane T et Elsa S