Le Jeu de l’Amour et du Hasard au Nest : l’esthétisme pour mettre en avant le cloisonnement social
Le Mercredi 6 Novembre, la plus célèbre comédie de Marivaux se jouait au Nest Théâtre ! Cependant, comme à leur habitude, ce n’était pas seulement la pièce originale qui était jouée en costume d’époque mais une version plus contemporaine de la pièce. Malgré cela, le metteur en scène, Laurent Delvert, a tenu à respecter le texte de Marivaux et laisser les dialogues d’époque dans des décors modernes.
Ainsi, le Jeu de l’Amour et du Hasard (1730), nous compte l’histoire de Silvia, jeune promise décidant de se dissimuler sous les traits de sa servante afin d’observer celui à qui elle se destine, Dorante. Cependant, Dorante, refusant également de se marier à une inconnue, a la même idée et vient sous le nom de son valet.
Dans un décor de loft moderne accueillant un aquarium en son centre, l’intrigue va se nouer autour du père, seul personnage avec Mario, le frère de Silvia, a connaître les tenants de l’affaire. Grâce à une mise en scène soignée jusqu’au moindre détail la pièce reste dynamique sur toute la durée d’une heure quarante-cinq. En effet, la virtuosité de cette version actuelle de la pièce de Marivaux repose dans l’adaptation moderne de l’oeuvre du 18ème siècle, sans dénaturer le texte, les coutumes, et les mœurs de l’époque. Le spectateur se sent immergé dans une bulle temporaire, un retour aux amourettes de la Renaissance ou l’on se vouvoie et l’on s’aime avec discrétion lorsque notre condition ne nous le permet pas.
L’amour impossible mais aussi la peur d’un mariage contraignant, sans sentiments planera autour de Silvia et Dorante, chacun pensant s’énamourer d’un valet, redoutant la pression familiale. Ainsi, si Silvia repoussera celui qu’elle croyait être un valet, Dorante, lui, sera près à tout sacrifier pour la suivante qu’il trouve si distinguée. Porté par Jean-Marie Frin sublimant le rôle de Mr. Orgon, la pièce de Laurent Delvert nous révèle de jeunes comédiens promis à un avenir certains. Seul bémol, le jeu parfois lourd, rigide, de Sophie Mousel dans le rôle de Silvia, frappant sur ses cuisses, tapant des pieds en permanence, pour marquer son indignation, son exaspération, sa tristesse, …
Un spectacle lourd en émotion devant un public de la grande salle du Théâtre de Thionville conquis par cette mise en scène contemporaine remarquable, c’est le résultats de la représentation du Jeu de l’Amour et du Hasard au Nest Théâtre qui a mis le sens de l’esthétisme moderne, avec ce loft axé autour d’un aquarium, pour démontrer le carcan des cloisons sociales.
Tanguy M.