« Le lac aux oies sauvages » : entre polar noir et romantisme.

Lors de la 72ème cérémonie du festival de Cannes, « le lac aux oies sauvages » retient l’attention de Quentin Tarantino. A juste titre puisque le 25 décembre 2019, Diao Yi’nan offre un polar obscur haletant à la mise en scène remarquable.

 

La traque du chef de gang qu’est Zhou Zenong retrace les durs aspects d’un milieu asiatique frappé par les inégalités socio-spatiales s’en remettant au sang et au crime.  La dimension picturale du film sert le propos de fond traitant des relations sociales en mettant en relation criminalité et précarité. Ainsi, Diao Yi’nan dresse des tableaux à travers des plans d’ensemble reconstituant des lieux et personnages marquants de manière très romancée et émotionnelle dans une chine parfois déchirée.

Bien que la narration soit très prenante, le film s’attarde parfois sur quelques longueurs qui peuvent être atténuées par sa dimension très onirique et contemplative. En effet, le plus plaisant est la véritable claque visuelle qui oscille entre esthétique des années 40/50 et cinéma hongkongais des années 90 à la wong kar wai. Avec une colorimétrie très travaillée sur les couleurs et les contrastes, le film se plonge dans une atmosphère magnifique à travers des jeux de lumière et d’ombre qui varient à chaque scène. Chacune d’elles possède alors sa singularité et créée une fresque d’émotions visuelles remarquables.

De Par ces procédés, Diao Yi’nan concilie délicatesse et bestialité, en sachant conjoindre intrigue et esthétique créant une véritable identité visuelle faisant parfois référence à des classiques du cinéma. Par exemple la référence à l’excellent « rebels of the Neon God » Tsai-Ming-Lian. (1998)

Ou encore l’irremplaçable « The lady from Shangai » (1947) d’Orson Welles à travers un jeu de perspectives dans des miroirs.

 

Également la mise en relation d’une scène emblématique de la filmographie de wong-kar wai dans « Fallen Angels ». (1995)

 

Et finalement, une des nombreuses scènes cultes de « old boy » (2013) du très talentueux Park Chan Wook.

Le processus de création de Diao Yi’nan a alors grandement influencé par ses visionnages à tel point qu’il donne un nouveau visage à certaines scènes désormais cultes de l’histoire du cinéma. Les siennes ont du potentiel pour le devenir également compte tenu de son univers visuel marquant potentiellement l’avenir du cinéma chinois ; à travers des mouvements de caméras toujours plus inventifs, et dotés d’une mise en scène et une réalisation unique.

 

Cédric Rossi.

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