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Col de Menufosse : 3. Description

Le Col de Menufosse (966m) donne accès à la Chaume de la Piquante Pierre ainsi qu'à deux points culminants : la Piquante Pierre (1008m) et les Roches Saint-Jacques (1024m).

La Piquante Pierre est un éperon de granite des Crêtes (fig.3 et 4) qui s'avance vers l'ouest (localisation et accès voir fig.2). Pour une description de ce granite, voir la fiche Granite des Crêtes sur ce site.

Le col et les sommets environnants sont un haut-lieu de la résistance à l'occupant pendant la seconde guerre mondiale. Un monument commémoratif  dressé au sommet de l'éperon rappelle à la mémoire les noms des 83 résistants FFI et civils fusillés ou tués lors des âpres combats de septembre 1944 (fig.5).

L'éperon offre un beau point de vue vers l'ouest sur la Vallée de la Moselotte (fig.6) et les sommets ou collines environnants. La vallée entaille essentiellement des terrains granitiques (Granite de Remiremont, Granite Central Vosgien = ex-Granite fondamental) qui forment les versants autour de Vagney, au pied de la Piquante Pierre (fig.3 et 6). Plus au loin, là où la Moselotte rejoint la Moselle à Remiremont, marqués par une rupture de pente, les premiers entablements de grès triasiques couronnant les granites, forment des sommets aplanis, qui se devinent vers le nord, au dessus du Saint Mont (forêt du Grand Fossard - fig.6 légendée).

Fig. 3: La Piquante-Pierre, un éperon de Granite des Crêtes.

Fig. 4: Le Granite des Crêtes pauvre en quartz mais à gros cristaux de microcline, constitue l'éperon de la Piquante Pierre.

Fig. 5: Le monument dressé à la mémoire des combattants FFI et des civils fusillés ou tombés lors des combats des 16, 20 et 21 septembre 1944.

Fig. 6: Point de vue vers l'ouest-nord-ouest, Vagney et la vallée de la Moselotte, puis au loin, Remiremont (Saint-Amé) avec le Saint-Mont comme sentinelle au débouché de la vallée de la Moselotte (cliquer sur l'image pour obtenir une légende).

L'éperon de la Piquante Pierre offre également un très beau panorama vers les crêtes vosgiennes  si le regard se trourne vers l'est ou le sud-est (Fig.7 et 8)

Fig. 7: Point de vue vers le sud-est (11 Janvier 2021). L'éperon enneigé du Rothenbachkopf est bien visible.

Fig. 8: Point de vue vers l'est-sud-est (Janvier 2021).

Les Roches Saint-Jacques (localisation voir fig.1 et 2) constituent un vaste plateau en arc de cercle qui culmine à 1008 m. Complètement boisées, elles n'offrent pas de point de vue intéressant mais par contre de remarquables affleurements de Conglomérat Principal (fig.9, 10, 11), poudingue du Buntsandstein (Trias Inférieur). Le Grès Vosgien est visible lui aussi par endroit en gros blocs le long du chemin qui mène aux Roches. Pour une description de ces faciès ainsi qu'une reconstitution de l'environnement géologique lors de leurs dépôts voir entre-autres sur ce site (Château de Pierre-percée ou Conglomérat Principal Route d'Archettes ou La Roche du Diable à Abreschviller ou Maisons des Rochers de Graufthal).

Fig. 9: Les Roches Saint-Jacques. une falaise d'une dizaine de mètres.

Fig.10: Le Conglomérat Principal aux Roches Saint-Jacques.

Fig. 11: Les entablements formés par le conglomérat imperméable.

Les roches Saint-Jacques dominent d'une trentaine de mètres le vaste (17 ha) site Natura 2000 de la tourbière bombée du Champâtre (fig.12 ; Tourbière du Champâtre). Pour une explication plus complète de ce qu'est une tourbière (en particulier "bombée") voir sur ce site la fiche sur la Tourbière de Machais. Cette dernière occupe une petite dépression (5,4 ha) glaciaire creusée dans le Grès Vosgien. La tourbière a été exploitée et bombardée en 1944 mais reste un site remarquable. Elle est en grande partie occupée par des éricacées et par des arbres pionniers que sont les bouleaux mais garde des poches d'eau libre ("gouilles"). On y trouve plusieurs espèces végétales rares et protégées (Rossolis à feuilles rondes, Laiche des bourbiers, Andromède et Scheuchzérie des marais) ainsi que des Insectes des milieux froids relictuels comme le papillon Nacré de la canneberge ou les libellules Aeschne subarctique et Cordulie arctique.

Fig. 12: La Tourbière bombée du Champâtre.

A noter, sur la gauche juste avant d'arriver au col de Menufosse, l'existence d'une carrière abandonnée ouverte au niveau d'une zone faillée, diaclasée et fortement altérée qui marque la limite entre le Granite des Crêtes et le Granite de Thiéfosse (ou de Noire-Goutte) alcalin, à grain fin et intrusif dans celui des Crêtes (fig.13).

Fig. 13: Carrière du Col de Menufosse (Granite des Crêtes à gauche, Granite de Thiéfosse à droite)

D'autres carrières abandonnées ouvertes dans le Granite des Crêtes, cette fois-ci sain et non altéré, sont accessibles depuis Presles mais sur l'autre versant de la Vallée. Il faut alors gravir le Col des Hayes (prononcez Col des Hâ ; voir localisation fig.1) qui relie Presles à Saulxures-sur-Moselotte ; les carrières se situent à proximité du col de part et d'autre de la route. De gros blocs de Granite des Crêtes débités y attendent encore un éventuel enlèvement...


Auteurs : Philippe MARTIN - Didier ZANY - Date de création : 21/09/2020 - Dernière modification : 30/03/2024

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