Le front de taille est visible de part et d'autre de la route sur 200 m (fig.2). La falaise à droite en remontant semble, de part son exposition au soleil, la plus intéressante et surtout la plus accessible et la moins altérée.

Fig. 2 : Vue d'ensemble de la tranchée

Attention, le front de taille mesure par endroits plus de 10m. Il est fortement instable (diaclasé, altéré et gélifracté... ) et des éboulements peuvent avoir lieu à tout moment, surtout au printemps lors des cycles gel-dégel.

Le port d'un casque est obligatoire pour qui voudrait s'approcher des falaises.

Au bas de la coupe, la tranchée débute dans la partie sommitale des Calcaires à Polypiers Supérieurs (puissance totale estimée à 15 à 20 m) terminant le Bajocien Inférieur (fig.3) puis se poursuit dans toute l'épaisseur des Marnes de Longwy (puissance 10 à 15 m) datées du début du Bajocien Supérieur.

Des fragments de calcaires apparentés à l'Oolithe Miliaire Inférieure (ou Bâlin) peuvent être reconnus dans le talus tout en haut de la coupe.

Fig. 3 : Place de la coupe formée par la tranchée replacée dans la colonne stratigraphique (données chiffrées = âges en millions d'années - © BRGM).

Les Calcaires à Polypiers Supérieurs (fig.4a) forment des masses compactes plurimétriques en forme de dômes ; la formation est recristallisée mais on y observe néanmoins des structures coralliennes branchues (fig.4b). Des passées oolithiques et bioclastiques ou des calcaires massifs comblent les espaces entre les dômes.

Fig. 4 a et b : Masse des polypiers supérieurs et photo de détail montrant les structures branchues recristallisées

Un banc calcaire assez massif présente une surface durcie au sommet de la série des polypiers (fig.5) ; il est fortement bioturbé et montre des traces d'oxydation qui traduisent un arrêt de sédimentation.

Fig. 5 : Surface durcie et taraudée au sommet des polypiers supérieurs

Les Marnes de Longwy (fig.6) reposent sur les polypiers supérieurs. Elles sont constituées de bancs marno-calcaires ocre à gris, peu cohérents (bioturbation) à passées oolitiques ou à gros oncoïdes, riches en macrofossiles benthiques : moules internes de bivalves (g. Pholadomya notamment), oursins, brachiopodes, spongiaires,...

Fig. 6 : La masse des Marnes de Longwy

Dans la coupe, on s'attardera en particulier en remontant :

- sur plusieurs diaclases verticales (fig.7) qui affectent la masse des polypiers supérieurs,

Fig. 7 : Diaclase fracrurant la masse des polypiers supérieurs

- sur une dalle calcaire dans le massif des polypiers supérieurs sur laquelle il sera possible de mesurer des pendages (fig.8),

Fig. 8 : Dalle calcaire mettant en évidence le pendage des couches

- et sur les nombreux faciès calcaires : oolithiques, à oncoïdes (fig.9a et b), à polypiers, francs, marneux, lumachelles ...

Fig. 9 a et b : Passées à oncoïdes dans les Marnes de Longwy

Des empreintes (surtout des moulages internes) ou des fossiles entiers et dégagés (fig.10) peuvent être ramassés dans les éboulis au pied des falaises.

Fig. 10 : Echantillon de fossiles ramassés au pied de l'affleurement des Marnes de Longwy

Ils sont intéressants pour déterminer le milieu de dépôt (plateforme carbonatée, l'énergie du milieu...).

Le Calcaire à Polypiers Supérieurs constitue le dernier épisode de constructions récifales de la plate-forme carbonatée installée à l'emplacement de la Lorraine au Bajocien Inférieur. L'analyse des coraux qui constituent les colonies de cette formation sur un autre site, à Viterne (cf. fiche correspondante), indique une très faible profondeur et un éclairement maximal (Lathuilière et al. 2003).

La surface d'arrêt de sédimentation qui sépare Calcaire à Polypiers Supérieurs et Marnes de Longwy, correspond à la Discontinuité Vésulienne reconnue en Lorraine, en Bourgogne et plus largement en Europe de l'Ouest (Lathuilière et al. 2003).

La formation des Marnes de Longwy marque un ennoyage généralisé de la plate-forme carbonatée au début du Bajocien Supérieur (Lathuilière et al. 2003). La sédimentation est dominée par l'activité microbienne à l'origine de la formation d'oncoïdes, grains à cortex en partie algaire et en partie construit par un foraminifère encroûtant du genre Nubecularia. Par ailleurs, le macrofossile le plus abondant est le bivalve fouisseur Homomya gibbosa. De telles formations (Oolithe cannabine, Oolithe à Clypeus ploti) interrompent régulièrement la production carbonatée récifale ou oolithique tout au long du Bajocien.

Bibliographie

LATHUILIERE B., CARPENTIER C., ANDRE G., DAGALLIER G., DURAND M., HANZO M., HUAULT V., HARMAND D., HIBSCH C., LE ROUX J., MALARTRE F., MARTIN-GARIN B. et NORI L. (2003) - Production carbonatée dans le Jurassique de Lorraine. 20-21-22 septembre; livret de terrain excursion - G2R/CG54/Groupe Français d'Etude du Jurassique.

Voir aussi la contribution ORAGE (Observatoire Régional des Affleurements GEologiques) :
WOLFRAM A., CARPENTIER C. et LATHUILIERE B., Rouvres-la-Chétive, carrière SCRDE, Contribution ORAGE originale à la Banque de données du sous-sol n°9.

Fig. 11 : Un Ophrys apifera (Pelouse de Cuvegney Rollainville Juillet 2013)

La commune de Rollainville abrite également la plus importante pelouse calcaire sèche des Vosges. La pelouse de Cuvegney qui domine la commune est gérée par le Conservatoire d'espaces naturels de Lorraine. On y observera une flore et une faune très riches et variées avec entre autres: les Ophrys apifera (ophrys abeille)(fig.11) et fuciflora (ophrys bourdon), Gymnadenia conopsea (l'orchis moucheron), Platanthera bifolia (l'orchis à 2 feuilles), Anacamptis pyramidalis (l'orchis pyramidal) et Linum tenuifolium (le lin à feuilles étroites), ...