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Terrasse alluviale de la Sarre : 3. Description

1) La basse terrasse de la Sarre à Harskirchen.

La butte formée par l'Auberg (de Au et Berg = mont dans la prairie humide) a été exploitée pour ses sables dans toute sa partie sommitale. En témoignent les excavations encore visibles et des chemins ruraux "en relief". La carrière principale, jadis accessible par la route (versant sud), à présent abandonnée, présentait un front d'une dizaine de mètres de hauteur. La carrière actuelle occupe le flanc nord de la butte.

Flanc nord de l'Auberg. Au premier plan, le lit majeur de la Sarre ; à l'arrière, la butte coiffée par la terrasse alluviale. Le chemin d'accès à la sablière court sur le rebord de l'escarpement (altitude 225m). La carrière actuelle se situe sur la droite ( partie non visible sur la photographie). Au fond, le rideau de végétation marque la forme de la butte avant l'exploitation. Des petites excavations existent également par endroits, sous le chemin.

La carrière actuellement encore utilisée (usage réservé aux habitants de la commune) est de taille relativement modeste. L'état du front d'exploitation est susceptible d'évoluer (attention au risque d'effondrement). Les roches présentes sont essentiellement des sables de couleur jaunâtre à rouille et par endroits, des niveaux d'argilites claires très collantes.

Détail du front d'exploitation (2011) : sur une hauteur de 80 cm, plusieurs unités successives séparées par des lits de galets qui soulignent une surface d'érosion et une reprise de la sédimentation. Le banc de sable dans la moitié inférieure de l'image présente un litage oblique très marqué. Il est formé de plusieurs faisceaux entrecroisés.

A proximité immédiate du site précédent et à un niveau plus élevé, un autre type de stratification : les bancs sont majoritairement plans avec des lits horizontaux ou faiblement inclinés. On note, dans la partie centrale et à droite, des lamines renfermant des grains d'aspect charbonneux (Il s'agit vraisemblablement de particules d'oxyde de manganèse. Ce dernier est courant dans les grès du Buntsandtein qui sont à l'origine des sables). Dans le haut, une surface à tracé contourné sépare un sable clair d'un niveau brun-roux. Les diverses couleurs des sables sont attribuées à des phénomènes de lessivage et d'altération.

Si la base de la terrasse n'est actuellement pas visible sur ce site, ni dans l'ancienne grande sablière abandonnée, une observation faite dans le vallon du Naubach qui recoupe transversalement la terrasse, permet de préciser le contexte géologique.

Coupe temporaire en rive droite du Naubach, à l'occasion de travaux de terrassement. Altitude : environ 220 mètres. A la base du fossé partiellement comblé, apparaît le substratum sous forme de marnes argileuses grises appartenant aux formations du Keuper inférieur. Les blocs de calcaire dolomitique sur le lit de sable rapporté (chantier) appartiennent à cet ensemble qui ne figure pas sur la carte géologique en raison vraisemblablement de sa faible extension. Au-dessus de ce substrat raclé par la pelleteuse (marques sous forme de trainées grises), la base de la terrasse alluviale est constituée par un gravier à galets de quartz et de quartzite noyés dans un matériel sablo-argileux.

Depuis le rebord de la terrasse, vue vers le nord sur le lit majeur de la Sarre. Au premier plan, le chemin d'accès à la sablière depuis le chemin de la Honau, les bâtiments visibles sur la droite appartiennent au Moulin de la Honau. Depuis ce site, la Sarre rejoint actuellement la bordure de la forêt visible au fond (Steinwald). Les terrains appartenant à la présente terrasse de l'Auberg y ont été cartographiés (Harmand D. 2007).

Remarque: le premier cliché de la page a été réalisé en contre-champ depuis le chemin de la Honau qu'on devine à proximité du bâtiment. Le dénivelé entre la paléo-terrasse et le lit récent avoisine les 8 mètres ; cette terrasse est qualifiée de basse-terrasse et sera appelée "T2" par la suite.

2) Le lit majeur, les alluvions du fond de vallée.

A l'aval de Sarre-Union, la Sarre coule dans une vaste étendue plane, la Honau (de hohe Au = la prairie humide haute) qui forme le lit majeur actuel. Celui-ci occupe une bande de terrain large de un kilomètre en moyenne et longue d'environ 10 km, jusqu'à Herbitzheim. Entre Sarralbe et cette dernière localité la plaine porte le nom de Niederau. Ce paysage inhabituel en Alsace Bossue, dominée par les croupes et les vallons, constitue par ailleurs un milieu d'une grande valeur biologique (site Natura 2000).

Vue partielle sur la Honau depuis la digue du Canal de la Sarre (piste cyclable). Du centre de la photo et vers la droite, la basse terrasse T2 et le village de Harskirchen masqués par un rideau d'arbres. Les hauteurs situées à l'horizon, dans la partie gauche du cliché, appartiennent à la rive droite de la Sarre. Le tracé de la rivière suit une ligne légèrement oblique passant entre ces deux unités et se dirige vers le rebord gauche du document. Des forages ont été pratiqués dans cette plaine en vue de la recherche de sel (gisement de sel de Sarralbe) au siècle dernier.

Le paysage du lit majeur parfaitement plane est localement marqué par des dépressions, anciens bras de méandres abandonnés, comme ici en rive droite, à proximité du village de Schopperten (Herbstweide). Un fossé aménagé dans ce bras draine les eaux en direction de la Sarre dont le tracé est souligné par une ligne d'arbres. On devine au fond à droite, la forêt du Steinwald où affleure la terrasse T2, le tout en pente douce en direction de la rivière, alors qu'à l'opposé, à gauche, la rive présente une pente plus accentuée près de Bissert.

D'autres affleurements de la terrasse T2, situés en aval du site de Harskirchen, sont décrits en Annexe 1.

 


Auteur : Etienne FEUCHTER - Date de création : 07/11/2010

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