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Synclinal de Landroff : 3. Description

Remarque : Le site décrit ici est intégré dans le circuit "Synclinaux et anticlinaux en Moselle - Déformations de la couverture sédimentaire secondaire".

1. Les plateaux isolés du synclinal de Landroff

Le synclinal de Landroff est découpé par l'érosion en une série de reliefs sub-tabulaires séparés par des vallées plus ou moins larges (cf carte topographique). La Départementale D20 ou la route parallèle D78/D22e plus à l'est menant depuis le secteur sud de Faulquemont à Harprich aborde une telle structure au prix de quelques courbes ou lacets, en forêt. Ainsi apparait une caractéristique fondamentale du synclinal : il s'agit d'un  synclinal perché qui présente un rebord (coteau) formant une cuesta. Au sein de la structure synclinale, les pentes sont par contre modérées. Des croupes modestes succèdent à des vallées peu profondes. Des zones de cultures offrent suivant la saison un aperçu sur la nature des terrains (colorations brunes à grises) alternent avec des forêts. Les affleurements sont rares.

La base du plateau

Un témoin inattendu de la disposition des terrains se situe au niveau du Centre de stockage de déchets ultimes de Téting, en bordure nord de la structure synclinale. (altitude 260 mètres).

Photo d'archive 2009 Ecole de Créhange. Le cliché est pris vers l'ouest. Le casier d'enfouissement creusé dans les Marnes irisées inférieures (ancienne exploitation d'argiles) montre les composantes du pendage des couches dans les 3 dimensions. Sur le flanc droit, on observe un pendage vers l'ouest (cas général dans la partie orientale du bassin parisien). La paroi ouest (fond du casier) présente un pendage orienté ici vers le sud qui correspond à l'allure des strates sur le flanc nord du synclinal de Landroff. A l'heure actuelle, ce casier est en phase de remplissage.  

Les paysages sont peu caractéristiques : succession de bosses et creux. Au long de la route en ligne droite, les rares parkings sont situés à proximité d'un bois qui bouche la vue... Les affleurements font défaut : les talus routiers, les fossés sont végétalisés, seule la couleur des champs labourés indique le changement de terrain.

Un aperçu sur le coeur du synclinal

Après Viller-Nébing, la D78 amorce la descente sur Harprich. Arrêt possible sur le bas-côté.

Cliquer pour voir la nature géologique des terrains

Vue vers l'ouest depuis les hauteurs au nord de Harprich (proximité d'un parking au bord de la RD 78 ). Une des particularités de ce synclinal "nord" est sa fragmentation en unités tabulaires séparées par de vastes dépressions transversales. Ainsi, la plaine légèrement en creux (étang de la Mutche visible sur le bord gauche) où se mêlent zones cultivées et forêt, sépare l'unité de Landroff - du rebord de laquelle la photo est prise -  d'une unité occidentale occupée par la forêt domaniale de Serres. Les deux buttes trapézoïdales qui constituent cette dernière sont traversées par un val (ruisseau d'Outremont) emprunté par la ligne LGV. A l'horizon se profile le sommet de la butte de Delme. Enfin, sur la droite du cliché, le  Bois de la Bosse prolonge le rebord du synclinal de Landroff vers l'ouest. Les mâts appartiennent au parc éolien de Suisse.

Clic sur la photoGéologie des buttes. Elles sont formées de terrains appartenant au Rhétien et coiffées des premiers termes du Lias. Elles forment un relief de côte sur leur environnement proche constitué de terrains keupériens.

2. les vallées  transversales : la plaine du Bischwald

Les mardelles

Le tracé plus ou moins sinueux du synclinal de Landroff est affecté d'ondulations secondaires, longitudinales et transversales plus ou moins modelées par l'érosion (Notice carte de Saint Avold).

Entre les unités - plateau de Landroff et plateau de Lixing-les-Saint-Avold/ Vahl-Ebersing - s'étend un vaste couloir de Keuper moyen à couverture de limons argileux de couleur rouille (origine éolienne en partie et altération des terrains sous-jacents). Le paysage relativement plat est parsemé d'une multitude de dépressions circulaires appelées mardelles.
Ce secteur au nord de Grostenquin en compte environ deux centaines. Bien visibles sur les photos aériennes, elles existent aussi bien dans les espaces cultivés (même si elles ont tendance à être comblées) qu'en milieu forestier. A Guessling-Hémering, un sentier destiné à la découverte des mardelles a été aménagé (rappel : un sentier des mardelles existe également à Sarralbe dans un contexte géologique offrant quelques analogies).

Les images suivantes montrent quelques-unes de ces mardelles photographiées à proximité d'un axe de circulation.

Diversité de formes

Cliché 1. Mardelle en milieu ouvert, au nord de Grostenquin. Au plan moyen, on voit une dépression circulaire d'une dizaine de mètres de diamètre et d'un demi-mètre de profondeur,  à fond concave, bordée par un "mur" en partie érodé par le piétinnement dû au bétail. La présence éventuelle d'eau de pluie constitue un abreuvoir naturel temporaire et assure sa perennité à l'intérieur de ce paturage.

 


Cliché 2. A proximité de la précédente, cette mardelle des champs a été colonisée par des végétaux hygrophiles et en particulier des saules et des aulnes. A ce titre, les mardelles constituent des mileux refuges pour la biodiversité et assurent une trame verte entre les milieux humides.

Cliché 3. Mardelle forestière en bordure sud du bois de Guessling (Bigenwald). Les mardelles forestières sont souvent moins sujettes à l'assèchement que leurs homologues en milieu ouvert. Les litières accumulées ont tendance à se conserver en partie (milieu anaérobie). De ce fait, elles constituent des archives polliniques au même titre que les tourbières. De telles archives ont été étudiées (voir bibliographie).

Cliché 4. Mardelle près de Bérig. Visible depuis la RD 76, elle offre un aspect inédit. L'absence de végétation notable, les parois abruptes semblent témoigner en faveur d'une formation "récente". On notera la présence de terriers dans les flancs meubles de la formation.


Origine des mardelles du Bischwald

Le sujet a fait depuis un siècle l'objet de nombreuses discussions entre les partisans d'une origine naturelle et les tenants d'une origine humaine.

Pour ce qui est des mardelles de ce secteur, une étude récente (Knochel 2015*) admet qu' un consensus prévaut pour une formation par dissolution de roches en profondeur. De manière générale, les terrains du sous-sol local sont constitués de marnes parmi lesquelles, à une profondeur plus ou moins importante et sous couverture de limons, se trouvent les Argiles de Chanville.  Au  toit  de cette formation, le gypse peut se présenter sous forme de bancs pluridécimétriques, de lentilles ou d’amas diffus. Les opérations de sondage et de prospection géophysique ont mis  en  évidence  des  vides  pluridécimétriques  à  métriques  à  des  faibles profondeurs et en profondeur, avec des alternances de terrains durs et mous**. Certains de ces niveaux ont parfois été exploités ponctuellement (lieux-dits : gypsières et leurs variantes). L'absence de déblais en périphérie des mardelles (stériles), de rampe d'accès à la dépression font penser à une soustraction naturelle du gypse par dissolution. Les mardelles situées sur les revers de plateau ou sur les pentes peuvent se trouver à l'applomb de circulations souterraines d'eaux infiltrées qui dissolvent le gypse. Des cavités se forment, le toit finit par céder, en surface se forme un cratère d'effondrement. Le phénomène est observable dans le bassin salifère près d'Haraucourt suite aux dissolutions de sel gemme obtenues par pompage. Avec le temps, les flancs des cratères s'érodent leur donnant des formes plus adoucies. Que certaines mardelles aient trouvé une utilisation au cours des âges parait tout à fait normal (restes de bois partiellement brûlés, objets divers...).

Des recherches effectuées sur les mardelles situées sur le tracé de la LGV-est ont amené leur auteur*** à des conclusions quelque peu différentes. Principalement, pour les mardelles situées sur les Marnes irisées inférieures, l'origine parait être humaine. Elles correspondraient à des  cavités d'extraction de marnes destinées à amender les terrains lessivés et acides (limons) en apportant des compléments en carbonates et phosphore. Cette exploitation aurait débuté au 2ème âge du fer (2800 BP).

Quoi qu'il en soit, ces milieux, tout comme les étangs médiévaux établis dans la région du Plateau lorrain renferment une réelle biodiversité  qui vient d'être reconnue par certains organismes.

Extrait du log chronostratigraphique :

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L'origine de la structure décrite ici est développée page 3 du circuit "Synclinaux et anticlinaux en Moselle - Déformations de la couverture sédimentaire secondaire".

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Remerciements

L'auteur remercie les personnes rencontrées lors des sorties de reconnaissance qui lui ont permis l'accès aux terrains et pour les renseignements fournis.

Bibliographie

* BORS V., KNOCHEL A. (2017) Les mardelles de la plaine du Bischwald : évolution, typologie et moyens d'action ZPS FR4112000. CREN Lorraine

** GESTION DES RISQUES CAVITES SUR LA LGV EST EUROPEENNE. Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG 2014

*** Etienne, David (2011) Les mardelles intra-forestières de Lorraine : origines, archives paléo-environnementales, évolutions dynamiques et gestion conservatoire. UHP - Université Henri Poincaré

- LIVRET-GUIDE. Excursion des 7,8 et 9 juin 2007. Association Française pour l’Étude du Quaternaire

- Barth, B., Löffler, E. (1998): Mardellen im Saar-Lor-Lux-Raum. In: Mosella, Eau et Morphologies, Nr. 3-4, S. 75-94. Metz.

- ENQUETE PUBLIQUE / PLAN  DE  PREVENTION DU  RISQUE  NATUREL de « mouvements de terrain » Commune de HILSPRICH; mai 2015. Urbanisme et Prévention des Risques

- Auteurs BRGM : C. Cellini, D. Midot Rapport d’expertise : Avis sur l’origine de l’effondrement de Langatte (57).
Préconisations de traitement BRGM/RP-58739-FR Juin, 2010

- J.Roger(2007) - Carte géologique harmonisée du département de la Moselle. Rapport géologique. BRGM/RP-55492-FR, 105p., 3fig., 2tableaux, 4pi.hors-texte.


Auteur : Etienne FEUCHTER - Date de création : 15/11/2017 - Dernière modification : 30/01/2018

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Contact : Roger CHALOT (Géologie) - Christophe MARCINIAK (Réalisation)